« Renforcer indéfiniment une sûreté nucléaire déjà très sûre » n’est probablement pas la conclusion qu’aura tiré le commun des mortels de plus de 2 heures d’une déposition brillante et finalement assez convaincante de Bernard Doroszczuk, le patron de notre ASN. Pour autant, ce que les observateurs avertis auront retenu de cette irréprochable prestation tient dans la phrase suivante : « durées et vicissitudes des instruction et réalisation du programme de construction envisagé de 6 EPR seront semblables à celles de l’EPR Fa3, à l’échelle 6 », et l’on peut considérer que la France a définitivement renoncé à la filière RNR. C’est regrettable, mais c’est bien ainsi que les choses ont toutes les chances de se passer. En effet…
Pour être édifié sur la méthode consistant en un encadrement ASN strict desdites instruction et réalisation, il suffit d’écouter monsieur Doroszczuk de la minute 53 à la minute 54 ;
Pour être édifié sur l’intransigeance déterministe de la sûreté française, dont ce monsieur se porte garant – celle qui exclue la plus petite dose de probabilisme à l’américaine – il suffit de l’écouter de la minute 1h38 à la minute 1h42 ;
Quant au fait qu’il se passera très longtemps avant que la France ne songe seulement à renouer avec la filière RNR, pour s’en convaincre, il suffit d’écouter le patron de l’ASN et son collaborateur, de 1h31 à 1h34 et de 1h59 à 2h02 : à l’évidence l’intérêt industriel, les rendements technologique et économique d’un surgénérateur au sodium pèsent si peu à leurs yeux – devant le spectre d’une sûreté de l’instrument jugée intrinsèquement défaillante – qu’ils n’en font même pas état.
Ainsi, non seulement le premier MWh des nouveaux EPR a-t-il très peu de chances de circuler sur le réseau national avant… 2040, au plus tôt, mais on tire implicitement d’un tel catalogue de résolutions que, d’ici là, la disponibilité du parc existant devrait progressivement se dégrader, à cause des programmes réguliers d’une remise à niveau de sûreté indéfinie, auxquels il n’est pas question que ce parc échappe… La pérennité d’un approvisionnent électro énergétique suffisant du pays n’est manifestement pas l’affaire d’une Autorité supra-présidentielle et supra-gouvernementale de la Sûreté Nucléaire.
En définitive, on se demande bien par quel miracle les constructeurs et les exploitants de nos quelque 60 réacteurs sont parvenus à gratifier leur pays de plus de 2000 années.réacteurs sans incident. À croire que ce pays l’a échappé belle !
Dans le mail envoyé par nouveaux-reacteurs-nucleaires@debat-cndp.fr à propos du débat du 8 novembre à Paris je lis dans votre « éclairage »
1) Les mix électriques de différents pays européens: aucune comparaison dans cette page des émissions de CO2 de ces 4 pays; c’est un manque qui peut apparaitre frauduleux vus les différences frappantes
Sur 5 ans:France 64g/KWhItalie plus de 300 g/kWhAllemagne 332g/kWhGrande Bretagne 253g/kWh
2) Carte du parc des réacteurs EDF en exploitation
Je lis « Soumise à l’accord de l’ASN, cette prolongation supposerait, si elle est validée, des investissements importants (programme dit de grand carénage”) ».
sans préciser que le grand carénage est commencé depuis des années et que les dépenses estimées sont deja à environ 50% dépensées .c’est un manque qui peut apparaitre frauduleux «
Je lis aussi « La possibilité de prolonger la durée de vie des réacteurs actuels jusqu’à 50 ou 60 ans au lieu de 40 prévus initialement sera examinée par l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) » sans préciser que cette possibilité a été acceptée déjà pour certains réacteurs
Il serait important que dans des présentations rapides les atouts du nucléaire ne soient pas masqués
2. Bernard Tamain
La France est en perte de vitesse car elle a misé sur les « services » tout en réduisant ses capacités industrielles. Il est urgent de ré-industrialiser, d’une part pour équilibrer la balance commerciale, d’autre part pour garantir une indépendance minimale. L’énergie bon marché et fiable est un point clé pour réussir cette révolution.
Cette énergie doit être décarbonée. Il est donc indispensable que l’essentiel de l’énergie consommée tant pour l’industrie que pour les transports et les bâtiments soit sous forme électrique. Il est maintenant admis par tous que la production électrique décarbonée doit croître d’une facteur 2 environ d’ici 2050. Les sources disponibles sont les renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, biomasse) et le nucléaire. L’éolien et le solaire qui sont abondants doivent avoir leur place, mais l’intermittence qui leur est associée est un handicap majeur qu’il faut absolument compenser soit par du stockage soit par des productions à partir de sources pilotables (hydraulique, biomasse et nucléaire).
Le stockage massif direct de l’électricité est hors de portée en particulier sur des périodes longues (entre été et hiver). Le stockage passant par la production d’hydrogène est théoriquement possible mais se heurte à des coût prohibitifs pour longtemps. Reste la production à partir de sources pilotables : l’hydraulique en France est presque saturé; la biomasse ne peut pas être suffisamment abondante; le nucléaire est donc nécessaire pour réussir.
Quels sont les inconvénients du nucléaire ? Beaucoup diront : les déchets qu’il produit. Oui, il faut les gérer, ce qui a été largement étudié dans le cadre du projet Cigéo. Il y a deux sortes de déchets : les produits de fission et les transuraniens. Les premiers ne sont plus dangereux au bout de 300ans, durée de stockage qui ne pose aucun problème de sûreté; les seconds sont des noyaux très lourds dont la nature nous a montré qu’ils ne migrent pratiquement pas comme on le constate sur le site d’Oklo en Afrique où une trentaine de réacteurs nucléaires naturels ont fonctionné il y a deux milliards d’années. Or le stockage prévu à Cigéo (verre+acier inox+épaisseur d’argile stable) est bien plus exigeant que ce qu’a fait la nature à Oklo. Le problème est donc très surestimé par beaucoup.
Restent les accidents. Il faut, à ce niveau, garder en tête que, par MWh produit, accidents compris (Tchernobyl et Fukushima), le nucléaire a un impact sanitaire très faible. Le prix Nobel Burton Richter a ainsi montré que l’impact sanitaire (nombre d’années de vie perdues) des réacteurs accidentés à Fukushima est 25 fois plus faible que celui d’une centrale électrique au charbon qui aurait produit la même quantité d’électricité. Et pourtant Burton Richter a fait « l’hypothèse linéaire sans seuil » dans laquelle on admet que les faibles doses de rayonnement sont responsables de cancers futurs. Même avec cette hypothèse pénalisante, le nucléaire a beaucoup moins d’impacts sanitaires que le charbon et il se compare très favorablement à l’éolien ou le solaire. C’est la médiatisation énorme des accidents qui masque les comparaisons réelles entre les divers modes de production d’électricité.
Reste qu’il faut bien sûr tout faire pour éviter les accidents et, en cas de problème, prévoir les parades. Pour le nucléaire, ce qu’il faut, c’est refroidir le combustible d’un réacteur accidenté pour éviter sa fusion. C’est pourquoi EDF a créé la FARN (force d’action rapide du nucléaire) qui peut intervenir en moins de 24h sur tout réacteur accidenté. La France est vraiment exemplaire sur le sujet, mais le public ne le sait pas.
Le nucléaire est une chance pour la France et non un problème. Si on développe pour le futur la génération IV, l’uranium appauvri dont nous disposons sur notre sol assure du combustible nucléaire pour plus de 1000 ans: pas de problème d’approvisionnement ou de balance commerciale. Par ailleurs, le plutonium qui est le noyau transuranien le plus abondant dans les déchets devient un combustible précieux dont l’utilisation permet de réduire de plus d’un facteur 10 la dangerosité des déchets qu’il faut stocker sur le long terme. Cette fermeture du cycle nucléaire sera un progrès déterminant qu’il faut bien sûr mettre en œuvre.
Les développements précédents ne veulent pas dire que le nucléaire peut tout faire partout dans le monde. En France, il est le complément indispensable pour compenser l’intermittence insupportable de l’éolien et du solaire. Dans des pays localisés en dessous du 30ème parallèle, l’intermittence du solaire est bien moins gênante car l’ensoleillement y est à peu près constant sur l’année. L’intermittence essentielle est alors l’intermittence jour/nuit qui peut être gérée par un stockage direct de l’électricité ou par une contribution de l’hydraulique. Mais en Europe, la production photovoltaïque est 4 fois moindre en hiver (par rapport à l’été), alors que la consommation y est double. Cette incompatibilité rend le nucléaire nécessaire en Europe, mais pas en Afrique où le stockage inter-saisonnier n’est pas nécessaire.
En conclusion, dans un pays comme la France où la sécurité du nucléaire est gérée par un organisme indépendant et souverain (l’ASN), le nucléaire est clairement la solution à mettre en œuvre, avec, comme ligne de mire, le développement de la génération IV qui rendra le nucléaire durable.
3. Gérard Petit
Hâter l’inéluctable
Le mix énergétique national est encore très largement carboné et seule sa phalange électrique peut permettre de réduire cette sujétion.
Pour ce faire, il s’agit de diminuer encore la part carbonée dans la production électrique (par substitution à l’existant carboné et par mise en service de nouvelles unités non carbonées) permettant ainsi le transfert vertueux de plus en plus d’usages domestiques et industriels vers l’électricité.
Alors que dans les vingt dernières années du siècle passé, les besoins électriques nationaux étaient couverts en totalité (voire même en excès) par un outil de production où l’hydraulique et le nucléaire assuraient l’essentiel, ces deux filières ont vu leurs contributions relatives diminuer en proportion durant les 25 dernières années : l’hydraulique parce que quasiment tous les sites étaient déjà occupés et le nucléaire, par décision politique de ne plus construire de nouveaux réacteurs et même de fermer progressivement ceux existants, en accord avec une opinion publique largement orientée, à cet effet (par nos voisins Allemands, en particulier…).
Dans l’intervalle, pour compenser les besoins croissants en électricité (même avec une dynamique bien moindre qu’au cours des 30 glorieuses), on a installé des champs éoliens, des champs solaires et des centrales cycles combinés gaz (CCgaz), ces dernières, comme l’hydraulique et le nucléaire étant des unités pilotables. Mais les productions renouvelables sont intermittentes et on n’a pas construit suffisamment de CCgaz, d’autant que simultanément, on a fermé la quasi-totalité des centrales thermiques (charbon, fioul) et on a arrêté Fessenheim, soit au total l’équivalent de 12 réacteurs nucléaires !
