Les ENR intermittentes ne perturbent pas les réseaux puisqu’on doit savoir les faire disparaitre

« Les énergies renouvelables intermittentes ne perturbent pas les réseaux« 

Cet article s’avère complètement biaisé sur au moins deux points majeurs :

1) Il confond (volontairement ou non) « stabilité des réseaux » et « durée d’interruption moyenne de courant par consommateur » qui sont deux critères qui ont très peu à voir. En effet, la durée d’interruption moyenne de courant par consommateur dépend essentiellement des réseaux de distribution, qui ont peu à voir avec les moyens de production de grande puissance.. Et si la France se classe 8ème derrière

la Suisse, l’Allemagne, le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Autriche et le Royaume-Uni c’est notamment pour deux raisons qui tiennent aux caractéristiques propres de son réseau de distribution qui, eu égard à la taille géographique de la France, est le plus étendu des réseaux de distribution des pays précités (de très loin exception faite de l’Allemagne et du Royaume-Uni, les autres pays étant de petits pays) ce qui présente deux handicaps :

* Le réseau français alimente beaucoup plus de consommateurs dispersés dans de lointaines campagnes, alimentés « en antenne » en BT (avec très peu de redondances de secours) pour des raisons économiques. Un tel réseau est par essence beaucoup moins fiable qu’un réseau présentant des possibilités de secours que l’on trouve en milieu urbain,

* Toujours pour des raisons économiques, le réseau français de distribution est moins enterré (même si la situation évolue) que les réseaux des pays précités, ce qui le rend plus vulnérable aux aléas climatiques.

Mais ceci n’a rien à voir avec le réseau de transport (THT et HT) qui est le garant de la stabilité globale des réseaux et sur lequel débitent les centrales nucléaires et autres centrales de grande puissance. L’argument ne résiste donc pas à l’analyse…

2) On N’A ENCORE RIEN VU en matière de taux d’insertion d’électricité intermittente. En effet, le réseau européen est fortement interconnecté, ce qui assure la stabilité réciproque entre pays, qui se joue au niveau européen et non pays par pays comme l’a bien montré l’étude réalisée par EDF R&D en 2015. Certains pays peuvent donc se permettre des taux d’insertion très élevés, le Danemark en particulier, car la stabilité est assurée par ses voisins (Norvège, Suède et Allemagne, comme d’ailleurs évoqué). Même un grand pays comme l’Allemagne peut se permettre d’atteindre un taux d’insertion élevé… tant que ses principaux voisins, la France en particulier, ne font pas simultanément la même chose. Et au niveau européen, le taux d’insertion global moyen d’insertion reste faible, en deçà des taux qui posent des problèmes de stabilité. La conclusion qui est tirée dans l’article est donc totalement prématurée.

En résumé, cet article comporte des biais majeurs. Il constitue donc une tromperie pour décideurs, accentuée par son titre accrocheur qui occulte les réalités bien connues des gestionnaires de réseaux. Ce qui est gravissime.

Publicité

Une réflexion au sujet de « Les ENR intermittentes ne perturbent pas les réseaux puisqu’on doit savoir les faire disparaitre »

  1. Cette critique est parfaitement fondée et met en lumière soit une méconnaissance des réalités,soit une manoeuvre délibéréec de désinformation.les deux sont consternantes.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s