Consultation ASN : PROLONGATION D’EXPLOITATION DES CENTRALES NUCLEAIRES AU-DELA DE 40 ANS

le 04/12/2020 à 22:24 par LION

PROLONGATION D’EXPLOITATION DES CENTRALES NUCLEAIRES AU-DELA DE LA 4ème VISITE DECENNALE

https://www.asn.fr/Reglementer/Participation-du-public/Installations-nucleaires-et-transport-de-substances-radioactives/Participations-du-public-en-cours/Conditions-de-la-poursuite-de-fonctionnement-des-reacteurs-de-900-MWe-au-dela-de-40-ans

le 04/12/2020 à 22:24 par LION

Les centrales nucléaires françaises n’ont pas de borne temporelle fixée à l’origine pour leur durée d’exploitation. Ce n’est qu’après chaque visite complète décennale et après examen des dossiers qu’une installation se voit autoriser à une durée d’exploitation supplémentaire de 10 ans.
Il convient de noter que les visites décennales comprennent notamment une épreuve hydraulique de la chaudière nucléaire et une épreuve en pression de l’enceinte de confinement appelée également 3ème barrière où bâtiment réacteur.
S’agissant de l’examen de la partie de la cuve contenant le cœur, seule la France fait un examen complet des viroles en partie courante à l’aide de la machine d’inspection en service. C’est ainsi que des défauts sous revêtement ont été constatés à l’origine, répertoriés et sont revus systématiquement sans évolutions comme les métallurgistes l’avaient prédit lors des premiers constats.
Dès leur démarrage, les Autorités de Sûreté ont exigé que le niveau de sûreté des installations soit en progression continue grâce à la prise en compte du retour d’expérience français et international.


C’est ainsi que l’accident de Three Miles Island (TMI) survenu à la fin des années 1970 sur une installation de réacteur à eau pressurisée, proche des nôtres, a donné lieu à des multiples modifications matérielles pour prévenir un tel accident et pour en limiter les conséquences s’il venait tout de même à y avoir une fusion du cœur du réacteur. On peut citer parmi les modifications de prévention, une révision de l’ergonomie des salles de commandes, un remplacement des soupapes de sûreté du pressuriseur par des soupapes dont la fiabilité a résisté à toutes les épreuves et un turbo-alternateur de secours.

Parmi les modifications destinées à limiter les conséquences d’un tel accident sur l’environnement, on peut citer les dispositifs passifs de recombinaison de l’hydrogène et un filtre à sable placé sur le circuit de décompression de l’enceinte de confinement et destiné à arrêter tous les aérosols contenus dans l’atmosphère de l’enceinte. Si ces deux dispositifs avaient existé sur les installations de Fukushima, il n’y aurait pas eu la pollution radioactive que l’on a constatée sur l’environnement. Côté facteurs humains, des formations spécifiques ont été développées, des entraînements spécifiques ont été mis en place sur les simulateurs de conduite et une nouvelle famille de procédures accidentelles, dites par Etats Spécifiques de la Chaudière ont été développées et mises en œuvre auprès des exploitants.
Il convient de noter que seule la France est allée aussi loin dans l’exploitation du retour d’expérience de l’accident de TMI.
L’accident de Tchernobyl a donné lieu à une révision complète de l’organisation Post-accidentelle, entre l’exploitant et les pouvoirs publics ainsi qu’à des exercices réguliers à l’initiative de la puissance publique qui s’ajoutent à ceux régulièrement organisés en interne à EDF.
L’accident de Fukushima a d’abord été suivi d’un examen complémentaire de sûreté (ECS) de toutes les installations nucléaires et, chez EDF, à la mise en place d’une Force d’Action Rapide Nucléaire remarquablement équipée et qui est même intervenue sur les conséquences dramatiques de la récente tempête ALEX dans les vallée de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya.
Puis, à la suite des ECS, l’ASN et EDF se sont mis d’accord pour l’installation de groupes électrogènes d’ultimes secours (DUS), une nouvelle installation indépendante des autres de prélèvement d’eau de refroidissement avec des pompes spécifiques et la construction sur chaque site d’un centre de crise bunkérisé.


