C’est un mensonge que de vous faire craindre les déchets qui ne feront jamais de mal à personne

Les déchets sont dangereux il est vrai.

Ainsi un terril a-t-il explosé en 1975 (Calonne-Ricouart, 6 morts) en répandant largement ses déchets radioactifs (dénoncés comme tels dans les terrils par Robin des Bois, 2009). On convient que des morts consécutifs à l’explosion chimique sont regrettables. Mais la pollution par déchets radioactifs est un sujet infiniment plus grave. Un sujet qui s’impose d’abord à toute la collectivité par les déchets radioactifs répandus par les explosions aériennes des bombes atomiques. Qui est né au début des années 60 a vu sa prime jeunesse passée à respirer de l’air radioactif (début en 1945, une explosion tous les trois jours durant toute l’année 1962 – rien que ça! – et quelques tirs encore après). Une jeunesse passée aussi à manger des salades radioactives et à boire du lait qui ne l’était pas moins.
Cette radioactivité, d’ailleurs, n’a fait que s’ajouter à celle, naturelle, de la Terre dont une bonne moitié vient du radon. À Brest il remplit les caves de chaumières dont les habitants ne comprennent pas qu’on leur en interdise désormais l’accès (depuis des générations on s’y rendait sans problème aucun, Gast!) tandis qu’il s’étend sur la rade et rentre dans les bassins où sont entretenus les sous-marins dont les détecteurs de radioactivité ambiante peuvent se mettre à crépiter, comme il en a été de certains détecteurs de centrales nucléaires au passage du nuage de Tchernobyl qui n’a guère fait plus qu’entretenir une radioactivité ambiante. 
Que Diable donc, nous n’avons eu cesse d’être irradiés. On tremble d’ailleurs pour ceux qui, plus fortunés, vont prendre leurs vacances au Kerala (splendides plages 10 fois – au moins – plus radioactives qu’en France). Où en Iran (Ramsar, 100 plus radioactif qu’en France). Voire encore s’en vont en cure à Berthemont-les-Bains dont les eaux du Mercantour sont vantées pour leurs bienfaits radioactifs.
Que penser aujourd’hui d’une agence, (certes une agence d’État, horresco referens évidemment) chargée de soustraire chacun d’entre nous aux effets néfastes des déchets radioactifs? De tous les déchets. Notamment de ceux de la médecine (et oui), des industries alimentaires (et oui!), de l’horlogerie (les aiguilles au radium et oui! ) des laboratoires de recherche (et oui!) etc. Vu la radioactivité qui nous entoure (voir la carte IRSN du césium radioactif déposé en France de 1945 à 1980) on ne peut penser que du bien d’en avoir moins autour de soi. Cette agence stocke sans problèmes aucuns (on ne vous le dit pas) les déchets à courte durée de vie (CIRES, CSA). Ceux à longue durée de vie sans problèmes aussi (sur place les déchets de faible activité, le reste à La Hague). Y a-t-il quelqu’un d’entre vous qui a ou ait eu un problème avec ces déchets à longue durée de vie ? (Réponses : non).
Pour autant on vous fait peur avec des déchets de durée de vie de plusieurs siècles (pour certains il faut compter en millions ou milliards d’années – pas plus, parce qu’à 4 milliards d’année on aura d’autres problèmes avec un soleil grossissant jusqu’à nous détruire). En revanche personne (?) ne craint les déchets dangereux de durée de vie parfaitement illimitée. Le cadmium des piles. Le plomb qui décore les verres de couleur aimés de vos enfants, ce plomb si toxique dont on jette des milliers de tonnes dans la nature chaque année avec des batteries de voiture non correctement recyclées. L’aluminium aussi. Sans compter les perturbants endocriniens: alkyphénols, phtalates, bisphénol, parabènes, triclosan, hydroxyanisol butylé et butylehydroxytoluène, etc.
En un mot, si vous avez peur des déchets – vaste programme – on peut suggérer comme urgent de traiter avec force les déchets qui peuvent nuire, voire le font aujourd’hui s’agissant de vous et de vos enfants sans qu’on vous le dise. C’est un mensonge que de vous faire craindre ceux qui ne feront jamais de mal à personne, que ce soient vos enfants, les enfants de vos enfants …et assurément jusqu’à la fin du monde (4,5 milliards d’année). À savoir les déchets nucléaires de vie longue (et pas illimitée) Ils vont être enterrés à Bure. Pourquoi d’ailleurs ne resteraient-il pas à La Hague ce qui ne gêne personne? L’enfouissement profond est une meilleure solution.


Patrice Puy-Montbrun

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L’EPR ou comment l’Allemagne a lâché la France

Par Guy Turquet de Beauregard

 

Prenez l’inconsistance et le manque d’intérêt des politiques français pour l’industrie et l’énergie; ajoutez la perte de compétence dans la gestion de grands projets par EDF et AREVA; versez l’absence d’une  politique énergétique européenne;  saupoudrez le tout des ambiguïtés allemandes. Vous obtenez la recette de l’EPR[1] français.

 

Les deux réacteurs EPR franco-chinois tournent en Chine sans problème depuis 2019. Pendant trente ans, le programme français de production d’électricité par l’énergie nucléaire a été une réussite exemplaire avec 58 réacteurs, construits en un temps record, qui peuvent durer au moins 50 ans. Comment expliquer alors que l’EPR de Flamanville accumule les déconvenues, les retards et les dépassements de coûts ?

 

 Le projet EPR démarre dès 1987 avec jacques Chirac alors premier ministre, puis avec Michel Rocard qui lui succède à Matignon. Ils contraignent EDF à proposer, sur l’autel de la coopération franco-allemande, un réacteur conçu et produit en commun destiné aussi à l’export avec une puissance limitée à 600 MW.