Même en imaginant que l’EPR de Flamanville ait été au rendez-vous, le réseau s’est donc mécaniquement trouvé en lourd déficit électrique, d’abord qualitativement (en production pilotable) puis quantitativement (toutes productions confondues) ce que les indisponibilités récurrentes de la flotte nucléaire ont dramatiquement souligné.
Le gouvernement se propose de relancer la machine, en misant massivement sur l’éolien (surtout offshore) et le solaire, malgré leurs productions aléatoires, mais aussi en s’appuyant à nouveau sur le nucléaire, au grand dam des opposants résolus, qui croyaient que la spirale du déclin avait été amorcée, sans retour possible.
L’option gaz, qu’avait choisie nos voisins allemands , n’est plus aussi évidente en l’absence durable de gaz russe et avec la rareté de ses substituts (largement GNL), s’accompagnant d’un renchérissement notable.
Le nouveau nucléaire sera cher et long à construire, même si on prévoit de simplifier les procédures afférentes, entre autres celles relatives aux travaux préparatoires « non nucléaires » sur les sites envisagés. Il ne faut donc pas perdre de temps afin que l’outil industriel de construction nucléaire, en sommeil depuis bien trop longtemps, puisse se réactiver en se dotant de ressources financières, industrielles et humaines, avec une perspective de long cours.
Avec le recul, on constate qu’on a (idéologiquement) dégarni trop vite le front de la production, sans prévoir suffisamment d’autres sources, comptant implicitement sur les exportations de nos voisins plus prévoyants ; mais la nouvelle donne géographique a rebattu les cartes, hâtant simplement l’inéluctable !
L’implantation massive de renouvelables, certes rapides à installer, ne répondra que très partiellement aux besoins en croissance et la phase d’attente du retour à la pleine disponibilité du nucléaire existant et de l’apport des nouveaux réacteurs risque bien d’être difficile, avec des restrictions qui s’annoncent structurelles…mais qui étaient évitables en ne cédant pas à l’idéologie.
Engageons-nous, l’argument que le nouveau nucléaire arrivera après la bataille du climat (car les seuils critiques seraient alors déjà franchis), est destiné à décourager d’entrée ses tenants. Or, la bataille climatique accompagne définitivement les humains, et même si les EPR2 ne seront en production que d’ici une douzaine d’années (dix si on redouble d’efforts), ils ont une espérance de production de soixante années et plus, et la lutte contre les effets du réchauffement, bien durables ceux-là, seront très énergivores…et ne pas avoir recours à des sources carbonée pour les satisfaire sera de bon aloi.
4. Jean Fluchère
Quelles conditions et conséquences sur le travail et l’emploi ?
Une opportunité unique
La filière nucléaire, recherche, ingénierie, construction, fabrication des matériels, évolution en cours de vie des ouvrages, exploitation des centrales, maintenance et déconstruction à laquelle s’ajoute la filière du cycle du combustible, traitement chimique, enrichissement de l’uranium, fabrication des assemblages combustibles, retraitement des combustibles usés, préparation du combustible mixte plutonium-uranium ainsi que la filière liée aux traitements des déchets, représente 220 000 emplois de haute qualification en France. C’est-à-dire une filière industrielle absolument complète. Et c’est une filière qui travaille comme l’aéronautique avec le plus haut niveau d’exigence de qualité.
La France a la chance de posséder ainsi un ensemble de plusieurs milliers d’entreprises qui sont souvent exportatrices grâce à leur savoir-faire reconnu et qui sont désormais regroupées dans le GIFEN, groupement qui est animé par un coordonnateur.
L’électronucléaire constitue ainsi la 2ème ou la 3ème filière industrielle française en nombre de salariés et en chiffre d’affaires.
Cette filière a connu 20 ans de doutes sur la volonté de la France de poursuivre dans la voie tracée par le Président Georges Pompidou. Ceci explique en partie les déboires rencontrés lors de la construction de l’EPR à Flamanville.
La LTECV avec la limitation de la puissance du nucléaire à 61 GW et l’objectif d’un arrêt de 14 réacteurs d’ici 2025 dans un premier temps puis 2035 lorsque la puissance publique a reconnu que c’était une erreur ainsi que l’objectif, sorti du chapeau, de limiter l’électronucléaire à 50 % de la production d’électricité a manifestement découragé un certain nombre d’entreprises de poursuivre dans cette voie et elles ont réorienté leur projet industriel.
Depuis le discours du Président de la République à Belfort en février 2022, la filière est repartie sur un nouveau projet qui vient s’additionner aux opérations de grand carénage du parc actuel.
Il en résulte que les projets fleurissent et qu’aujourd’hui, les responsables de la filière parlent de passer de 220 000 emplois à 300 000 dans les prochaines années à la condition expresse de trouver suffisamment de salariés compétents même s’il faut les accompagner pour élever leur niveau de compétence car le système éducatif français a le défaut dramatique de ne pas orienter les jeunes vers les métiers professionnels.
Rien que pour 2023, la filière annonce un besoin de plus de 10 000 embauches. Des centres de formation professionnelle sont créés pour préparer les futurs salariés. Car il faut avoir à l’esprit que les métiers de l’électronucléaire sont pour la grande majorité des métiers industriels que l’on retrouve partout dans ce milieu.
La seule différence est que l’on y exige l’excellence dans le travail, la traçabilité des opérations et la transparence.
La conclusion est que ce programme va créer de très nombreux emplois hautement qualifiés en France car il faudra à la fois satisfaire l’augmentation du volume mais aussi assurer le renouvellement des départs à la retraite. Il s’agit donc d’une opportunité nationale pour l’emploi de bon niveau à la condition de faire sauter les deux verrous de la LTECV à savoir la limitation de la puissance maximale de 61 GW et les 50 % qui n’ont aucun sens dans le cadre de la transition énergétique.
5. Jean Fluchère
Quel retour d’expérience a-t-on fait de l’EPR de Flamanville 3 ?
D’abord une des grandes qualités de l’électronucléaire est que le dispositif de retour d’expérience (REX) fonctionne très bien et pas seulement le REX français mais aussi le REX international via l’organisation WANO lancée par EDF après l’accident de Tchernobyl.
Le REX de Flamanville 3 fonctionne très bien pour la construction des 2 EPR britanniques à Hinkley Point et les 2 prochains de Sizewell.
En France, le REX a commencé très tôt, bien avant le rapport de Jean-Martin Folz, en élaborant un réacteur EPR qui présente des simplifications et en les faisant valider par l’ASN ce qui a conduit au réacteur EPR 2 proposé pour prendre la suite.
Ce REX s’est d’abord traduit par un regroupement de toutes les 3000 entreprises de la filière dans le groupement appelé GIFEN de façon à conduire des actions communes, notamment de formation, et en leur donnant de la visibilité dans les opérations de grand carénage du parc actuel et désormais au travers du plan de relance.
EDF a de son côté revu complètement sa façon de conduire le chantier industriel et a recherché à avoir un lotissement plus regroupé des opérations avec à chaque fois une entreprise pilote. Avec les principaux constructeurs et réalisateurs, elle réalise actuellement les plans de détails de l’EPR 2 indispensables au lancement des chantiers.
Après la sortie du rapport Folz, EDF a recruté un cadre de très haut niveau chargé de redéfinir complètement l’assurance qualité de conception, de réalisation des grands composants et de construction sur site. Il s’agit du plan Excell qui est partagé par toute la filière pour « réussir du premier coup ». Les actions de ce plan sont quasiment toutes en place dans l’ensemble de la filière. On retrouve ainsi l’excellence du geste professionnel de réalisation, la traçabilité des opérations, les contrôles de conformité aux spécifications techniques et la certification.
Du côté de la conduite du chantier sur site, l’organisation a été revue en profondeur pour appliquer également les actions de ce plan pendant la réalisation sur site.
En outre, il n’est plus question de donner des chiffres fantaisistes en termes de coûts et de durée de réalisation.
Les coûts affichés aujourd’hui sont réalistes dans les conditions actuelles des prix des matières premières et des charges salariales. De même, les délais de réalisations donnés sont calculés en fonction des opérations à conduire sur le chantier et du planning des enchaînements.
Enfin comme nous le voyons à Hinkley Point et comme nous le connaissions à l’époque de la construction du parc, la construction par paires de tranches fait gagner à la fois un temps précieux et également des finances grâce aux glissement des équipes de réalisation d’une tranche vers l’autre.
Personnellement, j’ai une grande confiance dans la filière électronucléaire qui a montré par le passé qu’une fois mobilisée sur un série, elle sait réaliser les tranches dans les délais et les coûts impartis.
4. Jean Fluchère
La gestion des déchets radioactifs
Sitôt que l’on parle d’électronucléaire, le grand public déclare que ce serait acceptable si l’on savait traiter les déchets radioactifs. C’est un préjugé qui fait florès chez les antinucléaires qui ont réussi à convaincre une grande partie de la population sur le thème « on ne sait pas traiter les déchets radioactifs ». Or rien n’est plus faux, sauf si l’on imagine que pour traiter les déchets radioactifs, il suffit de les faire disparaitre d’un coup « de baguette magique »ce qui n’est vrai pour aucun des déchets que nous produisons.
Toute activité humaine qu’elle soit ménagère, vie quotidienne, économique, industrielle, commerçante, génère des déchets. Et certains des déchets industriels sont éternels ou dit autrement ne seront jamais biodégradables.
Pour le nucléaire, la question n’est donc pas de produire ou pas des déchets radioactifs, mais les véritables questions consistent à :
o En produire le moins possible grâce notamment à l’économie circulaire,
o Savoir gérer correctement les déchets produits (matières ultimes) pour qu’ils n’altèrent pas notre environnement.
Ajoutons que par rapport à toutes autres activités industrielles, le volume de déchets radioactifs produits par l’activité électronucléaire est très faible.
Depuis son origine, l’industrie nucléaire française a apporté un soin méticuleux à la gestion des déchets radioactifs produits.
La France est le seul pays au monde à avoir pris la décision d’assumer ses responsabilités d’exploitant nucléaire en retraitant les combustibles usés de façon à récupérer à la fois l’uranium de retraitement et le plutonium qui sont des combustibles nucléaires (matières fissiles) et réduire ainsi les déchets de haute activité à vie longue (HA-VL) aux seuls produits de fission et squelettes des assemblages. Ce qui revient à dire que l’on fait avec ces déchets de l’économie circulaire.
