Un rapport de de Thibault Kerlirzin, de l’Ecole de Guerre Economique, explique que Greenpeace possède une branche business, Greenpeace Energy, dont la filiale Planet Energy investit dans les centrales électriques “propres” et a déjà construit dix parcs éoliens.
En Allemagne comme à l’étranger, Planet Energy a plusieurs partenaires dont Vestas Wind Systems, le plus grand fabricant mondial d’éoliennes. Greenpeace Pays-Bas est aussi actionnaire de longue date de la Triodos Bank, dont le fonds dédié au développement durable a Vestas pour premier investissement. Sven Teske, cofondateur de Greenpeace Energy, a été en 2012 le directeur de projet et principal auteur d’un rapport coécrit qui portait sur la “révolution énergétique”, coécrit avec le Global Wind Energy Council (GWEC), la “voix de l’industrie de l’énergie éolienne mondiale”, et l’European Renewable Energy Council (EREC), organisation parapluie de l’industrie des énergies renouvelables.
Pour aller au but posons deux questions : Greenpeace est-elle une ONG uniquement au service de l’écologie ou le cheval de Troie de multinationales qui rôdent autour d’un démantèlement d’EDF ?
Quel est le rôle de la filiale Enr qui, par sa publicité et son action sur le terrain, détruit médiatiquement la filière nucléaire de sa maison mère EDF ?
Article de Thibault Kerlirzin du 31 mars 2017 [Ecole de Guerre Economique].
Comment savons-nous ce que nous croyons savoir de Greenpeace ? ONG internationale, elle reste l’une des plus célèbres structures de défense de l’environnement, mondialement connue pour ses actions spectaculaires en mer comme sur terre, déployant des banderoles en des endroits parfois improbables ou faisant la plupart du temps preuve d’inventivité dans sa communication visuelle. Aujourd’hui encore, présente dans une cinquantaine de pays, elle poursuit sa croissance et mène de nombreuses campagnes sur des thèmes allant de la question climatique au débat énergétique, de la protection des océans à la lutte contre l’exploitation forestière ou les OGM.
Forte de plus de trois millions de soutiens (i. e. de donateurs) à travers le monde, elle se fait le porte-voix autoproclamé des citoyens, de la « société civile ». Comme à l’époque de sa création au début des années 1970, l’ONG continue de se présenter comme David contre Goliath, le faible représentant de l’intérêt général face à l’avidité d’Etats et d’entreprises, acteurs puissants qui travailleraient de concert pour le profit au détriment de la Nature et des risques pour l’Homme. Pourtant, en dépit d’une présentation médiatique qui se montre souvent favorable à son égard, la réalité de Greenpeace ne correspond pas à l’image qu’on peut s’en faire. Parfois qualifiée de « multinationale verte » par ses détracteurs, elle emploie plus de 2 500 salariés à travers le monde, dispose d’un revenu annuel de plus de 345 millions d’euros, est dirigée par des managers loin des opérations de terrain. Son dernier rapport annuel disponible met en lumière que près des deux tiers de ses fonds ne sont pas dépensés pour mener ses campagnes, mais principalement pour lever toujours plus de fonds. A cette fin, l’ONG a dépensé près de 117 millions d’euros en 2015.
