Audition de l’ASN à l’assemblée le 24 janvier 2023 : commentaires d’André Pellen

Audition du Président de l’ASN par la commission parlementaire « Schellenberger » : https://videos.assemblee-nationale.fr/video.12773673_63cff1a1b41bb.souverainete-et-independance-energetique-de-la-france–m-bernard-doroszczuk-president-de-l-autori-24-janvier-2023

 

« Renforcer indéfiniment une sûreté nucléaire déjà très sûre » n’est probablement pas la conclusion qu’aura tiré le commun des mortels de plus de 2 heures d’une déposition brillante et finalement assez convaincante de Bernard Doroszczuk, le patron de notre ASN. Pour autant, ce que les observateurs avertis auront retenu de cette irréprochable prestation tient dans la phrase suivante : « durées et vicissitudes des instruction et réalisation du programme de construction envisagé de 6 EPR seront semblables à celles de l’EPR Fa3, à l’échelle 6 », et l’on peut considérer que la France a définitivement renoncé à la filière RNR. C’est regrettable, mais c’est bien ainsi que les choses ont toutes les chances de se passer. En effet…

 

  • Pour être édifié sur la méthode consistant en un encadrement ASN strict desdites instruction et réalisation, il suffit d’écouter monsieur Doroszczuk de la minute 53 à la minute 54 ;

 

  • Pour être édifié sur l’intransigeance déterministe de la sûreté française, dont ce monsieur se porte garant – celle qui exclue la plus petite dose de probabilisme à l’américaine – il suffit de l’écouter de la minute 1h38 à la minute 1h42 ;

 

  • Quant au fait qu’il se passera très longtemps avant que la France ne songe seulement à renouer avec la filière RNR, pour s’en convaincre, il suffit d’écouter le patron de l’ASN et son collaborateur, de 1h31 à 1h34 et de 1h59 à 2h02 : à l’évidence l’intérêt industriel, les rendements technologique et économique d’un surgénérateur au sodium pèsent si peu à leurs yeux – devant le spectre d’une sûreté de l’instrument jugée intrinsèquement défaillante – qu’ils n’en font même pas état.


Ainsi, non seulement le premier MWh des nouveaux EPR a-t-il très peu de chances de circuler sur le réseau national avant… 2040, au plus tôt, mais on tire implicitement d’un tel catalogue de résolutions que, d’ici là, la disponibilité du parc existant devrait progressivement se dégrader, à cause des programmes réguliers d’une remise à niveau de sûreté indéfinie, auxquels il n’est pas question que ce parc échappe… La pérennité d’un approvisionnent électro énergétique suffisant du pays n’est manifestement pas l’affaire d’une Autorité supra-présidentielle et supra-gouvernementale de la Sûreté Nucléaire.

En définitive, on se demande bien par quel miracle les constructeurs et les exploitants de nos quelque 60 réacteurs sont parvenus à gratifier leur pays de plus de 2000 années.réacteurs sans incident. À croire que ce pays l’a échappé belle !

André Pellen le 25 janvier 2023

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