Et, lorsque cela sera possible, de fermer complètement le cycle du combustible grâce aux réacteurs surgénérateurs comme le faisait Phénix et Superphénix qui permettront d’utiliser la matière nucléaire constituée par l’uranium appauvri (350 kilotonnes en France) issu du processus d’enrichissement. Dès lors, il deviendra imaginable de ne plus recourir à l’extraction du minerai d’uranium et à son traitement ce qui éliminera les déchets de l’amont minier.
Les représentants parlementaires, au titre de la représentation des citoyens, sont non seulement étroitement associés mais décisionnaires dans la gestion des tous les déchets radioactifs et pas seulement de ceux issus du retraitement mais de toutes les activités nucléaires y compris celles de la Recherche et du monde médical.
Pour preuve, trois lois de 1991, 2006 et 2016 encadrent rigoureusement cette activité. Un comité national d’experts (CNE) rend compte régulièrement aux 2 assemblées et tous les 5 ans, l’ANDRA (Agence Nationale pour les Déchets radioactifs) qui assure la surveillance des sites de stockage définitif et est le prescripteur en matière de normes des colis auprès des exploitants réalise le PNGMDR (Plan National de Gestion des Matières et des Déchets Radioactifs) soumis à débat. Le PNGMDR est mis à jour tous les 5 ans, il dresse le bilan des modes de gestion, recense les besoins prévisibles d’installations d’entreposage provisoire ou de stockage définitif, et précise les capacités nécessaires pour ces installations et les durées d’entreposage. Ce plan fait également l’objet d’une évaluation tous les trois ans par l’OPECST (Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques).
Bien entendu, l’ANDRA a le statut d’exploitant nucléaire et, à ce titre, elle est surveillée par l’ASN comme tous les autres exploitants.
Enfin le HCTISN (Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire) est régulièrement tenu informé de même que les CLI des départements sur lesquels se trouvent les Centres de stockage dépendant de l’ANDRA.
Tout ceci pour dire que comme pour toutes les activités relevant du nucléaire, les déchets radioactifs font l’objet d’une surveillance attentive de la part de la Puissance publique et des représentants du public. Surveillance et gestion bien supérieures à tous les autres déchets industriels.
Conformément aux lois en vigueur, les déchets sont gérés par l’ANDRA en fonction de leur radioactivité et de leur durée de vie radioactive car, en effet, au bout d’un certain temps les produits en question ont perdu toute leur radioactivité.
On distingue 4 catégories qui font l’objet d’un traitement spécifique :
· Les déchets de très faible activité (TFA) qui constituent le plus gros volume. Désormais une partie entre dans l’économie circulaire quand leur seuil de radioactivité est du même ordre que la radioactivité naturelle et ils sont recyclés. L’autre partie est stocké définitivement dans un centre spécialisé supervisé par l’ANDRA.
· Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC) sont stockés définitivement sous forme de fûts de béton dans des alvéoles de stockage en béton sous la surveillance de l’ANDRA.
· Les déchets de Faible Activité à Vie Longue (FA-VL), pour la plupart des résidus radifères, sont actuellement entreposés sur site et seront stockés définitivement dans des couches argileuses autour de 100m de profondeur. Ils ne représentent qu’une très faible partie de la radioactivité totale.
· Les déchets de moyenne et forte activité à vie longue (MA-FA-VL) qui représentent98% de la radioactivité totale, sont entreposés soit sur sites (graphite…), soit dans les matrices de verres gainées par des conteneurs en acier inoxydable (squelette et produits de fission) entreposés depuis le début sur le site de la Hague ce qui illustre leur faible volume et seront stockés définitivement dans les couches géologiques profondes et parfaitement stables de CIGEO.
Il faut noter qu’après plus de 50 années de fonctionnement de l’électronucléaire en France, plus de 2100 années de fonctionnement de réacteurs à eau pressurisée et UNGG, et une économie de 6,1 milliards de tonnes de CO2 par rapport à des cycles combinés à gaz, les déchets comme l’exploitation des centrales n’ont causé aucun impact ni à l’environnement, ni à l’homme.
Peu d’industries sont capables d’afficher un pareil bilan.
En conclusion, contrairement aux dires selon lesquels il reste le problème des déchets « nucléaires », il faut affirmer qu’il n’y a pas de problèmes de déchets radioactifs. Tous ont une solution adaptée et pérenne.
5. Jean Fluchère
IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT PENDANT LE FONCTIONNEMENT DES OUVRAGES
Pendant le fonctionnement des centrales électronucléaires, l’impact sur l’environnement fait l’objet de mesures réalisées à la fois par l’exploitant et par l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire).
Tous les compartiments de l’environnement (eau, air et terre sont surveillés).
Avant la mise en service des ouvrages, l’exploitant et l’IRSN font sur les trois compartiments de l’environnement, eau, terre et air des mesures dites « point zéro » qui vont servir de référence pour la suite.
EAU.
Il y a l’eau de refroidissement dont la température est limitée par des dispositions réglementaires. Ces mesures sont faites en continu à la fois au rejet où l’on mesure la température limite à ne pas dépasser, la température à l’amont pour mesurer l’écart amont-aval et la température après mélange qui doit également respecter une valeur limite. Ceci était surtout le cas des centrales au bord des fleuves. Désormais les nouveaux EPR seront soit en bord de mer, soit sur tours aéroréfrigérantes donc refroidies par l’air ambiant et plus par l’eau du fleuve.
Dans l’eau sont aussi notés le rejets de produits chimiques et des rejets radioactifs avec également des valeurs limites. Les mesures sont faites avant rejet et pendant le rejet. Ces valeurs sont consignées sur un registre et la moitié des échantillons prélevés est envoyée à l’IRSN qui procède aux mêmes mesures et en vérifient la concordance avec celles réalisées par l’exploitant.
S’agissant des rejets radioactifs gazeux, l’exploitant doit consigner les rejets effectués et leur composition. Puis il doit prélever des eaux de pluie dont la moitié de l’échantillon est envoyée à l’IRSN et faire des analyses dans un laboratoire protégé des rayonnements extérieurs (laboratoire bas bruit) pour mesurer les très faibles éléments radioactifs éventuellement trouvés. L’IRSN vérifie la concordance des mesures sur la moitié de l’échantillon transmise. Les matériels de mesures de l’IRSN et de l’exploitant sont régulièrement étalonnés pour éviter toute dérive.
TERRE
Pour vérifier les retombées sur la terre, l’exploitant et l’IRSN font deux types de mesures à des endroits bien précis.
Des mesures sur des échantillons d’herbes partagés en deux. Et des mesures sur des prélèvements partagés de lait qui représentent un échantillonnage naturel de la végétation pendant un certain temps. Ces mesures sont également faites au laboratoire bas bruit et comparées à celles de l’IRSN.
AIR
Les mesures sont faites en continu sur des balises de l’exploitant et celles de l’IRSN qui entrent dans le réseau Téléray consultable sur internet.
PUBLICATION PAR L’EXPLOITANT AUPRES DES RIVERAINS
Toutes les quantités de radioactivités rejetées dans l’eau ou dans l’air sont portées à la connaissance des riverains par un bulletin mensuel édité par la centrale. Les mesures faites dans l’environnement sont également publiées sur ce bulletin.
En outre, ce bulletin mentionne les expéditions de combustibles usés vers le centre de retraitement dans le mois considéré.
Ce bulletin fait l’objet d’une vérification par l’IRSN.
6. Jean Fluchère
IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT SOCIAL PENDANT LES CHANTIERS DE CONSTRUCTION ET PENDANT L’EXPLOITATION
IMPACT PENDANT LES CHANTIERS
POPULATION
L’expérience de Flamanville 3 et surtout celle de la construction des 2 EPR d’Hinkley Point montre qu’il faut faire face à un afflux de l’ordre de 7 000 intervenants pendant une durée de 6 à 7 ans.
Compte tenu de la durée des chantiers, les intervenants qui ne sont pas des locaux, viennent assez souvent avec leurs familles surtout si leurs lieux de résidence sont éloignés. Il y a donc un besoin de logements temporaires importants et les municipalités dans un rayon de 20 km sont mises à contribution. Il est nécessaire également de tenir compte d’un afflux scolaire à la fois dans le primaire et le secondaire. Et il y a un impact sur le secteur commercial, médical et toutes les activités incidentes.
EDF connaît bien ces problèmes et les relations à prendre avec les élus pour y faire face sont réalisées bien avant le début des opérations et pendant toute la durée des chantiers.
A la fin des chantiers, il faut aider les municipalités qui ont servi de support aux intervenants et à leur famille. Pour cela, il existe la procédure dite « grands chantiers » qui est d’un usage courant actuellement, bien maîtrisée par EDF et qui fait l’objet d’une préparation en amont avec la décroissance des activités.
ENVIRONNEMENT DES CHANTIERS.
Ces chantiers importants nécessitent de laisser de la place autour des ouvrages pour les matériels, les réalisations à terre de composants qui vont aller en hauteur, le trafic des camions de transport, les parkings des intervenants, etc. Dans des sites comme Penly qui sont en falaise, une partie de cette place y compris pour les engins de manutention sera prise sur la partie supérieure de la falaise, dans d’autres sites, elle sera soit sur le site, soit autour. Ensuite, ces dispositions de chantiers seront rendus à leur vocation initiale sauf les parkings.
Il est clair que les transports exigeront dans la plupart des cas des aménagements de voieries.
IMPACT PENDANT L’EXPLOITATION.
SURFACE AU SOL
La surface au sol nécessaire à 2 EPR 2 y compris les bâtiments annexes représentent une centaines d’hectares. Quand il s’agit de surfaces agricoles, il en résulte une artificialisation des sols. Dans d’autres cas, comme à Penly, la place prise n’a pas d’impact sur les terres agricoles.
LES PERSONNELS D’EXPLOITATION ET DE MAINTENANCE.
Il faut compter environ 1 000 agents EDF qui arrivent entre 1 an et 2 an avant la mise en service. Cette population et son renouvellement va rester autour de 80 ans sur le site. C’est donc une population permanente.
