Les errements idéologiques de Greenpeace

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Ecologie Radicale Information:

(Information de Michel Panet mardi 4 avril 2017, EXPERT du monde arabe)

 

Le 2 juin 2014 j’avais laissé sur ce blog un billet relatant la genèse du mouvement Greenpeace dans le milieu hippy de Vancouver qui avait affrété un bateau pour aller titiller l’armée américaine car le projet d’essais nucléaires souterrains en Alaska leur déplaisait.

 

Depuis, comme chacun sait, Greenpeace est la plus puissante ONG du monde avec un budget de plus de 1,3 milliard de dollars par an (chiffre officiel probablement éloigné de la réalité) et elle continue à pourfendre l’énergie nucléaire sous toutes ses formes plus par idéologie, disons fondatrice, qu’en s’appuyant sur des faits officiels et reconnus pourtant dans le monde entier.

 

L’Agence Internationale de l’Energie (IAE) publie chaque année des statistiques sur la mortalité dans le secteur de la production d’énergie électrique rapportée à 10 TWh (10 000 MWh) et les données sont éloquentes malgré le fait qu’elles englobent les accidents de la centrale nucléaire de Tchernobyl et la rupture du barrage hydroélectrique chinois de Banqiao en 1975. Je rappelle au passage que depuis bientôt 6 ans il n’y a pas encore eu de morts directement répertoriés en raison de radiations à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi et que l’IAE, s’appuyant sur des données officielles estime que le nombre de morts, essentiellement par cancers, dans la région de Tchernobyl « ne dépassera » pas 9 000.

 

L’IAE cite cette statistique au futur en considérant la probabilité de morts par cancers jusqu’au décès de toutes les personnes ayant été exposées à la contamination radioactive à la suite de l’accident de Tchernobyl provoqué, faut-il le rappeler, par une erreur humaine, comme celui de Three Miles Island d’ailleurs.

 

La rupture du barrage de Banqiao a provoqué la mort de 230 000 personnes et malgré ces deux accidents nucléaires majeurs de Tchernobyl et de Fukushima cette source d’énergie reste la plus sûre avec entre 0,2 et 1,2 morts par TWh produit, y compris les décès dûment attribués à l’accident de Tchernobyl suivie par les centrales électriques au gaz naturel.

 

L’hydroélectrique arrive donc en troisième position et le charbon est la source d’énergie la plus mortelle avec jusqu’à 32,7 morts par TWh, près de 12 fois plus « mortelle » que l’énergie nucléaire.

 

Contrairement à ce qu’affirme Greenpeace l’énergie nucléaire reste donc le moyen de production d’électricité le plus sûr au monde.

Pourquoi un tel débat revient d’actualité alors que les mouvements anti-nucléaire sont plus que jamais actifs en particulier en Europe avec l’abandon programmé de l’énergie nucléaire par l’Allemagne bientôt suivie par la Suisse, tout simplement parce que l’intoxication permanente de Greenpeace a imprégné les esprits du public mais également des décideurs à la merci de politiciens irresponsables ayant adopté les thèses erronées de Greenpeace.

Un autre évènement d’actualité est le risque de rupture du barrage de Oroville en Californie dont le volume d’eau retenu a atteint un niveau record après les dernière pluies abondantes qui ont traversé cet Etat ces dernières semaines. La Californie, pour l’exemple, veut développer les énergies propres et renouvelables et dépend pour un part non négligeable de l’hydroélectricité.

Or l’hydroélectricité, comme je l’ai fait remarquer dans un récent billet constitue la seule technologie de stockage de l’électricité par pompage d’eau au cours des heures dites de consommation creuse ou lors des pics de production induits par les énergies « vertes » intermittentes par définition, éolien et solaire. La polémique est donc relancée en Californie malgré les statistiques publiées par l’IAE.

Il faut rappeler que la rupture du barrage de Banqiao construit en 1952 peut être considérée comme une erreur humaine dans la mesure où la digue était sous-dimensionnée et ne pouvait pas faire face à des pluies inhabituelles comme celles provoquées par le typhon qui s’abattit sur la région en août 1975, de même que le barrage de Oroville n’est pas dimensionné pour supporter des pluies torrentielles comme celles que vient de connaître la Californie où 180 000 personnes viennent d’être évacuées de la région. Qu’a dit Greenpeace à ce sujet ? Rien ! Ce n’est pas du nucléaire donc cette organisation s’en lave les mains et ce qui est encore plus incroyable est que la même organisation, avec son porte-voix en la personne de Corinne Lepage, a décrété que la centrale de Fessenheim était située dans une zone à « haut » risque sismique.

 

En Californie n’y a-t-il pas de risques sismiques majeurs ? Ces fait prouvent bien que Greenpeace surfe sur sa planche idéologique anti-nucléaire surannée, une source d’énergie pourtant la seule pouvant permettre de réduire substantiellement les rejets de gaz carbonique … Vraiment du grand n’importe quoi !

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« Pour raison nucléaire garder, vive le DARI ! » par Georges Charpak.