 

EDF en bon petit soldat propose en 1992 un avant-projet de réacteur à partir d’une conception commune entre Framatome et l’allemand Siemens-KWU. Un dossier d’option de sûreté, pièce essentielle du projet décrivant en détail le réacteur et son fonctionnement, est déposé en 1994 auprès des autorités de sûreté française et allemande. Le projet avance correctement jusqu’à l’arrivée en 1997 de Lionel Jospin, premier ministre de cohabitation de Jacques Chirac.

 

1997, année de gel du nucléaire

 

1997 est l’année où l’on renonce à une politique de long terme de l’énergie en France et en Europe. Dominique Voynet, anti-nucléaire notoire, devient ministre de l’Environnement. Le projet EPR se fige. Suit dans la foulée l’arrêt de Superphénix réacteur à neutrons rapides dont la France a été pionnière et qui est aujourd’hui repris par les grandes puissances nucléaires. Lionel Jospin exige d’EDF qu’elle renonce à construire une centrale nucléaire au Carnet près de Nantes. Travailler dans le nucléaire devient honteux, notamment chez les jeunes. L’année 1998 voit aussi, en Allemagne, le triomphe électoral des Verts et la décision d’abandonner progressivement l’énergie nucléaire. Le doute s’instille dans l’esprit de beaucoup de citoyens, décideurs, investisseurs. Or, le nucléaire plus que tout autre source de production d’électricité, se gère sur le très long terme. Presque un siècle entre les études, la construction d’un réacteur, son exploitation et son démantèlement.

 

Une des conséquences du manque de continuité du programme nucléaire français a bien été décrite dans le rapport Folz de 2019 consacré à l’EPR : perte de savoir-faire des parties prenantes, touchant aux aspects industriels tels que la conception, la construction et le contrôle-qualité des réacteurs; perte  d’expérience managériale tant chez les responsables et les équipes d’EDF ou Framatome que chez les sous-traitants (cuves, tuyauteries, systèmes de contrôle-commande, béton, etc.) ; perte de connaissance dans la gestion de grands projets à EDF et Framatome ; besoin d’une main d’œuvre qualifiée pour l’EPR de Flamanville recrutée trop rapidement et insuffisamment formée aux contraintes « qualité » du nucléaire; besoin de renforcer, à tout niveau, l’assurance-qualité afin d’éviter les trop nombreux contrôles de l’autorité de sûreté nucléaire. Voilà pourquoi si l’on veut  donner une continuité et une visibilité à cette industrie, il est essentiel que l’État s’engage sur la commande de six réacteurs EPR pour remplacer ceux du début du programme français. C’est le seul moyen pour reconstituer les compétences de la filière nucléaire française.

 

L’Allemagne change de stratégie

 

 Aux hésitations des dirigeants politiques français s’est ajoutée la déconvenue allemande pour ne pas dire la trahison. Un des principaux atouts de la France dans la compétition internationale venait des retombées scientifiques, technologiques générées  par le nucléaire dans beaucoup d’autres domaines industriels, comme la science des matériaux, la métallurgie, la chimie, les domaines de l’énergie verte, la santé, l’industrie des semi-conducteurs et des composants électroniques, les services informatiques, les technologies numériques ou le calcul scientifique. En outre, l’économie française a bénéficié d’un avantage compétitif avec une électricité bon marché, grâce à ses centrales nucléaires. Un avantage qui va peu à peu disparaître, sous la pression de l’Allemagne, avec les directives européennes qui remettent en cause la notion de service public et obligent EDF à fournir une partie de sa production d’origine nucléaire à ses nouveaux concurrents au prix coûtant (dispositif ARENH). Parallèlement, EDF doit filialiser son activité distribution. 

 

À l’origine, la coopération franco-allemande donnait un leadership technologique à la France sur le nucléaire. D’autant qu’Areva traitait les déchets des centrales allemandes. En 1998, Gerhard Schröder, allié avec les Verts, décide d’abandonner à terme l’énergie nucléaire. Le chancelier social-démocrate a déjà en ligne de mire le basculement de la politique énergétique allemande. Il entend privilégier le gaz russe, à travers notamment le projet de gazoduc North Stream 2. Le coup de grâce à cette coopération franco-allemande sera donnée par Siemens, puis par Angela Merkel. Le groupe allemand se retire du projet EPR, en 2009, rompt son alliance avec Areva, au profit d’une autre avec le russe Rosatom. Les Français se retrouvent seuls.

 

En 2011, Angela Merkel profite de l’émotion causée par la centrale de Fukushima pour décider unilatéralement, sans concertation, l’abandon d’ici à 2022 de toute production d’électricité d’origine nucléaire. La chancelière a toujours eu une fibre écologiste. À l’époque de Fukushima, elle avait besoin des Verts pour asseoir sa majorité dans quelques Läender. Ce faisant, elle fait d’une pierre plusieurs coups. Elle pousse le développement de l’éolien et du solaire, où les industries allemandes ne sont pas trop mal placées, à la grande satisfaction des écologistes. Elle mise à long terme, sur le gaz russe à des conditions de prix intéressantes. En attendant, pour assurer la transition, elle fait tourner les centrales à charbon, un minerai dont l’Allemagne et son voisin polonais sont abondamment dotés. Résultat :  la production d’électricité allemande émettait en 2019 près de dix fois plus de CO2 par kWh qu’en France. Enfin, elle fait un croche-pied à son partenaire français qui se retrouve avec une filière nucléaire d’autant plus déstabilisée qu’EDF est pris en étau entre les exigences de Bruxelles et celle des écologistes français et allemands qui obtiennent la fermeture de la centrale de Fesseinheim. Or, l’autorité de sûreté française avait décerné un satisfecit en 2018 quant à la sûreté de la centrale, en particulier vis-à-vis des risques sismiques ou d’inondation. Pour EDF et pour la France, cet arrêt a un prix très élevé. Outre le caractère décarboné de l’énergie produite, le manque à gagner, chaque année, des 10 TWh de cette centrale représente, sur dix ans, plusieurs milliards d’euros.