De la même manière, une fois analysées, les campagnes de Greenpeace détonnent avec la présentation qui en est généralement faite. Le fond des arguments de l’ONG contre ses cibles souffre en plusieurs lieux d’aphories voire d’erreurs. De ce fait, sa contribution au débat public se trouve biaisée. En outre, l’action de Greenpeace comporte un non-dit majeur et souligne son absence d’indépendance et d’intégrité. Les trois études de cas du présent rapport, qui portent sur les sables bitumineux, la concession pétrolière dans le bassin de l’Amazone, et l’énergie nucléaire, comportent un double-fond(s) : loin de la simple défense de l’environnement, des acteurs économiques sont les bénéficiaires et parfois les bailleurs de fonds de Greenpeace. En effet, si l’ONG refuse les dons d’entreprise, elle accepte les subventions des trusts & fondations, qu’une grille de lecture orientée guerre économique révèle comme étant les paravents fréquents de Goliaths financiers – de quoi interroger sur la frontière poreuse qui sépare ici le militantisme sincère d’une démarche assimilable à un « mercenariat vert ». Ce double-fond(s) est assimilable, par exemple dans le cas du nucléaire, à un double discours : d’une part, l’ONG Greenpeace met en garde contre les risques divers supposés (environnement, sécurité, finances) de cette énergie, tandis qu’en Allemagne, la coopérative Greenpeace Energy, partenaire du Goliath de l’éolien Vestas, défend ses intérêts économiques en portant plainte auprès de la Commission européenne non pour les raisons évoquées, mais pour distorsion de concurrence. Les omissions et les méthodes d’ingénierie du consentement déployées par Greenpeace posent plus largement, par ailleurs, la question de la place des ONG, tant sur les plans de la représentation que du crédit à leur accorder et leur mode de fonctionnement. Greenpeace n’est en effet pas la seule organisation de ce type à exagérer la présentation des faits. Hormis des raisons critiquables, cela relève des besoins de survie inhérents à toute entreprise : la pérennité au travers de l’engrangement régulier et suffisant de fonds pour poursuivre son existence et assurer sa prédominance et sa légitimité face à d’autres ONG.
Un rapport réalisé par Thibault KERLIRZIN pour le CESTUDEC (Centro Studi Strategici Carlo de Cristoforis) à télécharger ici :
http://greenvice.info/site_greenvice/rapport_greenpeace_pourt_cestudec.pdf
Ce rapport (5MO, 170 pages) est une mine d’informations. La partie consacrée à GP et le nucléaire français (l’une des 3 études de cas retenue) est instructive.
La conclusion n’est pas un résumé mais propose 5 pistes pour se prémunir des dérives des ONG comme GP :
« Plutôt que de récapituler l’ensemble de notre propos, quelques pistes pourraient être étudiées pour se prémunir contre les dérives de Greenpeace :
1)
Enlever à Greenpeace France sa qualité d’association d’intérêt général (comme ce fut le cas au Canada et en Nouvelle-Zélande) et ne l’accorder à nouveau qu’à la condition du respect de plusieurs exigences, parmi lesquelles une présentation des faits qui ne soit pas biaisée et une transparence complète sur les liens avec des acteurs économiques (dont les trusts & fondations) même au travers d’autres bureaux de l’ONG. 868.
2)
Diligenter une enquête gouvernementale officielle pour analyser dans quelle mesure Greenpeace met en péril la sécurité énergétique française et au bénéfice de qui ; questionner l’ONG sur ses nombreuses contradictions.
3)
Inciter les entreprises à communiquer et à poursuivre en justice Greenpeace dès que l’ONG mène une campagne mensongère et des attaques en réputation fondées sur de fausses informations. Le silence des entreprises a des conséquences : Greenpeace ne ressent aucun besoin de se remettre en cause et de cesser de présenter des analyses partielles ou biaisées, ce qui peut impacter plus largement les citoyens.
4)
Mettre en place le « triangle de la puissance » défendu par Yan Giron 869 dans le domaine de la géostratégie des mers, i. e. combiner une approche qui associe l’institution publique, le secteur privé et la société civile – distincte de la confiscation de la parole légitime par des acteurs qui se font potentiellement les porte-voix d’intérêts étatiques et / ou économiques au travers d’ONG.
5)
Envisager un système qui permette de pérenniser les ONG qui fournissent un travail réellement indépendant en les soustrayant à l’impératif de la communication médiatique pour leurs besoins de levée de fonds et de compétition inter-ONG. »
Bonjour,
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aucune trace sur archive
Savez vous ce qui s’est passé?
On commence quand?