LE MONDE | 02.06.2000 à 00h00 • Mis à jour le 02.06.2000 à 00h00 | Par
PAR GEORGES CHARPAK

Dans un futur qui, à plus ou moins long terme, est menacé du tarissement des ressources énergétiques basées sur le charbon ou le pétrole, il est normal que de grands espoirs aient été fondés sur l’énergie nucléaire. Mais la production massive de corps radioactifs artificiels qui accompagne cette forme d’énergie soulève aujourd’hui des interrogations et des inquiétudes quant aux dangers présentés par l’adoption massive de cette source d’énergie.

Le problème majeur à présent pour l’industrie nucléaire est de montrer qu’elle est capable de gérer, de façon satisfaisante pour les générations à venir, les déchets radioactifs des centrales nucléaires et de maintenir à zéro les risques de catastrophes type Tchernobyl.

Il est essentiel de prendre en compte l’irradiation à laquelle sont soumis les humains, indépendamment de l’énergie nucléaire, et c’est là qu’apparaissent les pièges.

La mesure de la radioactivité est extraordinairement sensible. On peut déceler un atome unique qui se désintègre, alors qu’il faut le poids de millions de milliards d’atomes pour émouvoir la balance la plus sensible. Cette propriété a permis à la radioactivité de féconder des sciences comme la biologie, la médecine, l’archéologie, en les dotant d’outils irremplaçables.

On peut déceler des contaminations radioactives bien plus faibles que celles qui proviennent des corps radioactifs fossiles naturels qui imprègnent notre planète et nos propres tissus, et qui font que nous baignons toujours dans un imperceptible bain de radiations. Cela n’a pas empêché la matière vivante de se développer pendant les trois derniers milliards d’années et cela ne joue aucun rôle sur notre santé.

J’ai conscience de heurter une conviction affichée par les groupes politiques qui se sont donné pour mission l’élimination de l’industrie électronucléaire. Mais la prise de conscience du niveau de radiations incontournable auquel est soumise la race humaine est indispensable pour juger de ce qui relève de la peur superstitieuse, d’une propagande intéressée, ou d’une crainte légitime des incidents ou accidents qui accompagnent l’usage de sources de rayonnements, à usage industriel ou médical.

L’irradiation de notre corps par les éléments radioactifs naturels qui sont présents dans nos tissus me semble un étalon parfait pour apprécier la nuisance de sources radioactives artificielles.

Il est puéril de s’inquiéter de tout événement ou accident qui produit une irradiation inférieure, d’autant plus que, pour un Français, cette irradiation est 10 à 30 fois plus faible que celle qui provient des sources de rayonnements naturels extérieurs à notre corps, principalement des roches, ou des rayons cosmiques qui nous tombent du ciel.

La grande variabilité est d’origine géographique. Elle est due à la répartition très inégale, dans les roches répandues sur la terre, des corps radioactifs fossiles, uranium, thorium ou potassium.

L’extrême prudence qui entoure l’industrie nucléaire a conduit les législateurs à imposer comme limite à l’impact de l’industrie électronucléaire sur les populations le tiers de l’irradiation naturelle en France. Les contaminations radioactives liées à cette industrie, qui sont en moyenne inférieures au centième de l’irradiation naturelle, donnent lieu à des débats parfois difficiles à saisir pour les citoyens. Les raisons en sont multiples : complexité des unités de mesure servant à caractériser l’importance d’une contamination, incertitudes quant aux effets des rayonnements et, enfin, passion politique.

Je propose donc, avec mon collègue Richard L. Garwin, membre de l’Académie des sciences des Etats­ Unis, d’introduire une nouvelle unité d’irradiation qui permettra aisément d’évaluer la gravité de tout incident ou accident donnant lieu à une contamination. Cette unité est le DARI (pour dose annuelle due aux radiations internes). L’irradiation de nos tissus par les corps radioactifs que nous recelons toujours étant en effet l’étalon le plus stable pour les humains.

Ces corps radioactifs sont le potassium 40 et le carbone 14. Le premier est un résidu des fournaises nucléaires stellaires qui ont produit la matière terrestre il y a plus de cinq milliards d’années. Le carbone 14 est produit par des réactions nucléaires induites dans l’air par les rayons cosmiques. Ceux­ci arrosent la terre et proviennent surtout des réactions nucléaires produites en haute atmosphère par des protons énergiques venant de la galaxie. Leur intensité croît avec l’altitude. Ils provoquent dans l’air la transmutation de l’azote en un carbone radioactif, le carbone 14, dont la vie moyenne est de cinq mille ans et qui se présente sous forme de gaz carbonique. En raison des échanges avec les êtres vivants, il imprègne les tissus corporels. C’est, avec le potassium 40, l’acteur principal de l’irradiation interne.

Pour un être humain de 70 kilos, il contribue à 4 000 désintégrations par seconde, soit 4 000 becquerels, ce qui donne avec le potassium un total de 10 000 becquerels. Mais en raison des particularités des rayonnements qu’il émet, il contribue dix fois moins à l’irradiation des tissus que le potassium.

La signification du becquerel est simple : il s’agit de l’activité d’une source dont un atome se désintègre par seconde. Nous pouvons donc l’utiliser en ayant conscience qu’il s’agit d’une radioactivité extraordinairement faible. Mais nous pouvons ignorer toutes les autres unités communément utilisées, incompréhensibles pour les non­spécialistes. Qui est familier avec le sievert, irradiation déposant 1 joule par kilogramme de tissus, pondérée par un coefficient tenant compte de la nature du rayonnement et de l’organe irradié ? Le tableau ci­dessus montre l’importance relative de quelques sources d’irradiation.