 

Les errements de la politique française, avec l’absence d’une vision à très long terme et les manœuvres allemandes risquent d’obérer le développement d’EDF et d’entraîner ipso facto une augmentation du prix de l’énergie, tant pour les ménages que pour les entreprises françaises nuisant ainsi à notre compétitivité. Un des derniers avantages comparatifs qui nous restait, notamment face à l’Allemagne.

 

 

 

Un graph dans le texte :

 Production nette d´électricité en 2019 en France métropolitaine et en Allemagne 

 

La moitié des énergies renouvelables en France est fournie par l’hydraulique.

 

 

Deux modèles profondément différends

L’ Allemagne exploite deux parcs de production en parallèle d´une puissance totale d´environ 224 GW fin 2019 pour une pointe de consommation de 82 GW (en cas de vague de froid décennale). Le parc conventionnel dispose de 100 GW et le parc d’énergies renouvelables de 124 GW dont 110 GW sont des sources intermittentes (éolien, solaire).

Deux piliers de la production d’électricité conventionnelle seront supprimés dans les années à venir, avec la sortie du nucléaire d’ici fin 2022 et l’abandon progressif de la production d’électricité à base de houille/lignite à l’horizon 2038.

 

La puissance installée en France est de 135 GW avec une pointe autour de 101 GW en cas de vague de froid décennale. La puissance pilotable est d´environ 84 GW (nucléaire, thermique à flamme et bioénergies) et doit compter au minimum sur l’hydroélectricité pour passer la pointe en cas de vague de froid sévère. Le gouvernement français s’est engagé à fermer les dernières centrales à charbon d’ici à 2022 et prévoit de fermer 14 réacteurs sur 58 d’ici à 2035 pour atteindre 50 % de nucléaire dans la production électrique .

 

La source des deux graphiques est Allemagne-Energie

 

 

 


[1] EPR (European Pressurized Reactor), réacteur nucléaire à eau pressurisée, de troisième génération pour la production d’électricité.

Lettre à RTE (déclinaison) : consultation publique sur les scénarios 2050

Chambéry le 21juillet 2021

Monsieur le Président de RTE Xavier Piechaczyk

Immeuble Window
7C, Place du Dôme 92073 LA DEFENSE Cedex

Objet : consultation publique sur les scénarios 2050

Détournement en lettre miroir (pour le nucléaire)de la lettre pour les énergies renouvelables qui vous a ététransmisele 05 mars 2021 par 130 polytechniciens.

Au moins 130 autres «X» devraient pouvoir également se trouver pour signer cette «lettre miroir» qui plaide pour un choix opposé (donc pour le nucléaire) avec quasiment les mêmes arguments…Monsieur le Président, Le 27 janvier dernier, RTE et l’Agence internationale de l’énergie ont publié leur étude commune sur les « conditions et prérequis en matière de faisabilité technique pour un système électrique avec une forte proportion d’énergies renouvelables à l’horizon2050 », et ont ouvert simultanément la consultation publique sur le cadrage et les hypothèses des scénarios du Bilan prévisionnel long terme « Futurs énergétiques 2050 ». L’étude comme le document de consultation témoignent de la rigueur et du sérieux qui ont animé vos équipes lors de leur rédaction et nous tenons en premier lieu à saluer ce travail qui marque incontestablement un jalon décisif dans les réflexions en cours sur les perspectives du système électrique français.Dans cette étude, RTE et l’AIE ont mis en évidence quatre ensembles de conditions techniques à satisfaire simultanément pour permettre l’intégration d’une proportion très élevée d’énergies renouvelables en France avec une sécurité d’approvisionnement assurée.Ces conditions sont indubitablement des défis irréalisables, et les signataires de cette contribution partagent trois convictions :

1) ces défis sont fous et n’ont jamais été relevés ensemblepar le passé,

2) les solutions techniqueset technologiques invoquées pourrelever ces défis n’existent pas pour la plupart,

3) la France dispose d’atouts importants qu’il s’agit de ne pas gâcher dans ces fadaises:elle a même vocation à exercer un rôle industriel de premier plan dans le secteur nucléaire en plein essorauplan mondial. Réunis par ces convictions et par leur implication dans le secteur de l’énergie au travers d’un large panel de fonctions et champs d’expertise, les 17 signataires de cette contribution(et potentiellement quelques centaines d’autres) ont aussi en commun une formation exigeante qui leur a transmis, outre une solide formation scientifique et technique, l’intérêt pour l’innovationqui ne veut rien ignorer des contraintes du réel, l’esprit de conquête industrielle, le goût de prendre part au débat public et le sens de l’intérêt général.