EDF, compte tenu de l’éloignement des grands villes, a pour tradition de construire des cités dans les communes voisines du site. Cette population est généralement jeune ce qui a un impact sur les besoins scolaires de ces communes ainsi que sur le commerce local et toutes les activités communales sportives, associatives et autres.
Peu à peu certains font des acquisitions immobilières ou font construire leur maison ce qui libère des logements dans les cités.
Le taux de rotation de ce personnel n’est pas très élevé et certains s’installent définitivement.
Pendant l’exploitation la particularité des centrales nucléaires est qu’elles n’occasionnent pas trop de trafic de camions.
PERIODE DE REVISIONS DES INSTALLATIONS.
Les tranches sont en chantier de révision et de rechargement de combustible tous les 18 mois environ. Pendant ces chantiers, les centrales font appel aux entreprises partenaires pendant environ 2 mois. Les personnels complémentaires sont alors de 1 500 personnes environ.
Les Directeurs de Site sont en liaison avec les Maires des communes voisines et communiquent les dates d’intervention bien en amont afin qu’ils puissent s’organiser en conséquence.
LES COMMISSIONS LOCALES D’INFORMATIONS
La loi fait obligation dès le démarrage du chantier et souvent bien en amont de créer un Commission Locale d’Informations, la CLI. C’est le Président du Conseil Départemental qui la constitue. Au cours des réunions des échanges ont lieu entre les représentants de la population, le Président de la CLI, le directeur du site et le représentant local de l’ASN.
L’expérience montre que ces échanges sont nécessaires et qu’en général les CLI fonctionnent bien.
7. Patrick Grimaldi
Les actions conduites par la France depuis des années mériteraient une analyse détaillée basée sur le ratio bénéfice “climatique” / euro dépensé. En effet les annonces communicantes ne devraient pas masquer les résultats plus que modestes, voir insuffisants obtenus. L’empreinte climatique ne diminue que faiblement entre 2000 et 2019, malgrés des dépenses énormes et si on examine les résultats par secteurs d’activités, le bâtiment et les transports augmentent, alors que l’industrie est en baisse mais certainement à cause de la désindustrialisation massive dont notre pays a été victime, la part de l’industrie étant tombée à une valeur de l’ordre de 13%, alors qu’elle était de 23% dans les années 80. Pourquoi cette politique ne fonctionne pas ? certainement pas par manque de production d’électricité éolienne ou photovoltaïque, comme on peut l’entendre sur “un retard” pris dans le déploiement de ces technologies de production Premier constat, une sous-évaluation chronique et dogmatique sur les besoins en électricité, alors que cette dernière est attendue pour décarboner les transports et le chauffage bâtimentaire et aussi, depuis quelques années pour réindustrialiser le pays. Nos politiques ont répété à l’envie depuis plus de 15 ans que la consommation d’électricité allait baisser, que l’on allait arrêter 14 réacteurs nucléaires entre 2020 et 2025. Mais 2025 c’est demain et qu’en est il de la situation ?
la consommation d’énergie ne baisse pas (ou très peu)
on continue à consommer massivement du fossile (gaz et pétrole)
Pour cet hiver, on craint un manque d’électricité du fait de l’indisponibilité temporaire d’une partie de notre parc nucléaire. Cette situation démontre, l’irresponsabilité des annonces concernant le nucléaire
Le mirage du 100 % renouvelable s’éloigne de plus en plus, ayant fait la démonstration de son impossibilité technique à fournir de l’électricité autrement que de manière aléatoire et intermittente, en l’absence de solutions de stockage technico-économiques viables Confronté à la réalité, qui efface le dogmatisme, il a fallu remettre en cause les objectifs de la LTECV, d’une part en annonçant la prolongation du parc nucléaire et la construction de nouvelles centrales EPR. Il a fallu 15 ans pour admettre les difficultés à disposer massivement d’électricité renouvelable. Seul un mix électrique comportant une large part de nucléaire (bien supérieure à 50%) permettra de faire face au défi climatique en produisant une électricité décarbonée et PILOTABLE. Il nous faudra déployer une volonté sans faille et durable dans le temps long (bien au delà des durées de mandats présidentiels) pour tenter de rattraper les erreurs passées : abandon de la filière nucléaire qui doit se reconstruire, abandon des réacteurs de 4ème génération alors que la france avait 25 ans d’avance technologique, mise en place de l’ARENH qui prive EDF de ressources aux bénéfices de distributeurs qui ne produisent rien, arrêt de 12 GW de pilotable fossiles qui pouvaient nous permettre passer ponctuellement les pointes
hivernales.
Seule cette volonté permettra de relever le défi climatique, sociétal et économique en
produisant une électricité décarbonée en quantité suffisante pour répondre aux enjeux,
couplée à des démarches d’amélioration d’efficacité énergétique. L’académie de sciences et
des technologies ont identifié ce besoin d’augmentation forte de la production électrique,
non pas pour entretenir la spirale de la surconsommation et du gaspillage, mais tout
simplement pour faire face aux défis qui nous attendent
Il ne faut plus perdre de temps, seul le nucléaire nous permettra de relever ces défis pour
aller vers un transfert des énergies fossiles émettrices de CO2 vers une électricité
décarbonée disponible H24.
Il ne faut plus perdre de temps car nous avons pris beaucoup de retard, prolonger la durée
d’exploitation du parc actuel et lancer effectivement (autrement que par des annonces) la
construction d’une vingtaine de réacteurs
8. Jean Fluchère
Le financement des nouveaux outils de production et les conséquences en termes de coûts pour les consommateurs.
A l’époque pas très lointaine où la production électrique était en monopole de production-transport et distribution sur la plus grande partie du territoire national, EDF facturait le prix du kWh produit en prenant en compte le prix moyen pondéré de l’ensemble des moyens de production utilisé. Les surplus financiers fait sur les moyens de plus bas coût de production permettaient de combler les pertes faites sur les moyens les plus coûteux.
N’imaginons pas que cette façon de faire était spécifique à EDF. Les électriciens du monde entier, qu’ils soient à capitaux publics ou privés, étaient en monopole sur une zone géographique déterminée.
En Italie, par exemple, l’ENEL était exactement sur le même modèle. Mais en Allemagne RWE était sur ce modèle sur une zone géographique qui ne couvrait pas toute l’Allemagne. Si ce modèle économique et industriel s’était naturellement imposé, c’était simplement parce que c’était celui qui convenait le mieux à la production, transport et distribution de ce produit très différent des autres en raison de l’incapacité de stockage.
Mais ce modèle n’empêchait nullement les échanges d’électricité entre électriciens qui ont augmenté au fur et à mesure que les capacités de transit des interconnexions ont augmenté. Les échanges pouvaient se faire par contrat ou suivant un mode particulier appelé « à bien plaire » qui convenait aux échanges non prévisibles et temporaires.
Les interconnexions se sont naturellement développées parce qu’elles apportaient un secours instantané au réglage de fréquence puis peu à peu parce que les pointes de consommation ne se situant pas au même moment de la journée, les échanges permettaient de diminuer le dimensionnement du parc de production.
Monsieur Marcel Boiteux, ancien PDG d’EDF, avait déclaré que ces échanges permettaient de diminuer de 10 % le parc installé pour faire face à la pointe d’électricité appelée. Ces économies d’investissement chez chaque électricien permettaient de réduire les coûts de production car le poids des amortissements des installations de production électrique pèse sérieusement sur le coût du kWh. Peu à peu s’est construit le réseau synchrone Européen qui est le plus robuste au monde et bien avant l’ouverture à la concurrence.
Certes la concurrence n’existait pas auprès des clients finals mais les comparaisons entre les prix du kWh distribué permettait à ces derniers de voir les écarts de prix et d’interroger leur fournisseur.
Pour revenir au prix du kWh, EDF ajoutait au coût moyen de production, le coût des transports très haute tension et les coûts de distribution en basse tension. Enfin elle ajoutait à ces coûts une partie des provisions à faire pour à la fois renouveler le parc de production au fur et à mesure de son obsolescence et une partie des besoins de financement des moyens de production à construire pour faire face à l’augmentation des besoins électriques et également les provisions de déconstruction en fin de vie.
Etant en monopole, la compagnie, où qu’elle soit, avait une vision claire de l’évolution du marché et voyait très bien que les gains d’efficacité faits sur les matériels existants étaient inférieurs à la consommation des nouveaux usages qui apparaissaient.
Pour la France, c’était la base du service public. Les clients n’avaient pas le choix de leur fournisseur certes, mais en échange ce dernier s’engageait à fournir une électricité de qualité, suffisante à tout moment de l’année et au meilleur coût pour la collectivité en fonction des moyens de production que l’Etat lui permettait de construire.
Aujourd’hui nous sommes rentrés dans un système de concurrence absurde qui au lieu de faire baisser les prix du kWh les fait augmenter de façon vertigineuse ce qui est en train de ruiner les Européens et de provoquer la délocalisation de toutes les activités industrielles sans que la Commission Européenne réagisse.
En France, nous avons atteint le comble du grotesque en fabricant des pseudo concurrents alternatifs (à EDF) qui se fournissent auprès du nucléaire EDF au coût de production du kWh de 2010 (système ARENH), qui peuvent ainsi lui faire concurrence alors qu’ils ne disposent d’aucuns moyens de production et ne respectent même pas les contrats signés avec leurs clients. Lorsque l’on examine la structure de ces producteurs alternatifs, on voit parfaitement que ce sont des coquilles vides ne produisant aucune valeur ajoutée dans le pays mais vivant bien de leurs rentes.
En outre les producteurs d’électricité intermittentes ont des prix garantis sur 15 à 20 ans, sont prioritaires sur le réseau lorsqu’ils produisent et n’ont aucune obligation de service (fréquence et tension) vis-à-vis du système électrique.
Toutes ces dispositions de pseudo-concurrence mises en place par la Commission Européenne ont ruiné tous les véritables opérateurs électriciens importants sur le continent qui ne sont aujourd’hui plus en mesure d’investir dans de nouveaux moyens de production électrique à la fois pour remplacer les moyens obsolètes et pour faire face aux énormes besoins de production d’électricité bas carbone nécessaires pour se substituer aux énergies fossiles qui en France représentent les 2/3 de notre consommation en énergie finale et 95 % de nos émissions de GES.
Alors comment faire pour investir ?