Méfions-­nous des chiffres ! Un bain dans de l’eau à 30 degrés est agréable. Un bain dans de l’eau à 90 degrés est mortel. L’effet d’une augmentation de température de 1 millième de degré est négligeable, que ce soit à 30 degrés ou à 90 degrés. Certains veulent nous terroriser en matière d’irradiation, avec l’équivalent d’une augmentation de température de 1 millième de degré !

Comparer les effets d’un incident de contamination avec ceux des corps radioactifs naturels que nous portons permet de savoir s’il a un effet significatif ou de sourire si une propagande prétend l’amplifier de façon exagérée.

Si nous devions prêter attention aux dangers dus aux radiations naturelles et étendre cette attention craintive à toutes les sources de danger de même niveau, nous paralyserions la plus grande partie de l’activité humaine.

Il faudrait raser les murs, en évitant les bordures de trottoir en granite qui sont plus radioactives que le sol de La Hague ! Il faudrait éviter les séjours prolongés en montagne, en raison des rayons cosmiques dont l’intensité croît avec l’altitude ! Il faudrait chasser de nos maisons les fumeurs, même occasionnels. Il ne faudrait surtout pas vivre dans des villes où les particules sortant des pots d’échappement massacrent, en raison de leur effet cancérigène, des milliers de personnes par an ! Or, en 2050, les deux tiers des habitants de la planète vivront dans les villes.

J’ai été frappé par la dénonciation bruyante de la radioactivité contenue dans la laine de verre produite par une nouvelle usine de Saint­Gobain, dont le niveau de radioactivité naturel provoquait une irradiation qui se situait justement au niveau du centième de DARI. La récente découverte de la radioactivité des sables d’une plage de la Méditerranée, l’Espiguette au Grau­du￾Roi, a tourné à la farce lorsqu’il est apparu que l’activité était due au sable apporté par le vent. La découverte de la même intensité radioactive artificielle aurait entraîné une panique soigneusement orchestrée et la ruine de la station balnéaire.

L’adoption du DARI éliminerait totalement les problèmes nés d’incidents surmédiatisés, sans proportion avec leur impact réel sur la santé publique.

PAR GEORGES CHARPAK

Le nucléaire = 20% de l’énergie finale. Combien de GW pour 50% d’énergie finale ? 150 GW ? Non 90 GW !

Explications.

Si on prend  la part d’énergie utile, par exemple le nombre de passager par km et de tonnes transporté par km, assurée par les trains électrifiés, les métro, les tramways, on trouve 4 à 6 % pour 1 % d’énergie finale… Cherchez l’erreur ?

Confirmation de cette illusion d’optique : l’électricité assure 50 % de l’ECS (Eau Chaude Sanitaire), 30% du chauffage, une partie de la cuisson…Et il faut rajouter le soupçon de conversion de l’électricité spécifique en chaleur dans un pays où on chauffe les logements plus de 6 mois par an L’utilisation de l’énergie finale qui pose l’équivalence entre travail et chaleur est une hérésie. En énergie primaire ou en énergie utile, le nucléaire c’est approximativement 1/3, on ajoute ensuite biomasse-hydraulique soit 1/6 et enfin 1/2 d’énergies fossiles ce qui donne 1.

Utiliser la formule « 20% » d’énergie finale est trompeur, car on pense alors qu’il faut multiplier par 5 le parc nucléaire pour sortir des fossiles, alors qu’il ne faut même pas multiplier sa production par 2 (900 TWh) et sa puissance par 1,5 (90 GW). Soyons tous d’accord sur cet objectif ?

Lorsque nous utilisons des proportions, il faut s’astreindre à des équivalences chaleur-énergie qui ne soient pas de 1, même pour le chauffage à effet Joule.

Dire qu’il faut se débarrasser de 50% d’énergie fossile ou de 80% ne change pas beaucoup l’ampleur du défi, dans la communication.

Alors que multiplier par 1,5, ce n’est pas la même chose que de multiplier par 5 pour aboutir à la solution.

 

Le défi est grand mais la solution facile. Qui le sait ? Disons-le !

 

PH-JPB

 

Pour en savoir plus :

http://energie-crise.fr/spip.php?article68

 

Plafonner ou diminuer le nucléaire ? Il est urgent d’attendre…

En réaction à l’article du Monde :

Hollande et le nucléaire : le changement, mais pas maintenant

Réponse d’un lecteur :

L’écologie ne se résume pas à l’arrêt ou à la diminution drastique du nucléaire comme le laissent entendre tous les antinucléaires de Yannick Jadot à Corinne Lepage.