Enfin, ils partagent la conviction qu’il en va de la responsabilité des citoyens d’aujourd’hui de ne pas hésiter à questionner les « vérités » partisanes, et de contribuer à un débat éclairé sur les choix technologiques que doitprendre notre paysau plus tôt.C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité prendre l’initiative de cette modeste contribution. Elle se gardera de commenter le contenu des scénarios envisagés : nous savons bien le travail conséquent de modélisation, de prospective et de concertation préalable qui a permis de construire ces scénarios qui mettent chacun en évidence un futur impossible, et dont on ne saurait discuter la pertinence dans une lettre de quelques pages. Mais nous tenterons d’esquisser quelques perspectives de réponse aux quatre conditions identifiées dans l’étude, après un bref rappel du contexte mondial dans lequel ces réflexions s’inscrivent et des enjeux industriels qui en découlent. Enfin, en réponse à des questions soulevées dans le document de consultation, il nous a également paruimportant de livrer quelques considérations sur l’acceptabilité comparée des énergies renouvelables et du nucléaire. L’amélioration ou le maintien de cette acceptabilité populairenous paraît être en effet une condition au moins aussi (voire plus) déterminante que les conditions techniques, pour que la France parvienne à atteindre la neutralité carbone en 2050 grâce à l’énergie nucléaire non carbonée.1.Le contexte mondial et les enjeux industriels Le secteur de l’énergie vit actuellement une révolution majeure à l’échelle mondiale. L’énergie nucléaire connaît de nouveau une belle croissance et constitue la première source de production d’électricité non carbonée dans le monde. Aujourd’hui, plus de 440réacteurs de puissance sont en activité dans 30 pays, produisant environ 11 % de l’électricité mondiale. En 2020, plus de 5GWdeproduction d’énergie nucléaire supplémentaires ont été raccordées au réseaudans le monde pour atteindre presque 395 GW. Il suffit de rappeler que plus de 50 réacteurs sont en construction, que 10années auparavantlescapacités nucléaires atteignaientà peine 375 GW, et que jusqu’à 700 GW sont prévusen 2050 par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour prendre la mesure des bouleversements qui sont à l’œuvre.Les investissements considérables réalisés dans ce domaine ne sont pas seulement guidés par des préoccupations environnementales, mais traduisent surtout une nouvelle réalité économique : l’énergie nucléaire restedésormais parmi les plus compétitives, sinon la plus compétitive. Reposant sur des moyens de production centralisés par nature et pouvant être déployés à de multiples échelles (EPR, SMR,…), elle renforce radicalement les fondements mêmes du système électrique tel que nous le connaissons. Elle offre une alternative aux productions fatales et erratiques des énergies renouvelables éoliennes et solaires.Dans un tel contexte, pour tout pays prétendant au rôle de puissance mondiale, le développement de l’énergie nucléaire n’est plus uniquement un volet de sa politique énergétique et climatique, mais elle devient aussi de plus en plus un enjeu géopolitique et un axe industriel stratégique. La France et l’Europe n’ont pas perdu la bataille industrielle du nucléaire : elle ne fait que commencer. Certes, dans ce domaine comme dans tant d’autres, des erreurs ont été commises et nous avons laissé d’autres grandes puissances mondiales prendre de l’avance, mais un rattrapage est possible dans plusieurs domainescar nous disposons de l’expertise nécessaire et d’un marché domestique encore très en deçà de son plein potentiel. La rapidité de transformation de ce secteur est telle que les cartes sont rebattues en permanence. Sur le plan technologique et industriel, la chaîne de valeur ne se limite pas aux réacteurs nucléaires : des domaines comme le stockage de l’énergie, les réseaux intelligents, la convergence avec la mobilité, voire éventuellement la production d’hydrogène, vont être amenés à jouer un rôle essentiel dans le sillage de la croissance de l’énergie nucléaire dans les mix énergétiques. Pour accompagner ces choix politiques, l’Europe semble prête à consacrer des investissements financiers considérables pour répondre aux enjeux du futur. On peut se réjouir qu’elle semble avoir pris la mesure de l’enjeu des transferts d’usage entre secteurs énergétiques avec quelques initiatives visant à faire émerger des projets industriels de grande envergure telle l’Alliance Européenne pour les Batteriesa été lancée en octobre 2017 par le Vice-Président de la Commission Européenne Maroš Šefčovič et implique aujourd’hui plus de 500 acteurs. Selon la Commission Européenne, quelque 4 à 5 millions d’emplois industriels pourraient être créés si l’UE s’imposaitcomme leader du marché des batteries. Dans le cadre de ce programme, la Commission européenne a autorisé en décembre 2019 un projet important d’intérêt européen commun (IPCEI) réunissant un consortium de 17 entreprises qui investissent 5 milliards d’euros.On peut a contrario regretter que la Commission Européenne ait été contrainte à lancer la European Clean Hydrogen Alliance le 8 juillet 2020 et établi une stratégie coûteuse qui prévoit le déploiement de 40 GW d’électrolyseurs «hydrogène» d’ici 2030 pour écrêter les aléas de la production d’électricité intermittente d’origines solaire et éolienne subventionnées alors que cette productionsera bien plus efficaceà partir d’électricité nucléaire (avec les technologies existantes, ou demain avec les réacteurs à haute température). Selon le commissaire européen Thierry Breton, ce programme permettra la création de près d’un million d’emplois (en Europe) subventionnés par tous les citoyens européens. Grâce à ces initiatives européennes, la France dispose de l’opportunité de rester dans la course nucléaire mondiale à condition que les décideurs en aient la volonté et qu’ils s’en donnent les moyensParmi les signaux encourageants :

-le Président E. Macron a pris la tête des 7 pays européens nucléophiles qui refusent la taxonomie européennequi veut exclure le nucléaire des énergies non ou peu carbonées, sans justification technique et scientifique.