D’abord, il est illusoire de vouloir faire un marché unique de l’électricité dans une UE où chaque pays à sa propre politique électrique. Il faut sortir de ce système commun, revenir à un système national ce qui n’empêche en rien les échanges aux frontières comme cela se passait auparavant. Il faut revenir au prix moyen pondéré du kWh avec une répartition par la CRE des excédents financiers dégagés par les moyens à bas coûts pour compenser les pertes des moyens les plus onéreux.
Ensuite, l’électricité bas carbone étant appelée à devenir la part majeure de notre consommation d’énergie finale, l’Etat doit s’en emparer en tant que Service d’Intérêt Général, concept prévu par la CE.
Les grands électriciens étant ruinés, il appartient au garant du Service d’Intérêt Général d’assurer le financement des nouveaux outils de production électrique bas carbone et d’en confier la construction, l’exploitation, la maintenance et le démantèlement à des électriciens compétents via des concessions.
Les prix du kWh prendraient en compte ce financement car les concessionnaires auraient la charge de rembourser les financements pendant la durée de la concession. Ces prix seraient très impactés par le taux d’actualisation retenu par l’Etat.
Ainsi nous reviendrions à un concept d’intérêt général où chaque pays ayant des politiques différentes aurait sur son marché intérieur un prix moyen pondéré de l’énergie électrique représentatif de sa politique électrique.
Les Allemands qui, soi-disant, veulent 100 % d’ENR avec des réserves constitués par des stocks d’hydrogène !!! auraient des prix bien supérieurs sur leur marché intérieur que les pays qui s’orienteraient vers une majorité de production électronucléaire.
Les échanges par les interconnexions pourraient se faire suivant des règles que nous avons connues par le passé et qui fonctionnaient parfaitement.
Bien entendu les pays antinucléaires sont vent debout contre ce système qui les désavantagerait mais ce ne serait que la conséquence de leur refus du nucléaire. Serait-il normal que les pays pronucléaires prennent en charge les surcoûts des pays antinucléaires ?
La solidarité existerait toujours via les échanges par les interconnexions et contribuerait comme aujourd’hui à assurer la robustesse en fréquence et tension du réseau synchrone Européen qui va jusqu’à l’extrême Est de la Turquie.
9. Frederic Livet
Pourquoi l’Allemagne n’est pas un exemple Dans nos débats, on entend souvent l’Allemagne être citée en exemple, et j’entends des regrets que la France ait pris du retard dans le développement des renouvelables. Or, si l’on s’intéresse aux émissions de CO2, il faut regarder les « performances » allemands en ce moment sur le site : https://app.electricitymaps.com/zone/DE En ce moment (26Novembre, 21heures), le vent est assez faible et la consommation électrique moyenne. On extratit la figure qui donne la ventilation de la production électrique allemande : On peut détailler : en haut, les émissions sont de 660g/Kwh, ce qui met l’Allemagne au second rang des pays européens après la Pologne. La raison est la forte contribution du charbon (figure du milieu, en marron, autour de 28GW), la faible contribution de l’éolien (en vert clair). Ces émissions sont très élevées parce qu’il y a peu de vent. En ce cas, les centrales « fossiles » tournent à fond, et, comme le gaz est cher, on s’est tourné vers le charbon. La vertu « verte »de l’Allemagne tombe un peu à l’eau. L’argument des besoins de la France est bien faible, avec moins de 1GW envoyés au secours de notre déficit. Le base du problème est qu’en l’absence de nucléaire, il est nécessaire de recourir aux centrales fossiles pour combler les manques de vent et de soleil. Dans les projets allemands, le recours au gaz, combiné avec beaucoup de renouvelables avait permis une (modeste) décroissance des émissions allemandes en dessous de 400g/kWh l’an dernier, mais le retour du charbon montre bien l’impasse de cette politique. Alors, je pense qu’il est plus urgent de maintenir et de développer une production nucléaire que d’investir dans des installations renouvelables intermittentes qui en plus polluent nos paysages. Et pour nos voisins allemands, qu’ils imaginent ce que seraient leurs émissions s’il avaient gardé leur excellentes centrales nucléaires et par leurs centrales au charbon ! Ils avaient de 21GW de puissance nucléaire en 2004, et qui couvrirait aujourd’hui une grande partie de leurs besoins fossiles.
9. Frédéric Livet
Quand le vent manque.. Ici, je compare les mix correpondant aux consommations électriques de 3 pays importants ; la France, la Grande Bretagne et l’Allemagne, d’après le site « electricitymap.com »ce jour (29Nov) Sur ces trois figures, on voit, en haut les émissions en gCO2/kWh. On voit que l’Allemagne bat tous les records parce qu’elle consomme beaucoup d’électricité issue du charbon (en marron clair sur le diagramme du milieu). La raison est que les vents (en bleu-vert) y sont relativement faibles. La Grande Bretagne est dans la même situation, mais elle émet deux fois moins de CO2 parce qu’elle a fermé ses centrales au charbon et qu’elle marche alors au gaz (en rouge) qui émet deux fois moins. La France émet beaucoup plus que d’habitude (163g/kWh, au lieu de 50-60g/kWh l’an dernier), c’est essentiellement lié aux réacteurs à l’arrêt et aussi aux importations de pays comme l’Allemagne que cela nous impose : celles-ci sont inclues dans le calcul. Cependant, la France a beaucoup moins d’émissions parce qu’elle consomme à plus de 50 % de l’électricité nucléaire (en vert clair). Ce que l’on voit ici est que avoir une grosse puissance éolienne installée, comme en Allemagne (66GW) et en Grande Bretagne (29GW) exige de posséder de grandes puissances en centrales fossiles, ce qui conduit à de fortes émissions. Le cas de la France, qui a « seulement » 19GW est moins affectée : elle garde, malgré les offensives des courants antinucléaires, un solide socle nucléaire, qui nous éclairera encore mieux une fois que corrosions et grands carénages seront passés. Mais la construction de nouvelles centrales nucléaires semble très approprié.
10. Jean Fluchère
LA DEPENDANCE GEOLOGIQUE
Métaux critiques
Un alternateur de centrale nucléaire admet une densité de courant au moins deux fois supérieure dans le cuivre utilisée pour son stator que dans celui d’une éolienne. Il a une tension 20 fois supérieure et un facteur de charge 4 fois supérieur à celui d’une éolienne terrestre. Pour produire un kWh, une éolienne terrestre a donc besoin d’environ 160 fois plus de cuivre. Pour une éolienne marine dont on annonce un facteur de charge deux fois supérieur à celui des éoliennes terrestres, ce ratio est de 80 fois plus. On objectera, avec juste raison, que les centrales nucléaires ont besoin d’auxiliaires entraînés par des moteurs électriques ce qui n’est pas le cas des éoliennes. Il faut donc en tenir compte et diviser environ par 4 le chiffre multiplicateur donné ci-dessus.
On retiendra que les éoliennes terrestres ont besoin de 40 fois plus de cuivre et les éoliennes maritimes de 20 fois plus de cuivre pour produire un kWh qu’un EPR 2.
Or le cuivre fait partie des métaux critiques non disponible en France dont le prix est élevé et son immobilisation dans les éoliennes avec le développement qu’elles connaissent va rapidement poser un problème de ressources.
De plus les transformateurs et raccordements au réseau interconnecté sont dimensionnés pour laisser passer l’écoulement de la puissance maximum très rarement atteinte. Ceci occasionne également une surconsommation importante également de cuivre.
En outre, l’économie circulaire a besoin d’énergie pour recycler le cuivre. Or les éoliennes sont conçues et construites pour une durée d’exploitation de 20 ans alors qu’un EPR 2 est conçu et construit pour une durée d’exploitation de 80 ans. Il faudra donc dépenser 4 fois l’énergie pour recycler le cuivre des éoliennes contre 1 fois l’énergie pour recycler le cuivre des machines des centrale nucléaire.
Ce genre de calculs est rarement fait.
L’acier à haute perméabilité magnétique.
Pour pouvoir fonctionner avec un haut flux inducteur, toutes les éoliennes dont l’inducteur n’est pas bobiné (la grande majorité), ces machines ont besoin d’un acier statorique à haute perméabilité magnétique différent de celui utilisé pour les machines de centrales électronucléaires.
Il s’agit de tôles à grains dits orientés. Elles sont constitués d’un alliage fer-silicium (~3 %). Leur process de fabrication comprend de multiples étapes thermomécaniques et vise à développer une texture spécifique appelée « texture de Goss ». Cette texture confère de bonnes performances en pertes et perméabilité dans le sens de laminage de la tôle.
Elles sont donc plus onéreuses en raison de l’énergie supplémentaire dépensée pour leur fabrication.
La France n’a plus de mines de fer et le minerai est désormais importé.
Les terres Rares.
Les pôles inducteurs de la grande majorité des éoliennes sont des aimants permanents dopés avec des terres rares, néodyme et dysprosium.
Or la Chine est le principal producteur de ces terres rares dont l’exploitation minière est un désastre écologique. Il suffit de regarder les images disponibles sur internet.
En outre, fait aggravant, il n’y a pour l’instant pas de technique permettant de les extraire du métal ferreux. Il n’y a donc aucun recyclage sauf à réemployer les pôles inducteurs, ce qui veut dire, un réemploi dans les mêmes machines. Or les machines sont en évolution permanente notamment en termes de puissance ce qui rend ce réemploi difficile.
L’Académie des Technologies a rédigé un document intitulé :
« Matières premières critiques et évolutions technologiques : cas de l’énergie et de la mobilité au 21ème siècle ».
Il serait opportun de le joindre au sujet relatif à la dépendance géologique
Le minerai d’uranium.
L’uranium est relativement abondant sur notre terre et il est réparti sur les 5 continents. Sur un plan géopolitique, il n’y a donc pas de problème d’approvisionnement. D’autant que la quantité d’uranium naturel actuellement nécessaire au parc français est de l’ordre de 5 à 6000 tonnes par an. Vu le coût relativement faible et la masse spécifique de l’oxyde d’uranium utilisée, la France dispose d’environ 5 ans d’approvisionnement de son parc.
De plus, il faut noter que lors du retraitement, les matières fissiles, uranium de retraitement et plutonium sont récupérées. Le plutonium est utilisé mélangé avec de l’uranium naturel appauvri sous forme d’assemblage MOX dans une vingtaine de réacteurs. L’uranium de retraitement peut être réenrichi car l’isotope fissile 235 y est plus élevé que dans l’uranium naturel.