Naïvement, je pensais que l’effort principal devait porter sur les énergies décarbonées pour éviter le risque de réchauffement climatique.
Mais les efforts de Hollande et de Ségolène ont surtout porté sur la limitation du nucléaire au moyen du plafond de 63,2 GW de puissance installée (c’est précis!!) et de la RT 2012 qui interdit en pratique l’usage du chauffe-eau électrique (50 kWh par an et par m2). On peut qualifier toutes ces mesures de déclinistes !
Un surplus d’énergie décarbonée nucléaire ne me semble pas néfaste (cet hiver il a bien été utile), ni contribuer, comme vous l’écrivez, à renforcer un tabou. En outre,comme le déclarait Michel Lavérie, ancien directeur de l’ASN, un surplus de centrales rend plus facile une décision d’arrêt.
L’augmentation de la capacité du photovoltaïque et de l’éolien est une bonne chose sous réserve de leur compétivité (non biaisée par des subventions excessives) et des progrés techniques et économiques à réaliser pour le stockage nécessité par leur caractère intermittent.
Donc,aller doucement, sans déclarations péremptoires,de façon pragmatique me semble frappé au coin du bon sens.L’ancien gouvernement a fait un « deal  » malheureux avec les antinucléaires, car idéologique et aurait mieux fait de s’attaquer plus tôt au diesel [ancien] qui provoque des décés certains et non des risques hypothétiques.
Comme l’écrit Michel Onfray, si le nucléaire est le projet de « l’hyper technophilie du siècle passé » et l’outil de la société de consommation, il reste, à moins d’un changement de société majeur, INCONTOURNABLE.


Sans doute votre article incite-t-il à un changement rapide de société ? Pour ma part je pense qu’il faut prendre le temps et j’espère que le nouveau gouvernement le prendra.
Salutations

Le vent n’est pas écologique !

Par Michel Gay

Le 6 janvier 2016

N°129
Qui l’eut cru : la production d’électricité par les éoliennes n’a rien d’écologique !
Les éoliennes ne poussent pas sous le soleil en les arrosant. Ce moyen de production d’électricité dit « écologique » nécessite des matériaux ainsi que des travaux industriels et d’entretien. Il ne suffit pas juste de récupérer l’énergie produite… quand il y a du vent.
Une éolienne récente de puissance 2 mégawatts (MW) mesure environ 150 m de haut en bout de pale (environ 100 m pour le mât) et sa durée de vie est de 20 ans. Sa construction nécessite 425 mètres cubes (m3) de béton et 40 tonnes d’acier. Le poids total des matériaux de construction atteint presque 1200 tonnes. Des « composites » entrent dans la fabrication des pales (3 fois 7 tonnes, soit 21 tonnes par hélice), des métaux (dont le cuivre) et des « terres rares » composent la nacelle et le générateur, ainsi que 300 à 400 litres d’huile de lubrification et de refroidissement.

En étant optimiste, son facteur de charge, en moyenne en France, est de 23% (temps de fonctionnement en équivalent pleine puissance), soit environ 2000 heures par an. Sur sa durée de vie, cette éolienne produira donc 80 gigawattheures (GWh).

Il faut donc 5 m3 de béton et 0,5 tonne d’acier par GWh pour une éolienne.
Or, la durée de vie d’un réacteur nucléaire EPR de 1650 MW est de 60 ans (minimum prévu). Sa construction nécessite 385.000 m3 de béton et 74.000 tonnes d’acier. Son facteur de charge prévu est de 85%, soit environ 7500 heures/an. Pendant sa durée de fonctionnement, ce réacteur produira donc au minimum 742.500 GWh … soit l’équivalent de 9000 éoliennes de 2 MW.

Il faut donc 0,5 m3 de béton et 0,1 tonne d’acier par GWh pour la construction d’un EPR
L’EPR produit des déchets radioactifs. Les déchets conditionnés représentent environ 4000 m3 par an, soit, pour une production nucléaire annuelle de 400.000 GWh  / an, soit 0,01 m3 par GWh d’un mélange de verre, d’acier et de béton supposé sans vide. 

L’exploitation du centre de stockage géologique CIGEO est prévue pour durer au moins 100 ans. La totalité de l’acier et du béton pour le construire doit donc être divisée par la production pendant cette durée, soit environ 40 millions de GWh.

En prenant un volume excavé de 4,3 millions de m3 (document CEA décembre 2012, tome 2, page 60, sans transmutation) et un remplissage / garnissage par la moitié d’acier et de béton, soit 2,15 Mm3, alors on obtient 0,06 m3/ GWh (par excès).

En tout état de cause, le volume d’acier de verre et de béton ne devrait pas excéder 0,1 m3 par GWh pour le stockage.
Ainsi :

1) il faut 0,5 m3 de béton par GWh pour la construction d’un EPR, auquel il faut ajouter 0,1 m3 pour le stockage des déchets radioactifs (acier inclus). 

Total 0,6 m3 / GWh soit 8 fois moins que pou l’éolien (5 m3 / GWh),

2)  il faut 0,1 tonne d’acier par GWh pour la construction, plus environ 0,02 tonne pour le stockage géologique. 

Total 0,12 tonne / GWh soit environ 4 fois moins que pour l’éolien (0,5 tonne / GWh). 
De plus, les 9000 éoliennes produiront une électricité de manière erratique puisqu’il n’y a pas toujours du vent, et qu’il n’est pas forcément corrélé avec le besoin. Il faudrait donc aussi ajouter aux éoliennes le béton et l’acier nécessaires à la construction, en parallèle, des centrales à gaz et à charbon de compensation à l’absence de leur production les jours de vents faibles ou nul. Ou bien les immenses stockages qui seraient nécessaires pour absorber leurs pics de production les jours ventés… Et ce n’est peut-être pas négligeable !
Qui a dit que produire de l’électricité avec du vent était écologique et minimisait l’impact sur la nature ?