Je n’ai cité que les grands accidents mais les multiples incidents du parc français et étrangers sur le parc mondial de réacteurs à eau pressurisée qui représentent la famille la plus répandue, sont analysés et suivis soit de modifications matérielles soit d’actions sur les facteurs humains.


Les matériels non-remplaçables qui fixent la durée d’exploitation d’une tranche nucléaire sont la cuve du réacteur et l’enceinte de confinement.


La cuve du réacteur est concernée par l’évolution de température de rupture fragile de l’acier des parties exposées au flux intégré (la fluence) de neutrons rapides, c’est-à-dire les viroles qui font face au cœur. Des éprouvettes, prélevées à l’origine dans les aciers de ces viroles, sont placées dans des paniers contre le cœur du réacteur pour recevoir une fluence très supérieure à celle que reçoivent les viroles qui sont éloignées du cœur par une lame d’eau supérieure à 10 cm qui atténue grandement le flux de neutrons rapides. Lors de chaque visite décennale, les métallurgistes ont des codes de calculs qui permettent de déterminer l’évolution de la température de changement fragile-ductile des aciers, et l’on retire des éprouvettes pour faire des essais réels permettant de comparer les résultats des calculs et la réalité. Jusqu’à présent il y a concordance entre les deux. Compte tenu de leur emplacement, la température ductile-fragile des éprouvettes permet de déterminer celle qu’auront les viroles de la cuve de nombreuses années plus tard. L’ASN dispose ainsi d’une base prédictive sur l’ensemble des réacteurs du parc français. En outre depuis plusieurs années maintenant des dispositions relatives au rechargement des réacteurs ont permis de réduire sensiblement la fluence au prix d’une légère baisse de la puissance. On peut donc dire sur la base des constats effectués lors des quatrièmes visites décennales que les tranches concernées ont des cuves qui ne posent strictement aucun problème.


L’enceinte de confinement est testée en air à la pression maximale admissible et la fuite sur 24 heures doit respecter un critère défini à l’origine. Contrairement à la cuve, l’enceinte de confinement peut être réparée si le critère n’est pas respecté.
On peut donc dire dès à présent que l’ASN dispose de tous les résultats permettant de donner l’autorisation aux tranches qui ont passé leur quatrième visite décennale pour une durée d’exploitation supplémentaire de 10 ans.
Rappelons également que les tranches construites par Westinghouse aux USA et qui ont servi de référence aux tranches françaises de Fessenheim (Beaver Valley) et de Bugey (North Anna) ont reçu des autorités de sûreté américaines l’autorisation d’être exploitées pendant 60 ans et d’autres l’autorisation pour une exploitation jusqu’à 80 ans.
Lorsque l’on connait les exigences de construction des tranches françaises, leur niveau de maintenance et d’exploitation, les contrôles diligentés par l’ASN qui est une autorité non seulement totalement indépendante mais dont le niveau de compétence est remarquable, les Français doivent leur faire confiance chaque fois qu’elles accorderont une autorisation d’exploitation de 10 ans supplémentaires.


Ma position est claire : ces outils industriels sûrs, bien exploités et bien surveillés par une ASN indépendante sont des atouts incomparables pour notre pays :
1. Ils sont sûrs,
2. Ils sont parfaitement modulables en puissance,
3. Ils fiabilisent le système électrique français et européen,
4. Ils produisent une électricité abondante et compétitive,
5. Ils ne rejettent que 6 g de CO2 par kWh,
6. Ils sont donc indispensables pour la minimisation des rejets de CO2 et lutter contre le réchauffement climatique.
Il faut donc les garder en exploitation tant que l’on n’aura pas atteint les limites de la sûreté.

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