-La France fait partie des 7 Etats impliqués au sein de l’IPCEI sur les batteries avec plusieurs projets d’usines en cours de concrétisation. -Un Comité Stratégique de Filière se mobilise sur la réindustrialisation dans le domaine de l’énergie nucléaire. Si nous avons jugé utile de rappeler ainsi le contexte et les dispositions prises par l’Europe et la France dans ces domaines, c’est pour montrer que notre conviction que la France peut exercer un rôle industriel de premierplan dans le domaine du nucléaire s’appuie sur des éléments tangibles. Au-delà des stricts enjeux industriels liés à la fabrication d’équipements (rappelés ci-dessus), s’agissant des futures capacités de production d’électricité,les enjeux économiques sont tout aussi considérables puisqu’il s’agit d’assurer la compétitivité de notre mix électrique, qui grâce au nucléaire est déjà un des moins chers d’Europe(les Allemands paient leur électricité 70% plus cher), la France détenant aussi le record mondialdes exportations nettes d’électricité(plus de 10 % de sa production). L’étude publiée parla Société française d’énergie nucléaire (SFEN) apporte des éléments indiscutables pour attester de cette compétitivité d’un mix électrique reposant sur une part très élevée de nucléaire. En termes d’emplois, la production d’électricité nucléaire n’est pas un gisement négligeable. Forte de ses 220 000 professionnels répartis dans 2 600 entreprises, la filière nucléaire est la 3ème filière industrielle française derrière l’aéronautique et l’automobile. L’essentiel des emplois à haute technicité de la filière n’est pas délocalisable. C’est dans ce cadre que des milliers d’ingénieurs et entrepreneurs, dont les signataires de la présente ne constituent qu’un infime échantillon, travaillent depuis plusieurs années, avec le succès que l’on connaît,pour relever les quatre défis techniques qui, selon le rapport AIE/RTE conditionneront la réussite de la transition vers un mix électrique respectueux des Accords de Paris pour le Climat, qui ne pourra se passer d’une part importantede nucléaireà l’échelle du système électrique européen interconnecté.

2. Les solutions existantesComme indiqué en préambule, les quatre conditions techniques (maintien de la stabilité du système électrique, développement des flexibilités pour garantir la sécurité d’alimentation, fonctionnement des réserves opérationnelles et développement des réseaux d’électricité) ne peuvent pas être satisfaite pour l’essentiel par les énergies renouvelables intermittentes. Pourquoi se priver alors des solutions existantes offertes par la filière nucléaire?Il s’agit ici de partager notre vision de quelques solutions et d’exemples illustrant le niveau de maturité déjà atteintgrâce à de l’énergie nucléaire:

a. Prévisions de production L’amélioration de la précision des prévisions météorologiques peutfaciliter les prévisions de consommation et la programmation des indisponibilités périodiques des unités nucléaires. A titre d’exemple, le projet européen Smart4RES piloté par les Mines Paris Tech a été lancé fin 2019 pour développer des modèles de prévision météorologique à très haute résolution, capables d’intégrer des données issues de sources multiples. Le fait de pouvoir couvrir les besoins de prévisions de différentes échelles de temps (quelques minutes, quelques heures ou quelques jours) avec un seul modèle météo et non plusieurs, constituerait une rupture significative dans la performance de la prévisionpour exploiter un mix intégrant des énergies renouvelables fatales. Toutefois, en conservant au moins 70 à 75 % de production nucléaire«tout temps» (elle ne dépendpas du vent et du soleil) dans notre mix électrique, la France peut se passer de cette coûteuse recherche.

b. Grid forming Les nouvelles générations d’onduleurs ont la faculté de mieux communiquer avec le réseau et peuvent contribuer à sa stabilité en tension. A titre d’exemple, le projet MIGRATE (Massive InteGRATion of power Electronic devices) piloté par le gestionnaire de réseaux TenneT et réunissant 10 gestionnaires de réseau, 12 centres de recherche et le groupe Schneider, a permis de développer des solutions technologiques innovantes pour le contrôle des onduleurs et de les valider sur du matériel à échelle réduite. Mais ces recherches et ses investissements coûteux peuvent être évités avec un mix bien doté en moyensélectronucléairesà l’échelle du système interconnecté.

c. Flexibilités (hors stockage) Il existe plusieurs leviers possibles de flexibilité permettant de pallier les contraintes que peuvent entraîner sur le réseau toute production massived’électricité pourcorrespondre instantanément à la demande.

-Le pilotage de la demande : il peut prendre la forme d’un effacement rémunéré, une solution déjà mature qui fait l’objet de contrats avec de nombreux industriels ainsi que d’une valorisation dans le cadre du marché de capacité. L’effacement peut également s’envisager de façon diffuse, notamment en France qui est un territoire idéal du fait de l’importance du chauffage électrique dans le parc immobilier résidentiel. Cet effacement diffus est un relais de développement qui sera indispensable pour atteindre les objectifs prévus par la PPE (6,5 GW de capacité d’effacement à l’horizon 2028). Le pilotage peut aussi prendre la forme d’une optimisation du profil de consommation, via une gestion dédiée des appareils dont le fonctionnement peut être décalé au moment le plus opportun. Le déploiement des compteurs Linky permet d’améliorer encore cette modulation de la demande en transmettant des signaux prix incitatifs à un ajustement vertueux de la courbe de charge. D’immenses progrès sont encore possibles dans les années à venir, par exemple s’agissant du potentiel de stockage de chaleur dans le résidentiel après rénovation thermiqueet du stockage de froid dans de nouvelles machines frigorifiques à forte inertie thermique. Plus généralement, les réacteurs nucléaires étant relativement flexibles en France, le cadre réglementaire sera adapté afin de les rémunérer à leur juste valeur. Ces modes de valorisation ont faitl’objet en 2017 d’une étude très détailléedu cabinet E-Cube pour le compte de la CRE.

d. Stockage de la production (court ou moyen terme)