Les hydroliennes produisent plus de crustacés que d’électricité…

Comme on peut le constater dans le reportage de France 3 Betagne (14 avril 2017) sur la remontée de la 1ère machine de Paimpol. Elle n’est restée que 11 mois au fond, mais regardez les salissures, variables suivant la nature du support, les plus visibles sont celles des balanes, crustacés cirripèdes fixés. 

​Alors, confit d’intérêt dans l’équipe d’Emmanuel Macron ?

EM a en effet maintenant un de ses proches bien placé pour le renseigner en la personne de Julien Marchal, donné comme son conseiller et animateur au sein d’En Marche, du groupe d’experts sur l’énergie.

Alors vu la gabegie structurellement irrémédiable, comment pourrait-il ne pas mettre fin aux pilotes en cours vu le fiasco annoncé et constaté pour les hydroniennes en mer ? Ruineuses (600% de surcoût), anti-écologique (10 fois plus de matière pour produire un TWh), seul le greenwashing de l’accord PS-EELV justifiait encore ces pilotes sans que la R&D ne soit mature. Et ceci permettra d’agir réellement sur le CO2 en réalouant et abondant enfin fortement le fond chaleur en France. L’emploi utile doit désormais guider la République. Pas l’emploi inutile.

A noter que la filiale DCNS Energies a été recapitalisée par BPI, autrement dit par le contribuable. Pour rappel : les 4 hydroliennes DCNS OH sont pour 3 d’entre elles en avaries (2 en France, 1 au Canada), la 4ème étant en attente au Canada.

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Julien Marchal

 DCNS ENERGIES : SECRETAIRE GENERAL

©Nomination, le 7 avril 2017 / Julien Marchal est secrétaire général de DCNS Energies depuis mars 2017. Il est sous la responsabilité directe de Thierry Kalanquin, président-directeur général.

 Julien Marchal, 34 ans, Ecole des Ponts ParisTech (2009), Polytechnique (2003), a réalisé le parcours suivant :

 * 2016-2017 : Cabinet du secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie, conseiller en charge de l’environnement, de l’énergie, du logement, des industries extractives et de première transformation.

 * 2014-2016 : Cabinet du ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, conseiller en charge de l’énergie, des industries extractives et de l’environnement.

 * 2014-2014 : Cabinet du président de la République, François Hollande, conseiller, adjoint énergie et logement.

 * 2012-2014 : Cabinet du président de la République, François Hollande, chargé de mission.

 * 2011-2012 : Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, adjoint chef du bureau Affaires extérieures de l’énergie nucléaire à la Direction générale de l’énergie et du climat.

 * 2009-2011 : Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, adjoint au chef du bureau Energies renouvelables à la Direction générale de l’énergie et du climat.
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&cad=rja&uact=8&sqi=2&ved=0ahUKEwixoLeX-uLTAhUHQBoKHXFiDjgQFggxMAI&url=https%3A%2F%2Fportail.polytechnique.edu%2Fax%2Ffr%2Fles-actualites%2Fles-dernieres-nominations&usg=AFQjCNEOKDplBYRTjkdqq8rfQgIgNveQWg&sig2=p_76ES6_djMJpU8b5OpMRA

Julien Marchal, conseiller d’Emmanuel Macron  est donné comme animateur au sein d’En Marche  du groupe d’experts traitant de l’énergie. 

https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=20&ved=0ahUKEwjtnNCM–LTAhUBWhoKHfLSAT44ChAWCFMwCQ&url=http%3A%2F%2Fwww.domainespublics.fr%2Fupload%2Factualites%2FPresidentielle_2017%2Fgalaxie_Macron.pdf&usg=AFQjCNH98M3JMffEUXF9do9vlQYzNWReXQ&sig2=G9JLTjUGlJamnKbLfIZt2w

I

Pour en savoir plus : les transparents de la conférence de Bernard Durand

https://share.orange.fr/#ZToMuGevDW15133d3483

Le mirage photovoltaïque

Dans son numéro du 4 mai La Croix s’inquiète du « bilan en demi-teinte du solaire en France » en 2016, « la pire année » depuis 2010 avec seulement 550 MW de capteurs photovoltaïques raccordés au réseau électrique. Mais cela doit-il inquiéter ou rassurer le consommateur ? Car une des raisons de cet échec, peut-être la principale, n’est pas évoquée dans l’article : alors qu’on nous annonce des prix à la baisse, 2016 aura encore vu les consommateurs payer chaque kilowattheure (kWh) solaire à un prix exorbitant de 0,40 €/kWh, soit huit fois plus que le prix électrique français moyen (à ce dernier, de 0,05 €/kWh, hors transport, s’ajoute en effet un supplément, inclus dans la taxe CSPE de nos factures, de 0,35 €/kWh pour chaque kWh solaire, selon la Commission de régulation de l’énergie). Ça fait maintenant dix ans, depuis le Grenelle de 2007, qu’on nous annonce que « ça va baisser » ! En réalité le pire est à venir, car on n’a pas encore mis en place les coûteuses batteries qui permettront de stocker cette énergie solaire aléatoire. Dès lors, et pour respecter ceux qui continuent à préférer les kWh nucléaires et hydrauliques (à 0,05 €) aux kWh solaires (à 0,40 €), une suggestion : quand le consommateur pourra-t-il choisir un contrat électrique 100 % nucléaire et hydraulique ? Il y a bien déjà des offres 100 % renouvelables !