A savoir également que la France maîtrise toutes les étapes du cycle du combustible depuis la mine jusqu’au retraitement.
Il faut noter également que si l’on ne réemploi pas le plutonium, les déchets de haute activité à vie longue (HA-VL) qui doivent être stockés en couches géologiques profondes à CIGEO doubleraient.
Mais la France avait développé la filière des réacteurs surgénérateurs qui permet de mieux utiliser le plutonium de retraitement et surtout de transformer l’uranium appauvri en plutonium.
Ce qui signifie que le développement progressif d’un parc de réacteurs surgénérateurs de 4ème génération permettrait de valoriser les 350 000 tonnes d’uranium appauvri actuellement stockée dans notre pays ce qui rendrait le pays électriquement indépendant et de ne plus générer des déchets miniers.
Contrairement à une légende fabriquée par les antinucléaires, la filière développée en France était, pour le moment, la seule qui fonctionne dans le monde. Le réacteur Phénix à Marcoule a fonctionné plus de 35 ans et le réacteur Superphénix a été arrêtée pour de sordides raisons politiques par Lionel Jospin en 1997. Enfin la Recherche sur le réacteur Astrid a été hélas arrêtée par le Président de la République en 2018 pour des raisons qui sont sans fondements.
Or sachons que les réacteurs russes de la même filière se développent. Le BN 600 MW a démarré en 1980, suivi du BN 800 MW en 2015 et le BN 1200 MW est en cours de développement. La Chine et l’Inde ont pris la décision de se doter chacune d’un prototype de réacteur surgénérateur refroidi au sodium ce qui était le cas de Phénix et de Superphénix.
La France qui disposait en 1997 d’une avance certaine dans ce domaine ne doit pas arrêter les études et travaux de développement d’un prototype comme l’était Astrid. Il en va de sa souveraineté électrique et industrielle.
12. Jean Fluchère
UTILITE DU DEBAT SUR L’EPR 2 ET PLUS LARGEMENT SUR L’ELECTRONUCLEAIRE.
Il s’agit en réalité d’un débat sur les moyens énergétiques bas carbone à mettre en service en France pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
L’objectif n’est pas l’électronucléaire en soi mais les moyens énergétiques nous permettant de remplacer en 27 ans, durée très courte, l’ensemble des consommations d’énergies fossiles responsables de 95 % de nos émissions de gaz à effet de serre.
Il s’agit d’approvisionner la France avec une électricité bas carbone, suffisante à chaque instant et à un prix acceptable à la fois pour la collectivité mais permettant aussi de relocaliser notre industrie manufacturière afin que les produits dont les Français ont besoin n’aient pas le contenu carbone actuel.
Bref donner à notre pays sa souveraineté énergétique et sa souveraineté industrielle sans émissions de GES n’est pas un mince sujet.
Or de mon point de vue ce débat réduit le problème à l’électronucléaire et au choix de l’EPR 2 à Penly et c’est très insuffisant.
Contrairement à ce que pense une majorité de gens, l’énergie n’est pas un sujet trivial. Or, dans notre pays, tout le monde a un avis sur ce sujet.
Y compris la CPDP qui juge utile de présenter le scénario électrique de Négawatt et celui de l’ADEME. Négawatt est association décroissantiste et antinucléaire dont le seul objectif est le rationnement des français au sens de ce que nos anciens ont connu pendant l’occupation allemande. Et l’ADEME se permet de présenter un scénario alors que tout le monde connaît son côté antinucléaire et le fait qu’elle n’a jamais eu de responsabilité dans le système électrique français.
Je fais partie d’un groupe de scientifiques et d’ingénieurs qui travaille sur la réduction des émissions des gaz de serre. Nous avons des climatologues de haut niveau et des spécialistes de l’énergie. Ce groupe élabore depuis plus de 10 ans un scénario appelé Négatep régulièrement réactualisé qui donne des chiffres très proches de ceux de l’Académie des Sciences et de Technologie ainsi que du scénario du CEREME. Il est regrettable que ces scénarios ne soient pas présentés dans la consultation de cette CPDP qui a fait des choix orientés.
Dans ce groupe, je suis un spécialiste de la production d’électricité, thermique, nucléaire, hydroélectrique et intermittente ainsi que du fonctionnement du système électrique. Mais je ne m’autorise pas à avoir un avis personnel sur les hydrocarbures, les techniques d’exploration, leurs réserves prouvées et estimées, leurs extractions, les différentes sortes de pétrole, etc. Il y a dans notre groupe des spécialistes de ce domaine auxquels je fais appel quand il s’agit de donner un point de vue sur ce sujet. Il en va de même pour le charbon et la substitution de la consommation des énergies fossiles dans le secteur industriel. Enfin nous avons également des spécialistes de l’hydrogène et du méthane de synthèse.
L’avis de notre groupe dans le scénario Négatep est un avis de professionnels de l’énergie et du climat et non une réaction épidermique antinucléaire.
Bref avant de donner un avis sur l’énergie, il convient d’avoir une certaine expérience et longuement réfléchi aux problèmes énergétiques en liaison avec ceux du climat et ne pas se contenter des y-a-ka -fau-kon que l’on trouve dans un certain nombre d’avis et de commentaires qui relèvent de la fantaisie et surtout de l’humeur antinucléaire.
Je prends souvent l’exemple d’une CPDP sur les protocoles oncologiques. Nous y retrouverions les points de vue de tous les naturopathes, sophrologues, spécialistes de relaxation par le yoga et tous les grands « professionnels » des médecines dites alternatives. Il y aurait quelques rares interventions d’oncologues suivies de commentaires malvenus.
J’observe d’ailleurs que dans les réunions organisées par la CPDP les antinucléaires sont les bienvenus et les pronucléaires n’ont pas leur place.
Le Président de cette CPDP déclare qu’il n’y a jamais eu de débat public sur l’électronucléaire, mais ce sujet relève-t-il d’un débat public ?
Pas un parlementaire sur 10 sait faire la différence entre 1 kW et 1 kWh. Tous additionnent les kWh électriques et les kWh gaz sans imaginer un instant qu’il ne s’agit pas de la même chose. Pas 1 parlementaire sur 100 sait donner l’équivalence entre tonne équivalent pétrole et des MWh électrique !
Et pourtant il y a eu un débat au parlement sur l’électronucléaire en 1982.
En effet lors de l’élection de François Mitterrand, il y avait le programme électronucléaire mis au point par le Ministre de l’énergie précédent Monsieur André Giraud. Parmi les soutiens de Monsieur Mitterrand, Monsieur Paul Quilès avait rédigé un programme électronucléaire très au-dessous de celui de Monsieur André Giraud.
Monsieur Mitterrand a donc chargé une personnalité très compétente, Monsieur Hugon, d’étudier ces 2 programmes avant de les soumettre aux assemblées parlementaires. En 1982, Monsieur Hugon a présenté son rapport dont le résultat était proche de celui de Monsieur André Giraud et très éloigné de Monsieur Paul Quilès. C’est le rapport Hugon qui fut adopté et qui a conduit au parc électronucléaire existant. Le rapport Hugon ne traitait que de l’électricité nécessaire au pays jusqu’aux années 2000 et ne se plaçait pas dans l’objectif de la neutralité carbone en 2050 sujet qui n’était pas d’actualité en 1982.
Ma conclusion sur l’utilité de ce débat est que nous allons avoir beaucoup d’avis non argumentés et généralement antinucléaires postés des militants très actifs d’associations décroissantistes et antinucléaires. Quelques rares avis pronucléaires argumentés, suivis de commentaires parfois délirants alors que les sondages donnent 75 % de Français en faveur de l’électronucléaire.
Il y aura au total peut-être 2000 à 3000 avis et il ne faudrait pas en tirer la conclusion qu’ils représentent celui de la majorité des Français en âge de raisonner en faisant une simple comparaison entre les pour et les contres.
La Présidente de la CPDP répondra, avec juste raison, que cette consultation répond aux exigences de la loi Barnier et de la convention d’Aarhus.
Certes, mais ce sont des sujets bien trop importants et bien trop scientifiques pour que ce genre de consultation soit significative. Cela en prouve simplement les limites.
Extrait de forum de discussions contradictoires sur l’énergie électrique en France.
Les inconvénients de l’éolien sous l’angle environnemental et patrimonial sont majeurs. C’est même surprenant que les « écolos » ne le voient pas.
Sous l’angle économique, le dernier rapport du RTE synthétise bien le fait qu’en raison des « externalités » (intermittence, renforcement du réseau…) un mix avec de l’éolien est toujours plus cher qu’un mix sans.
Reste l’aspect technique : le rendement d’une centrale nucléaire dépend, comme tout rendement de Carnot, des températures des sources froide et chaude, et n’est donc que peu affecté par le suivi de charge. Les perturbations du flux neutronique ont bien été minimisées depuis l’origine des REP grâce à l’introduction de barres de contrôle dites « grises » qui reprennent l’effet de puissance, et les opérateurs savent maintenant bien gérer les transitoires sans faire d’erreur.
Un réacteur qui fonctionne en base (à 100 % de Pn en permanence) et s’arrête 1,5 mois par an pour renouveler son combustible a un Kd de 10,5/12 soit 87 %.
Si on le fait fonctionner en moyenne à 70 % de ses capacités pour intégrer 30 % d’énergie éolienne, il produira théiriquement pendant 10,5/0.7 soit 15 mois, et s’arrêtera toujours environ 1,5 mois. Ce qui devrait porter son Kd à 15/16,5 soit 91 %.
Dans la réalité, il faut tenir compte d’un certain taux d’indisponibilité fortuite (Kif) plus élevé, suite à des incidents d’exploitation (erreurs de conduite ou défaillances de matériels). On peut en effet « intuiter » que le suivi de charge qui use les dispositifs de pilotage et peut provoquer des erreurs d’opérateurs, majore le Kif.
Pour autant, on a expérimenté des périodes où des réacteurs restaient en base tandis que d’autres assuraient le suivi de réseau (ou de charge) : l’impact sur le Kif est minime, même s’il est réel.
Bien sûr on peut essayer d’allonger les cycles en sur-enrichissant le combustible, mais le suivi de charge n’allongera-t-il pas encore plus ces cycles longs et donc le Kd ?
Mais atatention : On ne modifie pas la puissance nucléaire sans respecter des règles précises assurant la pérennité des équipements et la sureté du réacteur. Il y a des règles imposées qui résultent des conditions adoptées lors du design.