Qu’il s’agisse de maintenir la stabilité du système électrique, de garantir la sécurité d’alimentation, d’améliorer la prévisibilité et la pilotabilité du nucléaire ou d’accompagner le développement des réseaux d’électricité, le stockage est une solution. Or, l’affirmation usuelle selon laquelle « on ne sait pas stocker l’électricité » n’est plus totalement de mise : outre les STEP qui assurent cette fonction quotidiennement depuis 40 ans, le stockage de l’électricité parbatteries connait un développement accéléré dans le monde, grâce à une baisse de coût très rapide sous l’impulsion de la montée en puissance des capacités de production utilisées pour fournir les véhicules électriques. Toutefois, il ne peut apporter une solution adaptée aux besoins de régulation des grands systèmes électriques. A terme, l’arrivée de batteries en seconde vie ouvre la perspective d’une forte réduction supplémentaire des coûts peut favoriser le développement des infrastructures de charge rapide des automobiles électriques.Le déploiement des batteries peut cependant trouver son emploi notamment au travers :-De centrales hybrides qui font la preuve de leur compétitivitéface aux centrales thermiques de pointe ou qui permettent la fourniture d’électricité dans les zones non-interconnectées à des conditions économiques plus compétitives que les moyens de production thermique existants.Par exemple, en Corse et en Outre-Mer, le prix moyen pondéré des installations au sol lauréates des récents appels d’offres CRE« ZNI » est de 78,4 €/MWh2. -D’installations de stockage stationnaires utilisées pour fournir des services systèmes aux réseaux. Plus de 5 GW de capacités de stockage sont ainsi en cours de développement ou de construction au Royaume-Uni, grâce à la présence d’un marché de services-systèmes bien conçu. En France, le projet RINGOvise à installer des batteries près des postes sources du réseau afin de constituer des « lignes électriques virtuelles » évitant ainsi des investissements plus coûteux dans de nouvelles lignes ou le renforcement des postes. -De batteries de stockage associées à des installations en autoconsommation diffuses. Encore très peu présentes en France, ces projets font l’objet d’un fort développement en Allemagne avec plus de 200 000 installations. Ces batteries domestiques peuvent être mobilisées de façon coordonnée pour contribuer à la stabilité du réseau, comme le démontre l’initiative menée par l’entreprise Sonnen et le gestionnaire de réseau TenneT. -Concernant le stockage d’électricité il convient néanmoins de rappeler que la «pile» la plus efficace restera longtemps la «pile atomique» appelée désormais «réacteur nucléaire » qui a la capacité de stocker, sur de longues ou courtes durées selon la demande, des quantités massives d’électricité sous forme d’uranium rechargeable.e. Production d’hydrogène et stockage inter-saisonnier Comme évoqué précédemment, l‘hydrogène est une impasse technique et financière. Son développement n’a aucun intérêt puisqu’il ne permet pas de valoriser l’électricité produite en excès par rapport à la demande immédiate, y compris sous d’autres formes (hydrogène ou gaz de synthèse). Cette solution n’est donc pas pertinente. L’utilisation directe de l’électricité est plus efficace pour faire de la chaleur plutôt que de perdre du rendement pour en faire de l’hydrogène puis de nouveau de l’électricité(rendement médiocre de 25%), et en plus cela suppose des réseaux adaptés. Au-delà de tous ces moyens de stockage limités, RTE fait part dans son étude d’un besoin de stockage de longue durée, de type inter-saisonnier, en complément des barrages hydroélectriques qui jouent un rôle majeur en France. Ce stockage doit permettre d’utiliser au mieux la production d’énergie nucléaire au long de l’année et de la répartir entre les différents usages, y compris éventuellement par transformation et injection via le réseau de gaz ou de réseaux dédiés à l’hydrogène. Ce besoin de stockage massif et longue durée est encore plus prégnant dans des pays qui ne disposent pas ou de trop peu de barrages hydroélectriques.Parmi toutes les innovations qui constituent le panel des solutions de stockage long terme à notre disposition, c’est sans doute dans ce domaine que subsistent encore les verrous technologiques et économiques les plus significatifs. C’est donc aussi là queles efforts de R&D devrait être les plus soutenus.