 

Jean-Luc Salanave

La Croix du 9 mai 2017

Une centrale éolienne en mer près d’Oléron, cela en vaut-il la peine ?  

Dernier sanctuaire naturel où l’Homme modère encore sa soif de tout « exploiter » , ce fragile et hostile milieu naturel est jusqu’ici plutôt vierge de toute infrastructures extensives.


Alors doit-on accepter de couvrir des milliers de km2 de tripodes ? L’intermittence  du vent, contre-productive pour l’économie des solutions énergétiques en faveur du climat, ne serait pas rédhibitoire et mériterait, selon Ségolène Royal, de doubler nos impôts assis sur l’électricité ?


Certains en doutent comme Bernard Durand ci-dessous.
Une centrale éolienne en mer près d’Oléron, cela en vaut-il la peine ?  

Des risques majeurs créés sans contrepartie aux riverains et à l’environnement !

B.DURAND  

Ingénieur et géologue, ancien directeur de l’Ecole Nationale Supérieure de Géologie, ancien président du Comité Scientifique de l’European Association of  Geoscientists and Engineers (EAGE)

On constate depuis quelques années une érosion et un recul des côtes plus rapides dans notre région, et des risques croissants de submersion. La réalisation d’une centrale éolienne en mer près d’Oléron, 80 éoliennes de plus de 200 mètres de haut au-dessus de l’eau, implantées sur une surface d’environ 100 km2, en principe pour une durée de 40 ans, est de nature à augmenter ce risque, parce qu’elle modifiera la circulation des sédiments. Etant donné la fragilité de ce littoral, des modifications importantes du trait de côte sont possibles, avec d’importantes conséquences sur les activités (tourisme, pêche, ostréiculture…), dans ce secteur. Rien que pour cela, au titre du principe de précaution, il est irresponsable de donner suite à ce projet. 

Des entraves considérables à la pêche et à la navigation de plaisance, et une pollution des eaux avec des conséquences sur les produits de la pêche et de l’ostréiculture, sont inévitables. 

Le lobby éolien a de toute évidence une très forte emprise sur une grande partie du monde politique et des grands moyens d’information : on remarque en effet que ceux-ci ont préféré jusqu’à présent relayer la publicité des promoteurs plutôt que d’informer objectivement les citoyens. Or ce lobby a un très fort appétit pour notre littoral atlantique. L’acceptation de ce projet par les riverains serait un encourager  ce comportement, et risquer la construction d’autres centrales dans les mêmes eaux.

 L’évacuation de l’électricité produite nécessitera la construction d’une ligne à très haute tension, qui traversera la Presqu’île d’Arvert. Cette information ne nous a été donnée que très récemment alors qu’elle était connue depuis longtemps de nos élus et de l’administration ! 

En contrepartie de ces risques, la réalisation de cette centrale ne procurerait que très peu d’emplois permanents à des Français, et certainement aucun sur place aux habitants de la Presqu’île d’Arvert. Pourtant elle coûterait des milliards d’euros. Mais la plus grande partie de ces sommes servirait à soutenir l’industrie et l’emploi en Allemagne et non en France.

De plus cette centrale :

– Produirait une électricité parfaitement inutile pour le département, la région, et même la France.

– Ferait monter notre facture d’électricité par les taxes, contribution au service public de ‘électricité (CSPE) et taxes d’acheminement, qui serviront à la subventionner.

– Ne pourrait pas faire diminuer nos émissions de CO2.

– Ne pourrait servir à fermer un seul réacteur nucléaire.

Des liens vers des dossiers qui détaillent et complètent les informations données :

http://eolien-oleron.natvert.fr/sdm_downloads/lenergie-eolienne-ne-etre-solution-miracle   

http://eolien-oleron.natvert.fr/telechargements 

http://eolien-oleron.natvert.fr/eoliennes-mer-a-oleron-dangers-patrimoine-naturel 

http://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/etudes/Electricites%20intermittentes.pdf 

Energie en Europe : Tout est connu, mais tout est caché par des politiciens cupides

http://www.senat.fr/notice-rapport/2013/r13-534-notice.html

2014 : Rapport du Sénateur Jean Bizet
LA COOPÉRATION ÉNERGÉTIQUE FRANCO-ALLEMANDE :

NAISSANCE D’UNE EUROPE DE L’ÉNERGIE ?

CONCLUSION GÉNÉRALE

Développer de nouvelles filières industrielles et assurer une évolution coordonnée compatible avec les données économiques exige du recul : les choix politiques guident les objectifs, la dimension technique et économique détermine le tempo souhaitable.
Indispensable pour des raisons tenant à la géographie, mais aussi parce que l’évolution jusqu’ici divergente des politiques énergétiques de part et d’autre du Rhin aboutit à une situation qui ne peut se prolonger sans dommages pour la France et l’Allemagne de même que pour toute l’Union européenne, la coopération franco-allemande dans la transition vers des énergies renouvelables pose d’immenses défis techniques pour la production, conceptuels pour la gestion des réseaux et économiques pour financer les énormes investissements à même d’assurer l’utilisation satisfaisante d’une énergie dont les sources premières – le vent et le soleil – se manifestent sans la moindre considération pour les besoins du genre humain.

