Hydrogène : POURQUOI EMMANUEL MACRON s’est laissé séduire ?!

À: redaction@challenges.fr
Envoyé: Samedi 14 Mai 2022 18:11:58
Objet: Article « POURQUOI EMMANUEL MACRON s’est laissé séduire »

Monsieur le Rédacteur en chef

Vous avez publié, le dimanche 1er mai sous la plume de Eric LESER, un article concernant le soutien du Président de la république à l’hydrogène intitulé « POURQUOI EMMANUEL MACRON s’est laissé séduire ». » Pour l’industrie, pour l’écologie et pour la souveraineté, l’hydrogène décarboné doit permettre la croissance verte du XXI ème siècle… « 

La question fondamentale est comment produit-on de l’hydrogène décarboné ? Vous expliquez fort opportunément dans un encart les différents procédés possibles.

La production à partir des énergies fossiles est à proscrire car comme vous le dites justement 1 kg d’hydrogène brun ou noir (Lignite ou houille) génère 23 kg de CO2 et 1 kg d’hydrogène gris (Gaz Naturel) 10 kg. Il est extrêmement hasardeux d’affirmer que le prix de revient de l’hydrogène gris est de 1,5 euro par kilo en Europe durablement compte-tenu des incertitudes géopolitiques. Quant à l’hydrogène bleu obtenu aussi à partir du gaz naturel fossile, il est paré d’une couleur chatoyante car il bénéficie du privilège qui consiste à profiter de la capture et du stockage du CO2, pourquoi lui seulement ? Qui plus est à seulement 1 euro par Kg d’hydrogène produit, chiffre impossible à valider en l’état actuel du développement de cette technologie. A ce prix on peut tout peindre en bleu y compris le Noir et Le Brun.

Il est important, me semble-t-il, de raisonner sur les quantités de CO2 produites directement responsables du réchauffement climatique et pas sur des valorisations monétaires, comme c’est le cas depuis le début de l’air du pétrole.

La production à partir d’énergies décarbonées (Eolien, Solaire,Hydraulique, Nucléaire), en utilisant l’électricité produite pour séparer hydrogène et oxygène de l’eau par électrolyse. Vous introduisez  une différence de couleur le Vert et le Jaune, induisant ainsi une appréciation qui n’est plus physique mais politique, vous écrivez que le nucléaire n’est pas considéré comme renouvelable, prenant ainsi parti dans le débat qui sévit à Bruxelles et qui opposent Français et Allemands.

Vous écrivez: « Après avoir également changé d’avis subitement sur l’énergie nucléaire et annoncé il y a quelques mois une relance de la construction de réacteurs en France, Emmanuel Macron n’a cessé d’apporter un soutien appuyé et permanent à l’hydrogène ».  Il aurait été opportun d’approfondir  cette prise de position. Je fais l’hypothèse que les experts de l’énergie le mettant devant la réalité des besoins en électricité générés par ses engagements: la ré-industrialisation de la France depuis l’industrie de base, les transports jusqu’aux besoins domestiques, ne lui aient fait percevoir la dure réalité des ordres de grandeurs. Par exemple la quantité d’électricité nécessaire pour produire l’hydrogène qui permettrait de décarboner la production d’acier dans un haut-fourneau qui fonctionne 24/24 correspond à un réacteur nucléaire, l’usine Arcelor-Mittal de Dunkerque en possède 3. Je vous laisse faire la transposition à partir de l’hydrogène Vert éolien ou solaire. A moins que l’on considère qu’il ne faut plus produire d’acier en France …

La première recommandation d’un bon professeur de physique à ses élèves est de savoir évaluer les ordres de grandeurs au moment d’écrire le résultat du devoir en bas de la page. 

Avec mes sincères salutations

Claude Renoult  

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France inter – Secret d’info et dossier SAFER : procès anti-nucléaire à charge ?

Le 5 mai 2022

Madame la Directrice,

Nous avons écouté avec attention l’émission du 30 avril 2022, à 13h20 « Secrets d’Info », animée par Jacques Monin qui présente une enquête de Benoît Collombat sur les acquisitions foncières d’EDF ou de l’ANDRA pour leurs activités industrielles. Cette émission et cette enquête semblent manifestement contredire à vos obligations d’impartialité et de représentativité. En effet, de nombreux auditeurs de Radio France ont perçu cette émission comme une opération de propagande anti-nucléaire et de recherche de scores d’audience facile.

Il n’est évidemment pas question de nier le droit absolu à la libre expression des opposants à l’énergie nucléaire, même en cette période de guerre gazière et d’urgence climatique récemment médiatisée par le GIEC, rappelant l’importance de l’énergie nucléaire dans la liste des outils pouvant participer à la réussite de notre mobilisation climatique à l’échelle. Cependant, ne paraîtrait-il pas déontologique de recueillir également l’avis des ONG non anti-nucléaires pour permettre à l’auditeur de se forger plus librement une opinion ?

En effet, votre émission s’avère constituée d’une longue suite de témoignages, tous recueillis auprès de militants antinucléaires déclarés. Ces témoignages sont entrecoupés de quelques interventions, ou citations de responsables des entités mises en cause, ces interventions étant immédiatement contredites ou mises en doute quant à leur sincérité, sans preuve, mais la suspicion élusive fait manifestement partie des techniques de manipulation d’opinion utilisée par vos journalistes. Pour une démonstration censée montrer les secrets des actions des entités mises en cause, il est paradoxal de constater que de nombreux documents étaient accessibles sans difficultés, il est aussi paradoxal d’entendre au détour d’une phrase que des collectivités locales souhaitent le développement des activités concernées. Il semble regrettable que Monsieur Collombat n’ait pas souhaité aller interroger ces collectivités locales. Il n’a pas pu vous échapper non plus que l’implantation de nouvelles installations dépend de décisions politiques, ce qui oblige les entités concernées à se placer dans une démarche prospective. Cela aurait du vous éviter de porter des accusations graves et injustifiées. Enfin, puisque l’emprise du foncier semble être une préoccupation de l’opinion publique, nous vous invitons à évaluer cette emprise de la part de sites de production nucléaire par rapport à d’autres moyens de production, cela permettra assurément aux auditeurs de mesurer où se trouvent les véritables défis. Comme indiqué par nos Académies, le pays ne peut décemment pas vivre sans davantage d’électricité pilotable décarbonée, et pourtant cela n’est jamais rappelé par France inter.

Cette émission nous semble donc décevante d’un point de vue éthique et nous vous serions gré de réaliser dans le même cadre une émission qui explicite les avis opposés plutôt qu’anti-nucléaires. Ce sera probablement utile pour la culture scientifique de vos auditeurs.

Nous sommes donc conduits à vous rappeler vos obligations d’impartialité et de pluralité des opinions édictées par le CSA. La société civile est attachée à la diffusion d’une information précise, rigoureuse et objective. Nous sommes à votre disposition pour vous fournir des informations validées au plan scientifique sur les sujets touchant au climat et à l’énergie sous les aspects techniques, économiques, sanitaires ou environnementaux. Nous vous invitons en conclusion à équilibrer davantage les témoignages sélectionnés afin d’éviter de maintenir cette radio du service public dans un rôle d’officine anti-nucléaire.

Signé : Le Collectif Action Climat

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Références :

https://www.andra.fr/une-acquisition-progressive-des-terrains-necessaires-cigeo

https://www.haute-marne.gouv.fr/content/download/17790/114296/file/Cigeo-Etude_Pr%25C3%25A9alable_agricole.pdf

Email : starwatcher@orange.fr