3 – 63. L’acceptabilité des nouveaux projets nucléaires Si les solutions techniques existantes présentent un potentiel qui laissent à nos yeux peu d’inquiétudes sur leur capacité à accompagner les différents scénarios détaillés par le document de consultation, il n’en demeure pas moins que les aspects techniques ne sauraient être les seuls critères permettant d’évaluer la faisabilité d’un scénario. L’amélioration ou le maintien de l’acceptabilité de ces développements constitue en effet une condition au moins aussi déterminante. Cette acceptabilité nous semble devoir être multidimensionnelle : sociale, économique et environnementale. a. Acceptabilité sociale L’adhésion des Français au développement du nucléaire se trouvera d’autant plus pérenne que le nucléaire occupera pleinement sa place dans les territoires, en participant à la réappropriation citoyenne du sujet énergie ou en contribuant à la création d’emplois locaux, en lien avec les projets ou avec les initiatives industrielles déjà évoquées. Des instruments tels que le financement participatif local,ou les offres de fourniture d’électricité en circuit court, sont également des leviers importants pour susciter l’appropriation locale des projets. Il ne s’agit pas pour autant d’ignorer que certains projets peuvent susciter des mouvements de rejets locaux, au même titre que pour tout projet présentant une certaine ampleur. Cet enjeu de l’acceptabilité est donc crucial pour prévenir le risque de se trouver dans quelques décennies face à une pénurie de production faute d’avoir pu faire naitre suffisamment de projets, quels qu’ils soient. Consolider un solide retour d’expérience en analysant les facteurs de succès et d’échec des projets permettrait d’améliorer leur acceptabilité et leur intégration dans un territoire donné. Il s’agit d’un champ de recherche qui gagnerait à être approfondi, en s’appuyant sur les travaux déjà existants. b. Acceptabilité économique L’acceptabilité économique suppose que les différents scénarios ne se traduisent pas par une augmentation déraisonnable du prix du kWh pour le client final. Nous comprenons que ces aspects économiques feront l’objet d’un volet ultérieur de l’étude, mais en attendant sa publication, on peut d’ores et déjà noter que d’autres études ont conduit à des conclusions rassurantes sur cette question.L’étude publiéepar la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), aboutit ainsi à un prix moyen de 33 €/MWhpour le nucléaire historique(horscouverture financière de renouvellement qui conduirait à 45 €/MWh), et à 70 €/MWhpour le nouveau nucléaire de série qui bénéficierait d’une garantie d’un Etat stratège.Bien que la Cour des comptes évalue le coût de production de l’EPR de Flamanville entre 110 et 120 €/MWh correspondant à une tête de série, il faut le comparer à l’éolien offshore dont le coût de production d’environ 150€/MWh, hors externalités nécessaires pour payer les raccordements aux réseaux continentaux les plus proches et pour compenser son intermittence. Flamanville est un moyen de production pilotable ayant une valeur supérieure au sein du système électrique.La Cour des Comptes, dans unrapport de 2018sur les coûts des différentes filières renouvelables, faisait état d’ «un soutien financier très élevé» de 121 milliards d’Euros de subventions engagés jusqu’en2018 pour des contrats arrivant à échéance au bout de vingt ans.A contrario, la construction de l’EPR de Flamanville, comme celle du parc historique,a été entièrement portée par les finances d’EDF.L’enjeu économique nous parait être double : d’une part mettre en place les bons signaux régulatoires pour rémunérer chaque service rendu au réseau, y compris les services assurantiels très peu utilisés ; d’autre part dépasser les notions de strict LCoE par énergie pour aller vers des calculs de coût complet d’usage du système énergétique, en accord avec les préconisations déjà formulées dans l’étude de RTE et de l’AIE. Toutes les projections financières montrent le rôle décisif des taux d’intérêt dansla rentabilité du nucléaire: l’intégration de cette énergie dans la taxonomieEuropéenne, réclamée par le Présidentde la Républiqueco-signataire de la demande avec plusieurs autres pays de l’UE, permettra 7d’amener les taux à des niveaux aussi bas que les «tauxde financement verts» des énergies renouvelables, et feradu kWh nucléaire un des plus compétitifs pour longtemps. c. Acceptabilité environnementale D’innombrables contre-vérités circulent sur la question de l’impact environnemental du nucléaire. Jusqu’à présent, elles n’ont pas réussi à entamer l’adhésion d’une majoritédeFrançais qui continuent de la considérer comme une source d’énergie à développer. Toutefois, il n’en reste pas moins indispensable de rétablir la vérité sur un certain nombre de sujets : -Non, le nucléaire ne dégrade pas le bilan carbone du mix électrique français (il l’améliore grandement). L’ADEME indique explicitementque le nucléaire est le moyen de production d’électricité qui émet le moins de CO2 (6 gCO2/kWh).Tout projet nucléaire qui remplacera un projet photovoltaïque en divisera les émissions de CO2 par un facteur supérieur à dix (6 gCO2/kWh nucléaire, 56 gCO2/kWh solaire selon l’ADEMEprécité).-Non, le nucléaire ne laissera pas des tonnes de béton dans le sol après son démantèlement. La loi impose en France un démantèlement complet de l’installation, dont les fondations doivent être excavées, ainsi qu’un recyclage des matériaux qui la composent. -Non, le recyclage et les déchets ne constitue pas une difficulté.Oui, le nucléaire est l’énergie la moins prédatrice de solsen comparaison des alternatives à la mode.Cette contribution ne prétend pas à l’exhaustivité, mais il nous asemblé utile de partager ces réflexions, sans occulter les obstacles qui restent à franchir pour arriver à une solution complète et pleinement satisfaisante, mais sans non plus tomber dans un excès d’alarmisme qui pourrait conduire à renoncer à un bien envié dans le monde et de le sacrifier à des objectifs alternatifs très réducteurs.Comme des milliers d’autres ingénieurs qui s’engagent résolument et consacrent toute leur énergie pour trouver les meilleures solutions face aux défis climatiques et énergétiques, nous sommes attentifs à l’évolution rapide des technologies et nous souhaitons que la France prenne toute sa place dans cette dynamique mondiale afin d’avoir la maitrise de ces technologies et par voie de conséquence d’atteindre dans les meilleures conditions possibles les objectifs climatiques qu’elle s’est fixés. Nous affirmonsque le maintien d’une parttrès élevée d’électricité d’origine nucléaire est non seulement possible mais souhaitable au niveau de la France et à l’échelle européenne à l’horizon 2050. Il s’agit de l’opportunité d’accroître notre souveraineté énergétique, d’atteindre l’objectif deneutralité carbone fixé par la SNBC, tout en sauvegardant la compétitivité de notre mix électrique. Cette ambition est à notre portée sous réserve:1)de veiller à l’acceptation des projetset à ce que ceux-ci profitent à tous notamment par le développement d’emplois industriels sur les territoires,2)d’investir dans la R&D, afin de franchir les derniers obstacles au développement massif de solutions de stockage de longue durée, 3)et d’accompagner cette reconfiguration du système énergétique par une adaptation du modèle de marché et de sa régulation, afin de valoriser tous les services que ces évolutions rendront nécessaires. Nous vous remercions pour l’attention que vous aurez portée à cette contribution et vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de nos respectueuses salutations. Les 17signataires signent en leur nom propre et n’engagent pas les associations auxquelles ils sont rattachés…

Michel Gay

Jean Fluchère

Jean-Luc Salanave

Jean-Paul Fayolle

8

David Sauvé

François Vissac

Jean-François Aulon

Bertrand de Reviers

Hervé Bérard

Daniel Fischer

Serge Houdbine

Didier Crépin

Thierry Bonnet

Michel Karatchentzeff

Jacques Marlot

Jean-Pierre Robin

Pierre Clauzon….

Et au moins 130 autres«X» devraient pouvoir aussi se trouver pour signer cette «lettre miroir» en faveur du nucléaire, notamment parmi les 250 polytechniciens qui vous ont écrit une lettre ouverte le 04 mars 2021… en faveur du nucléaire.

