« Le réacteur RNR de 4ème génération permettra de mettre 50 % de plus sur l’investissement » (Claude Acket)

De Claude Acket à Karl Spookbuster

https://twitter.com/KarlSpookbuster/status/1167518136230432769?s=19

« Mais c’est un prototype de nucléaire avancé me direz-vous, ça vaut bien 5 à 7 G€ ? Bah pas vraiment. La filière des RNR-Na de forte puissance a perdu beaucoup de sa pertinence depuis que l’on sait que les réserves mondiales d’uranium sont colossales. »

Ma réponse :
A ce jour l’état des réserves représente un total de 18 millions de tonnes d’U naturel, (celles dites conventionnelles connues, de 6.3 millions de tonnes, celle dites additionnelles prévisions de 11 millions de tonnes et celles dites secondaires, dont stocks militaires de 1 million de tonnes), représenterait environ 270 ans, avec la consommation actuelle.

C’est en effet colossal, mais à pondérer si l’on rapporte à l’emploi actuel du nucléaire au niveau mondial, environ 4.8 % d’énergie primaire. En supposant, que la consommation mondiale nucléaire, soit simplement doublée, suivant en proportion le doublement pour l’ensemble des besoins de la production énergétique, ce rapport, que l’on pourrait appeler durée fictive, serait ramené à 135 ans. Première réaction, face à cette évaluation : c’est pour le prochain siècle, nous avons le temps.

Mais, par contre en supposant, par exemple, que pour diviser par 2 les rejets (avec en première priorité la limitation des rejets de gaz carbonique), le nucléaire remplace la moitié des combustibles fossiles actuellement utilisés en production d’électricité (soit + 7 550 TWh pour un total de 10 370 TWh), la durée fictive serait ramenée à environ 70 ans.

Premier indice significatif, qui conduirait à aller, avant la fin du siècle à ce qui est désigné comme « Réserves non conventionnelles », soit notamment l’uranium contenu dans les phosphates, et, au-delà enfin, à celui contenu dans l’eau de mer, en notant que ce dernier n’a de sens qu’associé à la surgénération, pour aboutir à un nucléaire durable en million de siècles.

Car oui les RNR-Na de forte puissance n’ont qu’un seul argument de vente : la surgénération, c’est à dire de permettre d’utiliser de façon beaucoup plus efficiente le combustible.

Quand on évoque l’efficacité on pense en général à quelques pour cent de gain. Ici on entre dans une échelle différente avec la multiplication par 100 des réserves potentielles, et par quasi l’infini avec l’eau de mer.
L’argumentation n’a rien à voir avec la puissance. La surgénération est, en effet l’argument principal en faveur des RNR Na, qui s’imposerait en cas d’approche d’une pénurie d’uranium.

Mais sans aller jusqu’à la pénurie d’uranium et nous en sommes loin, vue les réserves actuelles et le bas coût de l’uranium, il faut attendre la remontée des coûts pour que l’aspect économique devienne prépondérant.
En sachant que si le coût du combustible (voir chiffre de la cour des comptes), représente environ 8.5 % du cout du Wh, celui de la matière première seule, n’en représente que 2.5 %, en multipliant par 10 ce dernier, j’accrois de 25 % celui du Wh, mais je peux à même coût complet, mettre 50 % de plus sur l’investissement.

Sauf que l’uranium ne coûte rien du tout et qu’il est de plus en plus certain que le surcoût lié au développement et à la construction des RNR-Na les rend non compétitifs

Voir ci-dessus, l’argumentation sur le coût futur de l’uranium, et qu’ainsi des coûts plus élevés d’investissement deviennent comptables. Par contre ajouter comme argument les dépenses de développement, n’a aucun sens, si on considère que comme dans toute filière, les dépenses de développement se répercuteront à très grande échelle sur toute la filière.

Donc d’un point de vue économique, cela fait sens d’arrêter les frais dans les gros RNR-Na et de mettre fin à Astrid [NDLR : en tout cas ce qu’il est devenu]. En effet, le Sodium n’a de sens que pour des Micro Réacteur et la recherche.

Karl dit « Les Lead-Cooled Fast Reactors (LFR/RNR-Pb) et Sodium Fast Reactors (SFR/RNR-Na) n’ont aucun intérêt économique hormis pour les Micro Réacteurs. Les RNR-Na servant aussi pour faire des sources de neutrons »

Ma réponse
Le débat absurde autour du thème des « petits, mini, micro… ! En France, nous avons 58 tranches réparties entre des 900 et 1400 MW, et maintenant avec EPR 1600 MW.
Veut-on mettre en avant des milliers, des millions d’installations, selon l’adage : « petit c’est gentil », le monde de l’absurde.

Karl dit « Il reste deux types de réacteurs ayant un intérêt économique (et écologique) réel : les Molten Salt Reactors (MSR/RSF) et les Hight Temperature Gas Reactors (HTGR), avec évidemment plein de sous-familles. Mais pourquoi ces deux filières là ? »

Ma réponse
Si, on fait un bilan des préconisations du GIF (Génération International Forum) et des 6 filières retenues en 2000, (SFR, VHTR, GFR, LFR, MSR, SCWR), on constate que seule la filière SFR (RNR Na) sort à ce jour du lot.
Cette filière SFR représente un total de 370 Années de production d’électricité (Russie 106, USA 61, France 58…), avec en leadership la Russie (BN 600, en service depuis 1980, et BN 800, en service depuis 2015) depuis que la France s’est mise hors-jeu par raison électoraliste.

Dans le domaine de la surgénération, la filière GFR étudiée aussi par la France en parallèle au début, avec les RNR Na, a été définitivement abandonnée (impossible de répondre aux critères sureté de refroidissement avec du gaz et les fortes puissances spécifiques liées aux rapides).

La filière MSR ou RSF (à sel fondu) basée sur une première technologie développée à l’ORNL jusqu’aux années 1976, orientée neutrons lents, puis abandonnée, a été refondue en MSFR. Mais tout reste à faire.

En résumé à ce jour avec des références solides uniquement SFR (RNR Na)

Fin

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