Objet : Grand Débat Public
Monsieur le Président,
Vous avez souhaité que s’ouvre dans notre pays un grand débat afin de bâtir un nouveau contrat pour la Nation. Parmi les thèmes que vous avez proposés, je souhaite m’exprimer sur la transition énergétique qui est un sujet sur lequel j’ai travaillé depuis de nombreuses années et pour lequel j’ai acquis une certaine compétence.
De rapport en rapport, le GIEC alerte la population mondiale et ses dirigeants sur les dangers d’un changement climatique trop important. Malgré cela les émissions de CO2 mondiales sont en augmentation de ce fait, le GIEC propose d’avoir recours à l’énergie nucléaire.
Notre pays est un des pays développés qui émet le moins de CO2 par habitant. Son électricité est produite pratiquement sans émission de CO2 grâce au nucléaire et à l’hydraulique. Cependant en raison de politiques énergétiques, jusque là aberrantes, nos émissions augmentent :
année | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | Objectif 2023 |
CO2 en Mt | 303,9 | 312,1 | 310,9 | 313,4 | 254 |
Émissions en millions de tonne de CO2 en France métropolitaine.
Votée en 2015, la loi de TECV propose bien de diminuer les émissions de CO2. Cette loi en limitant la production du nucléaire à 63,2 GW et sa capacité de production à 50 %, va nécessairement les faire augmenter. Comme en Allemagne, cela fera monter le prix de l’électricité. Il est clair qu’avec ce choix notre pays ne pourra pas satisfaire son objectif d’émission de CO2 à 254 millions de tonne en 2023.
Dans le cas de notre pays, ce ne sont pas sur les moyens de produire de l’électricité décarbonée qu’il faut agir. Elle l’est déjà. Il faut agir sur l’extension de ses usages dans les secteurs où elle permettra de vraiment diminuer les émissions de CO2 soit pour l’essentiel le transport et l’habitat. Seul ce choix de bon sens permettra de satisfaire nos engagements internationaux, de diminution d’émission de CO2 et de ne pas accroitre notre déficit commercial.
Je me permets par ailleurs de rappeler :
- que nous exportons entre 2 et 3 milliards d’euros d’électricité quand nous importons seulement, suivant les années, entre 400 et 800 millions d’uranium ce qui fait que l’actuelle production d’électricité nous laisse un excédent commercial (nous importons pour quelques 60 Milliards d’euros de produit pétrolier par an).
- que la filière nucléaire est la troisième filière industrielle de notre pays. Arrêter son développement serait à coup sûr l’entrainer vers sa fin à un moment où notre pays cherche à développer son industrie et où le monde doit trouver des moyens de contrer le réchauffement climatique.
- que pour éviter une situation de quasi « black-out » similaire à celle du 10 janvier 2019 (où RTE a dû demander à des consommateurs industriels de limiter leur consommation), il est nécessaire de disposer d’une capacité de production disponible supérieure ou au moins égale à la demande. Cette situation doit nous interpeler. L’hiver n’est pas fini… Les questions de la fermeture de certaines centrales et de la construction de nouvelles unités doivent donc être rediscutées en relation avec les besoins du pays.
- que pour les transports, le développement de la voiture électrique est indispensable. Il faut urgemment s’interroger sur les retombées écologiques de la fabrication des batteries qui demande beaucoup d’électricité. Fabriquer les batteries en France où la production d’électricité est décarbonée présente donc un intérêt certain. Notre pays doit impérativement se doter d’une grande industrie de fabrication de batteries.
Monsieur le Président, ce courrier n’est pas un cahier de doléances mais se veut être la contribution d’un citoyen au développement économique de notre pays et à la lutte contre le changement climatique.
J’espère, comme vous l’avez souhaité, avoir apporté une contribution à ce moment de débat que vous avez voulu. Je participerai bien évidemment aux réunions qui auront lieu dans ma région et même au delà.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.