C’est aujourd’hui que nous devons tracer le long chemin qui pourra conduire vers une énergie abondante et propre sur tous les plans. 
Vouloir brûler les étapes ou se précipiter vers la mise en oeuvre de moyens encore immatures ou incomplets serait non une façon d’accélérer l’Histoire, mais le moyen le plus sûr de la faire douloureusement bégayer.
Une évolution de cette ampleur, avec de telles implications géographiques, doit être conçue et conduite à l’échelle de l’Union, en commençant par le couple franco-allemand, pour associer au plus vite les autres États membres à une coopération renforcée couvrant l’ensemble de la problématique.
La France doit faire évoluer son parc électronucléaire et développer de façon raisonnée le recours aux sources renouvelables d’énergie. 
En Allemagne, une prise de conscience a lieu. En effet, le gouvernement allemand a fait sien le projet élaboré par M. Sigmar Gabriel, vice-chancelier social-démocrate, ministre de l’économie et de l’énergie, qui a jugé « absolument nécessaire » de donner « un nouveau départ » au tournant énergétique.
La discussion du texte n’étant pas encore parvenue à son terme, il est prématuré d’en tirer des conclusions, mais l’évolution engagée jusqu’ici pourrait changer son cours si les restrictions de financement sont acceptées par le Bundestag. M. Gabriel a résumé ainsi l’esprit du projet de loi : « Le tournant énergétique ne consiste pas seulement à développer la production d’énergie renouvelable, mais aussi à la faire de manière planifiée et sûre ». Telle est précisément la philosophie dont votre rapporteur propose de tirer les conséquences.
La situation est donc particulièrement propice à une relance de la coopération énergétique entre les deux pays. 
Il importe que la dimension purement technique privilégiée jusqu’à présent soit complétée par la prise en compte des réalités économiques, incluant la gestion des marchés.
Regarder la réalité en face : c’est ce que votre rapporteur souhaite pour le choix du bouquet énergétique, pour la cohérence des investissements réalisés, enfin pour la façon d’envisager les thèmes majeurs constitués par la filière électronucléaire et sa modernisation, le gaz de schiste ou la mise sur pieds d’une coopération renforcée dont les objectifs doivent inclure un système d’interconnexions assurant la stabilité des approvisionnements et renforçant l’indépendance énergétique des États-membres. 
Le libre choix du bouquet énergétique par chaque État-membre, un domaine où la dimension rationnelle doit s’imposer face à l’approche émotionnelle, ne s’oppose pas à l’intervention commune dans les négociations sur les fournitures à long terme de matière première énergétique.
Assurer la cohérence de la politique énergétique avec le protocole de Kyoto et la lutte contre le réchauffement climatique suppose de définir une politique lisible et stable en matière de prix du CO2. 
Ce ne doit pas devenir un prétexte pour négliger une donnée fondamentale : la croissance de l’Union européenne dépend de son industrie. 
Faut-il privilégier la réindustrialisation de l’Europe ou se focaliser sur un choix climatique n’ayant que des effets éminemment relatifs au niveau planétaire ? La filière nucléaire permet de concilier les deux.

Autoconsommation – Commentaires sur l’étude de La Fabrique écologique

http://www.lafabriqueecologique.fr/decentralisation-energetique

Commentaires sur l’étude : Pour une décentralisation énergétique proche des citoyens

Plusieurs points :

Il est écrit : « Le développement de l’autoconsommation ne signifie pas aller vers l’autarcie en se coupant des réseaux. Dans la très grande majorité des cas, la connexion ou le raccordement au réseau électrique reste nécessaire et souhaitable, avec des avantages pratiques et économiques pour le consommateur en l’absence de solutions compétitives de stockage d’électricité. Se pose alors aussi la question de la gestion des surplus en période d’excédent de production ». 

Et plus loin : « L’accroissement du taux d’autoconsommation peut se réaliser de trois manières : la limitation de la puissance du système de production, en l’occurrence le plus souvent photovoltaïque, pour qu’une part plus importante de l’énergie soit consommée sur place ; l’augmentation de la consommation sur place ; le stockage, pour mieux répartir dans le temps la production et la consommation […] Aucune de ces hypothèses ne correspond à la vraie priorité que constitue le développement de l’énergie solaire ».

Commentaire : on ne peut qu’être d’accord avec ces positions, en premier lieu la nécessité de conserver des réseaux publics en secours. Mais la priorité donnée au photovoltaïque, par ailleurs logique car seule énergie susceptible d’être facilement intégrée localement de façon généralisée (difficile d’imaginer des éoliennes en milieu urbain !) conduit à privilégier le moyen de production renouvelable le plus décorrélé des besoins dans nos contrées tempérées : alors que les besoins sont maximaux en hiver, la production photovoltaïque y est en moyenne environ 4 fois plus faible qu’en été, période durant laquelle on ne sait au contraire pas quoi faire des surplus de production. Cette décorrélation, ou plutôt anti-corrélation, ne peut être compensée que de deux façons :

* Par un stockage inter-saisonnier, qui ne peut actuellement passer que par une transformation de l’électricité excédentaire en gaz (hydrogène ou méthane de synthèse). Mais, en l’état actuel des technologies, des connaissances et des perspectives apportées par les recherches, ces solutions sont hors de prix et devraient le rester pour longtemps. Ce qui les disqualifie économiquement durablement.