Par exemple, pour le coeur on s’assure des caractéristiques suivantes : usure différentielle de combustible (haut-bas), limitation de la vitesse de prise de charge (pastille-gaine du combustible), effet Xénon (loi de la physique nucléaire incontournable)…
Les essais de revalidations périodiques des systèmes de sauvegarde (essais périodiques) ne sont pas possibles lors des transitoires de charge sans prendre le risque d’un arrêt intempestif par activation d’un ordre de sauvegarde, de ne pas respecter le critère de validation.
Les variations de puissance du réacteur sont le résultat des mouvements de grappes répétés qui génèrent des usures et des fatigues des mécanismes, et de la variation de concentration en bore qui implique des successions de borication/dilution qui ne sont pas spontanées. Elles produisent des effluents liquide qui sont certes retraités, mais qui ont nécessairement un coût. La gestion de la concentration en bore est commode mais avec des exigences. Elle impose l’action de plusieurs systèmes dont l’exploitation répond à des critères précis pour assurer la sureté en toute circonstance.
Or les variations journalières pour permettre l’acceptation de l’éolien et du solaire ne cessent de croître, donc les nombreux effets induits également.
Le pilotage de la tranche résulte d’un équilibre constant pour lequel les nombreuses opérations de pilotage sont optimisées en fonction des circonstances et des conditions.
Ces variations constantes ont également des effets sur l’usure du combustible et la durée du cycle entre deux rechargements. Il devient alors très difficile, et de plus en plus impossible de gérer les arrêts dans le temps. On ne peut rien prévoir. Par exemple, pour éviter que beaucoup de tranches soient à l’arrêt en période de forte demande, en hiver. En ce moment (juillet 2022) EDF est obligé de mettre des centrales à l’arrêt pour permettre le décalage des arrêts et conserver la tranche en hiver.
Les arrêts de tranche exigent des ressources appropriées (compétences, pièces de rechanges, outillages spéciaux, capacité d’absorption locale de la suractivité). Sans la possibilité d’établir des prévisions raisonnables et industriellement réalisables le tissus industriel a des difficulté à répondre. On le comprend parfaitement. La donnée principale est devenue la météo dont les délais prévisions fiables sont assez courts et pas à l’échelle d’un cycle d’un réacteur.
Ces éléments sont probablement un peu trop techniques. Ils visent surtout à permettre de comprendre que le sujet de la variation de charge permanente des tranches nucléaires construites pour produire en base, à l’origine, est devenu un sujet difficile et complexe. De nombreux paramètres sont à considérer.
Les moyens et les dispositions adoptés pour assurer un suivi de charge journalier de la consommation (mode gris /DMA) sont devenus insuffisants. Les variations de production du solaire et de l’éolien qui maintenant s’ajoutent à la variation journalière de la consommation (ex de la fin de journée avec un solaire faible ou nul et un éolien qui souvent s’étiole) sont devenues trop importantes.
Les désordres introduits par le solaire et l’éolien sont considérables et conduisent à la situation critique actuelle.
Voilà quelques précisions pour confirmer que les cycles marche arrière des centrales pour faire place aux ENR ne sont pas bons.
Le sujet mériterait un bilan complet sans retenue qui comprendrait le thermique et l’hydraulique.
Conclusion : on peut être très sceptique sur cette possibilité de rallonger les cycles et les économies de combustible semblent largement illusoires, En effet, l’économie serait réelle si la baisse de puissance pouvait être assurée d’une manière permanente sur des réacteurs bien déterminés, mais nous ne sommes pas du tout dans ce cas de figure. La puissance largement aléatoire des énergies éoliennes et solaires, et son caractère asynchrone par rapport aux besoins, oblige à des variations sporadiques de puissance de forte amplitude sur des durées de quelques heures (10 GW en quelques heures). Le combustible dans les réacteurs est limité dans sa capacité à supporter de telles variations par le phénomène IPG (Interaction Pastille Gaine, ou PCI en anglais) ; ceci conduit à des limitations sur le diagramme de fonctionnement, limitations qui sont cumulatives. Les variations de puissance infligées au nucléaire se paient en manœuvrabilité et doivent nécessairement être réparties sur plusieurs réacteurs. Il serait éventuellement possible d’adapter les programmes d’arrêt d’un nombre très limité de réacteur, mais comme l’expliqué ci dessus, le fait de devoir répartir les arrêts de manière à disposer des compétences nécessaires pour les interventions spécialisées, ne permet pas de jouer facilement sur le programme des arrêts. Ainsi, il n’est pas possible de profiter réellement de l’économie de combustible induite par la baisse de puissance. Par ailleurs les plans de chargement sont contraints par les dossiers de sûreté, et si certains assemblages disposent de quelques réserves d’épuisement supplémentaires, elles ne peuvent pas être utilisées en modifiant le plan de chargement. Tout au plus ces assemblages peuvent-ils être utilisés en « réserve de gestion » et pallier des problèmes de chargement liés à des assemblages non étanches. Cela ne permet pas globalement une réelle économie de combustible, en revanche, les externalités négatives sont, elles, bien présentes. Il semble que ces considérations devraient conduire à remettre en cause la priorité d’accès au réseau de l’éolien et du solaire
Bref. Les 3 derniers gouvernements (au moins) ont créé une situation où on est obligé de faire dans l’urgence un choix non optimal : un peu plus d’ENRi. Mais aucun responsable politique n’admet qu’il est responsable de cette situation.
Et les STEP ? La France dispose d’environ 0,1 à 0,2 TWh de STEP, et l’hiver la France peut consommer 2 TWh/jour d’électricité. Avec un anticyclone qui peut clouer les éoliennes pendant 15 jours d’affilée.
De plus, depuis Sivens on sait que construire un nouveau réservoir de stockage, même pour l’irrigation, peut provoquer des réactions extrêmes. La seule solution techniquement envisageable (mais économiquement déraisonnable) consiste aujourd’hui à se lancer dans du Power to Gaz to Power, en transformant l’électricité excédentaire en gaz (H2 ou CH4) pour alimenter des centrales au gaz (ou des PAC) qui restitueront …à peine 20 à 30 % de l’électricité utilisée.
EDF s’efforce par ailleurs d’améliorer le plus possible le système de pilotage du réacteur dans les EPR, justement pour pouvoir répondre au besoin d’insertion d’un grand nombre de sources intermittentes. Ceci en se tirant une balle dans le pied, car celles-ci n’ont aucune obligation en matière de « services système ».
Si EDF était une société privée, elle aurait pu faire du chantage en acceptant de vendre ses MWh mais pas ses services systèmes, ou alors très cher, c’est-à-dire au prix correspondant à la valeur ajoutée qu’ils représentent.
Mais voilà, c’est l’État qui décide, et malgré la prise de conscience tardive qu’on n’y arriverait pas sans nucléaire, nos dirigeants ne veulent pas s’opposer frontalement à Bruxelles. D’autant qu’on a transitoirement besoin de nos voisins vu la faiblesse structurelle actuelle de notre parc productif, amputé imprudemment de Fessenheim et de 10 GW de charbon, et très conjoncturellement empêtrée dans des problèmes de Corrosion sous Contrainte dont la gravité pourrait s’avérer bien moindre que prévu
Donc posons la racine idéologique du problème: la pensée fausse de l’idéologie officielle de la France et de l’Europe:
Un système électrique selon la morale officielle, donc hydrogène, et pas de centrales fossiles pour la flexibilité, donc demander au nucléaire ce pour quoi il n’est pas optimum, c’est le mythe du zéro carbone 2050 que prêchent les pouvoirs.
L’alternative : accepter un système électrique robuste, disponible et sûr mais avec un contenu carbone réel de 40 à 60g CO2/KWh, un taux raisonnable d’intermittents, 15% au maximum, un nucléaire avec un bon facteur moyen de charge, et en électrifiant avec de très bon rendements énergétiques (alors que ceux du mirage hydrogène sont lamentables), plus de 3 pour les pompes à chaleur, 2,5 pour l’électrification des véhicules, réaliser concrètement et rapidement, non dans les discours, des gains importants d’émissions en France.
Choisir entre le pur, mais impuissant, et l’efficace raisonnable mixant toutes les technologies.
Donc, à court terme lancer un plan urgent de centrales au gaz allié indispensable pour éviter les black-out d’ici 2030.
Alors que la guerre est revenue sur notre continent, dix ministres européens de la transition énergétique, de l’énergie, de l’environnement ou de l’économie plaident ensemble pour assurer l’avenir énergétique de l’Europe et sa résilience. Elle passe avant tout par des investissements massifs dans le nucléaire et son inclusion dans la taxonomie européenne.
La centrale nucléaire du Bugey est implantée sur la commune de Saint-Vulbas dans le département de l’Ain. (Mourad ALLILI/Sipa)
Publié le 4 juil. 2022 à 12:00Mis à jour le 4 juil. 2022 à 12:07
Aujourd’hui, le renforcement de notre ambition pour combattre le changement climatique doit faire partie intégrante de l’autonomie stratégique et énergétique de l’Europe, alors que l’agression militaire brutale de la Russie envers l’Ukraine nous oblige à repenser l’énergie en Europe. Le contexte qui a prévalu, avant l’invasion de la Russie par l’Ukraine, à l a définition de la taxonomie européenne pour une finance durable, diffère de la situation actuelle.
En octobre 2021, nous avions déclaré que : « Si l’Europe entend gagner la guerre pour le climat, elle doit recourir à l’énergie nucléaire. Il s’agit d’une ressource vitale et fiable pour garantir un avenir faiblement carboné pour tous. » Aujourd’hui, une guerre bien réelle fait rage aux frontières de l’Europe. En conséquence des actes illégaux de la Russie, des citoyens européens et l’industrie européenne sont frappés par la hausse et la volatilité des prix de l’énergie.
Si l’Europe entend gagner la guerre pour le climat, elle doit recourir à l’énergie nucléaire.
Si l’Europe entend poursuivre la mise en oeuvre de sa trajectoire de décarbonation et assurer dans le même temps la sécurité de son approvisionnement énergétique, un changement d’attitude envers l’énergie nucléaire est indispensable. Des quantités élevées d’électricité bas carbone et d’hydrogène bas carbone seront nécessaires pour satisfaire les besoins énergétiques de nos sociétés et de notre industrie tout en atteignant l’objectif européen de neutralité climatique en 2050.