Taxonomie : La lettre des pays réfractaires au nucléaire

Monsieur Frans Timmermans 

Vice-président exécutif pour le Green Deal européen

M. Valdis Dombrovskis 

vice-président exécutif pour une économie au service des personnes 

Mme Mairead McGuinness 

Commissaire aux services financiers, à la stabilité financière et à l’union des marchés des capitaux 

M. Virginijus Sinkevičius 

Commissaire à l’environnement, aux océans et aux pêches 

Chers Vice-Présidents Exécutifs, Chers Commissaires,

 Nous, les ministres soussignés d’Allemagne, d’Autriche, du Danemark, du Luxembourg et d’Espagne, souhaitons remercier la Commission européenne d’avoir achevé le premier acte délégué de la taxonomie Régulation. Il est basé sur un travail impressionnant et important. La décennie en cours sera déterminant pour notre chemin commun vers la neutralité climatique et un système économique respectueux de nos les limites de la planète.

 À cet égard, il est essentiel que nous ayons une taxonomie crédible et axée sur les objectifs déterminer le degré de durabilité environnementale d’une activité commerciale sur toute sa durée de vie cycle. La Taxonomie peut ainsi apporter une contribution décisive au financement de la Green Deal et la transition verte. Cela a été souligné par une série d’acteurs du secteur financier, le monde universitaire et la société civile, et à juste titre. 

Les récentes commémorations à l’occasion des anniversaires des catastrophes nucléaires de Fukushima et Tchernobyl ont rappelé avec force les dangers de la technologie nucléaire. 

Pour cette raison, nous avons été déconcertés d’apprendre que, de l’avis du Joint Research Centre (CCR), rien n’indique que la technologie à haut risque qu’est l’énergie nucléaire soit plus dommageable pour la santé humaine et l’environnement que d’autres formes d’énergie production, comme l’énergie éolienne et solaire. Nous pensons que cette idée fausse est due à deux graves lacunes méthodologiques dans le rapport du CCR : 

1. Le CCR néglige de traiter le risque nucléaire résiduel, n’évaluant que les exploitation des centrales nucléaires. 

Ainsi, au tout début de son évaluation le CCR ignore les accidents de réacteur nucléaire potentiellement graves et leur coût en termes de vies, de santé et de pans entiers de terres devenant inhabitables sur de longues périodes de temps.

Selon le CCR, le risque résiduel de l’énergie nucléaire peut être ignoré parce que les évaluations d’autres activités économiques telles que la production d’électricité de l’énergie éolienne sont également axés sur le fonctionnement normal. 

Cependant, l’énergie nucléaire est un technologie à haut risque – l’énergie éolienne ne l’est pas. Cette différence essentielle doit être prise en Compte.

 2. Le CCR ne tient pas compte de l’approche du cycle de vie. Faute de données empiriques, son évaluation des Les dépôts géologiques profonds sont basés sur des concepts qui n’ont pas tous fait leurs preuves. Après plus de 60 ans d’utilisation de l’énergie nucléaire, pas un seul élément combustible n’a été éliminés de façon permanente partout dans le monde. 

Nous n’avons aucune expérience opérationnelle avec des dépôts géologiques profonds pour les déchets hautement actifs. Pour les décennies à venir, il ne sera pas une solution efficace d’élimination des déchets pour les grandes quantités de déchets dangereux généré. Cela viole le principe « pas de charge excessive pour les générations futures » décrit par le CCR.

De plus, nous pensons que le choix de la manière de procéder à l’avenir est inadéquat : actuellement, le rapport du CCR est en cours d’examen par deux conseils scientifiques dont les domaines d’expertise sont limitée à la santé et à la radioprotection. Il n’y a pas de plans pour l’environnement spécifique aspects à évaluer scientifiquement par un comité ayant une expertise en sciences de l’environnement, la sûreté nucléaire et l’élimination sûre des déchets nucléaires. Cela signifie que l’examen scientifique omet la clé éléments du principe « ne pas causer de dommages importants ». Nous reconnaissons le droit souverain des États Membres de décider pour ou contre l’énergie nucléaire en tant que partie de leurs systèmes énergétiques nationaux. Cependant, nous craignons que l’inclusion du nucléaire pouvoir dans la taxonomie nuirait de façon permanente à son intégrité, sa crédibilité et donc à son utilité. De nombreux épargnants et investisseurs perdraient confiance dans les produits financiers commercialisés comme « durable » s’ils devaient craindre qu’en achetant ces produits ils financent activités dans le domaine de l’énergie nucléaire. Ce n’est que récemment que plusieurs investisseurs institutionnels de renom ont exprimé leur opposition à l’inclusion de l’énergie nucléaire. Ces voix du marché doivent être entendues. 

L’énergie nucléaire est incompatible avec le règlement de taxonomie « ne pas faire de mal significatif » principe. Nous demandons donc instamment à la Commission européenne de ne pas compromettre les courageux chemin qu’elle a emprunté pour faire de l’UE le premier marché mondial de la finance durable. Cordialement, 

Svenja Schulze 

Ministre fédéral de l’Environnement, Conservation de la nature et sûreté nucléaire ALLEMAGNE 

Léonore Gewessler 

Ministre de l’Action pour le Climat, de l’Environnement, Énergie, Mobilité, Innovation et La technologie L’AUTRICHE 

Dan Jørgensen

 Ministre du climat, de l’énergie et des services publics DANEMARK 

Simon Kollerup 

Ministre de l’Industrie, du Commerce et Affaires financières DANEMARK 

Carole Dieschbourg 

Ministre de l’Environnement, du Climat et Le développement durable Luxembourg

Teresa Ribera Rodriguez 

Vice-Premier ministre et ministre de la Transition écologique et la Défi démographique ESPAGNE 

Nadia Calviño Santamaria

Vice-Premier ministre et ministre de la Économie et transformation numérique ESPAGNE