* Par le secours des réseaux publics lors des périodes froides de forte consommation, avec la contrainte supplémentaire de ne pas les noyer sous des surplus pléthoriques inutilisables en période d’été. 

Le croisement de ces différentes contraintes conduit à la conclusion logique que la seule perspective viable est un dimensionnement des moyens photovoltaïques limités aux besoins estivaux. Ce qui conduit à un dimensionnement minimal, impliquant en contrepartie une contribution élevée des réseaux publics en hiver. C’est-à-dire au moment où ils sont déjà le plus sollicités…

Il est écrit : « Elle peut enfin entraîner des transferts de charges non négligeables. L’autoproducteur ne paie pas, logiquement, pendant les périodes où il consomme ce qu’il produit, la part du tarif d’utilisation du réseau public d’électricité (TURPE) calculé en fonction de la quantité d’énergie prise sur le réseau. Or celle-ci est prépondérante par rapport à celle qui est fonction de la puissance souscrite, alors que les coûts de réseau dépendent fortement de cette donnée ».  

Commentaire : ce point, très justement souligné, est fondamental. Les coûts des réseaux sont en effet à près de 95 % des coûts fixes (coûts d’investissement qui dépendent des dimensionnements, eux-mêmes régis par les puissances maximales transitées. Et coûts de personnel d’exploitation qui ne dépendent pas non plus des quantités d’énergie qui transitent). 

Par conséquent, le système actuel de rémunération, essentiellement fondé sur l’énergie, ce qui se justifie pleinement par son effet modérateur sur les consommations, n’est plus du tout adapté à l’autoconsommation / autoproduction qui n’utilise le réseau que de façon épisodique et en particulier sous forme de puissance de pointe. Ce qui coûte à peu près aussi cher qu’une utilisation permanente. 

Si rien n’est fait, il se produira donc des transferts de charges des autoconsommateurs / autoproducteurs, qui n’assumeront qu’une faible part des charges des réseaux publics (TURPE, CSPE) vers tous les autres utilisateurs des réseaux, cette inégalité de traitement n’étant pas acceptable. D’autant plus qu’elle s’accompagne d’une moindre contribution aux taxes publiques (CTA, TVA, etc.).

Le développement de l’autoconsommation / autoproduction implique en conséquence une complète remise à plat des charges d’utilisation des réseaux, pour faire supporter aux futurs autoconsommateurs / autoproducteurs leur juste quote-part des charges. Mais cette dernière, proche de celle des autres consommateurs, aura pour effet de renchérir ce mode de production / consommation et donc de le rendre moins intéressant financièrement. Sera-t-il alors encore globalement compétitif ? La réponse à cette question tranchera in fine le débat. Car l’affirmation « Une telle évolution correspond au souhait d’une partie de la population, pour des raisons d’autonomie et de contribution citoyenne » ne résistera probablement pas très longtemps à la dure réalité de prix éventuellement supérieurs à ce que fourniront les réseaux publics si les services de ces derniers sont payés à leur juste prix… 

Deux autres difficultés majeures de fond doivent être soulignées :

* L’absence de foisonnement de l’autoconsommation / autoproduction individuelle, ou sa faible valeur dans les « réseaux de territoires », en comparaison du foisonnement naturel des grands réseaux publics. Rappelons que le foisonnement des consommations est le fait les consommateurs reliés à un réseau n’appellent pas tous en même temps la puissance maximale qu’ils ont souscrite. Ce qui permet des économies considérables en moyens de production, d’autant plus importantes que le nombre de consommateurs reliés, donc le réseau, est important. Ce phénomène permet ainsi de diviser par 4 à 5 les moyens de production nécessaires sur le réseau français. Dit autrement, si chaque consommateur (industriel, tertiaire, domestique, etc.) produisait sa propre énergie, il faudrait multiplier par 4 à 5 la puissance des moyens de production existants au niveau du pays !  

* Financièrement, le développement de l’autoconsommation / autoproduction conduit à investir deux fois au niveau du pays : une première fois dans les équipements d’autoproduction, une deuxième fois dans les réseaux publics, qui devront continuer à assurer le secours intégral des autoconsommateurs / autoproducteurs. Ce qui pose la question de l’utilisation de ressources financières rares, qui seraient sans doute beaucoup plus utiles ailleurs, notamment pour mieux isoler le bâti existant. La question mérite en tout cas d’être examinée de près en termes d’émissions de CO2 évitées. 

En conclusion, le développement de l’autoconsommation / autoproduction soulève des questions majeures d’une grande complexité, qui méritent des analyses approfondies et des expérimentations préalables avant de s’engager tête baissée dans cette voie dont les apports environnementaux et économiques sont loin d’être garantis. Laissons à cet égard le dernier mot au nouveau président de la CRE, s’exprimant sur le sujet devant les commissions de l’Assemblée et du Sénat lors de son audition en février 2017 :  

« Sous couvert de sujets techniques, ce sont des questions de société qui se dessinent. Par exemple,  le développement de l’autoconsommation d’électricité chez les particuliers ou dans les collectivités. Mal maîtrisé, il risque d’aboutir à une forme de « communautarisme énergétique » sapant le modèle de solidarité entre les territoires qui prévaut depuis soixante-dix ans ».