Inclure le nucléaire dans le Green Deal et REPowerEU
Atteindre cet objectif et assurer la sécurité d’approvisionnement exigerait ainsi d’ici à 2050 un investissement de 500 Md€ dans de nouvelles installations nucléaires de production d’électricité. Pour répondre à ce défi, il faut inclure le nucléaire dans les politiques européennes relevant du Green Deal et du plan REPowerEU, comme envisagé dans la vision stratégique européenne de long terme Clean Planet for all, qui indiquait clairement qu’avec les énergies renouvelables, le nucléaire peut former l’ossature d’un système énergétique européen neutre en carbone.
L’énergie nucléaire permet de surmonter des défis variés. En premier lieu, dans le respect des plus hautes exigences de sûreté, l’énergie nucléaire peut produire les quantités d’électricité nécessaires pour répondre aux besoins d’électrification future et constitue un élément essentiel pour construire une solution permettant de diminuer notre dépendance aux combustibles fossiles importés de Russie.
Se donner une stratégie réaliste pour l’hydrogène
En second lieu, considérant les coûts systémiques et le prix accordé à la stabilité, l’énergie nucléaire est une source d’énergie compétitive, dès lors en particulier que des schémas de financement spécifiques sont retenus pour de tels projets intensifs en capital. S’agissant des déchets radioactifs, qui incluent ceux issus des applications médicales et industrielles, les technologies de gestion sont disponibles. Pour les déchets de haute activité, le stockage en couche géologique profonde est considéré, au regard des connaissances actuelles, comme une solution appropriée, et les technologies pour construire de tels stockages sont disponibles dès à présent.
Enfin, l’Europe doit se donner une stratégie réaliste pour la production d’hydrogène sans dépendre largement d’importations – les défis actuels relatifs à la dépendance aux importations énergétiques devant rester présents à notre esprit. L’Europe doit accroître sa capacité à produire de l’hydrogène décarboné et doit mettre en place un cadre approprié pour la production d’hydrogène à partir d’énergie nucléaire.
La première étape en ce sens est déjà incluse dans l’acte délégué complémentaire relatif à la taxonomie européenne, qui définit des critères pour la construction et le fonctionnement sûr de nouvelles centrales nucléaires de production d’électricité, y compris en vue de la production d’hydrogène. Cela confortera la concrétisation de l’écosystème pour la production d’hydrogène, tant en matière de dimensionnement que de temporalité.
La Commission doit élargir son action
En conséquence de quoi, nous, soussignés, rejoignons l’opinion de vingt syndicats représentants des travailleurs belges, bulgares, tchèques, finnois, français, hongrois, lituaniens, roumains, slovaques et slovènes du secteur énergétique, pour déclarer que l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie européenne est vitale pour combattre le changement climatique et accroître l’indépendance énergétique.
Pour faire face au défi énergétique, nous invitons la Commission européenne à élargir son action et à mettre à jour, parmi ses prochaines démarches, le Nuclear Illustrative Programme (PINC) publié en application de l’article 40 du traité Euratom, qui présente un panorama des objectifs et des investissements nécessaires tout au long du cycle de vie de l’industrie nucléaire.
– Pour la Bulgarie : Alexander Nikolov, ministre de l’Energie
– Pour la Croatie : Davor Filipović, ministre de l’Economie et du Développement durable
– Pour la Finlande : Mika Lintilä, ministre des Affaires économiques
– Pour la France : Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique
– Pour la Hongrie : László Palkovics, ministre de l’Innovation et de la Technologie
– Pour la Pologne : Anna Moskwa, ministre du Climat et de l’Environnement
– Pour la République tchèque : Jozef Síkela, ministre de l’Industrie et du Commerce
– Pour la Roumanie : Virgil Popescu, ministre de l’Energie, ministre par intérim de la Recherche, de l’Innovation et de la Digitalisation
– Pour la Slovaquie : Richard Sulík, Vice-Premier ministre et ministre de l’Economie
– Pour la Slovénie : Bojan Kumer, ministre des Infrastructures
Agnès Pannier-Runacher et neuf ministres européens chargés de l’Energie
Jusqu’au 16 juin 2022, la consultation publique sur la 5e édition du PNGMDR est ouverte. Après avoir pris connaissance du Plan (https://t.co/2SBhjW174p), cette consultation publique est l’occasion d’exprimer votre avis : https://t.co/QO0R3wZEdH
Le PNGMDR est révisé tous les 5 ans. Cela représente un travail considérable pour l’ANDRA et l’on peut s’interroger sur la pertinence de cette fréquence élevée.
Le gouvernement a enfin compris que vouloir remplacer les combustibles carbonés par de l’électricité décarbonée implique d’avoir un programme important et de long terme d’électricité d’origine nucléaire non tributaire de l’ensoleillement et des vents. Il en résulte que le traitement des déchets est pérenne. Ceux qui militent pour une sortie du nucléaire font fausse route et doivent se rendre à l’évidence : seule l’électricité d’origine nucléaire nous permettra d’alimenter le pays en énergie en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
Que s’est-il passé de concret depuis le dernier PNGMDR ?
La publication des textes demandés depuis longtemps sur le seuil de libération des déchets de très faible activité dont la radioactivité est égale ou inférieure à la radioactivité naturelle. Seule la France n’avait pas encore adopté cette disposition en vigueur dans tous les autres pays. Cela permettra de ne pas saturer des stockages inutilement et surtout de faire revenir dans l’économie circulaire beaucoup de ferrailles zonées et surtout des aciers inoxydables dont le coût est élevé. Il y a donc un élément de satisfaction.
En revanche, alors que tous les experts sont parfaitement d’accord pour le stockage en grande profondeur, dans des couches géologiques stables et anhydres depuis des millions d’années, des déchets de Haute et Moyenne Activité à vie longue et que l’enquête d’utilité publique qui s’est terminée très positivement depuis 2 ans, le décret d’utilité publique n’a toujours pas été délivré. On se demande pourquoi la puissance publique tergiverse sur ce sujet car c’est seulement une fois ce décret publié que l’ANDRA peut demander à l’ASN le Décret d’Autorisation de Création qui demande au moins 3 ans d’instruction même si l’ANDRA a toujours tenu l’ASN étroitement informé pendant les travaux sur le laboratoire de Bure. J’espère que cette non-décision n’est pas liée aux élucubrations de l’Autorité Environnementale qui remet en cause les appréciations de la Commission Nationale d’Experts sur ce sujet depuis plus de 10 ans.
Aujourd’hui tous les pays ont choisi cette disposition pour que ces déchets ne doivent plus être surveillés par les générations futures. Et la France prend du retard alors que les colis stockés à la Hague depuis 40 ans doivent regagner CIGEO pour laisser la place aux nouveaux colis. Il convient de noter qu’entre le DAC et l’enfouissement, les travaux à faire pour créer CIGEO sont considérables. D’autres points sont en suspens.
1. La création d’une grande piscine de stockage des combustibles usés qui faisait l’objet d’une commission du débat public a vu celle-ci interrompu pour des raisons difficiles à comprendre. Or il faut que ce débat public aille à son terme pour que le dossier puisse avancer.
2. La décision de la poursuite du retraitement des combustibles usés afin qu’ORANO puisse programmer la remise à niveau de ses installations de la Hague et la poursuite de l’utilisation du MOX.
3. La décision d’engager un prototype de réacteur surgénérateur pour utiliser intelligemment les milliers de tonnes d’uranium appauvri dont la France dispose sur son sol et d’utiliser le plutonium de façon plus intelligente que dans le MOX.
4. La recherche d’autres zones de stockage de déchets TFA et des déchets de moyenne activité à vie courte pour se substituer aux zones de stockage actuelles lorsqu’elles arriveront à saturation.
Pour l’instant ce PNGMDR est remarquablement bien construit et doit être adopté.
2)
PNGMDR : une réglementation nécessaire et bienvenue encore perfectible, par Jean-Pierre ROBIN , le 4 juin 2022 à 19h47
La France a besoin d’une réglementation sur la gestion des déchets nucléaires. L’usage de l’énergie nucléaire est une nécessité absolue pour bénéficier d’une énergie disponible de manière fiable, indépendante de l’étranger et décarbonée au-delà de tous les autres moyens de production. Les déchets nucléaires sont déterminés précisément, ils font l’objet d’une traçabilité précise, ils sont très peu volumineux et ils sont traités de façon à protéger la population sur le long terme, alors que les autres déchets de production d’énergie sont rejetés dans l’atmosphère avec toutes les conséquences que cela implique pour la santé et pour le climat, alors que l’intermittence du solaire et de l’éolien impose de maintenir une proportion importante de production par les énergies fossiles, comme on le voit en Allemagne tous les jours. Le règlement PNGMDR est donc une nécessité pour établir un cadre à cette gestion.
L’ANDRA a fait un excellent travail, et le règlement proposé doit être approuvé pour donner un cadre opérationnel au traitement des déchets. La publication des textes demandés depuis longtemps sur le seuil de libération des déchets de très faible activité dont la radioactivité est égale ou inférieure à la radioactivité naturelle est enfin devenu une réalité en cohérence avec les pratiques internationales.
Il subsiste des points de préoccupation. Parmi ceux-ci, il est incompréhensible que la décision concernant Cigéo ne soit pas encore prise, ce qui empêche la publication des décrets d’application. Aucune filière industrielle ne peut fonctionner sans disposer de la capacité de gérer le cycle de vie de ses produits. Le stockage géologique profond des déchets HAVL est LA solution de référence internationalement reconnue. Depuis bientôt une décennie (!) Cigeo a été évalué positivement par toutes les instances ad hoc. Les tergiversations démontrent une incapacité inquiétante du gouvernement à jouer son rôle de pouvoir exécutif. Cette absence de décision est inadmissible et traduit une fuite devant les responsabilités. Ainsi, alors que les études ont été menées à leur terme, les études complémentaires et étapes de décision supplémentaires apparaissent comme des manœuvres dilatoires, qui ne permettent pas une gestion claire et sereine de la gestion industrielle. Toutes ces dispositions dilatoires doivent être éliminées du PNGMDR.
Le sujet qui mérite la reprise des recherches et études, c’est la mise au point des réacteurs de 4ème génération, sans que ces études interfèrent avec la gestion des déchets des réacteurs existants.
3)
Un PNGMDR à rendre opérationnel dans les meilleurs délais et à intégrer dans la planification écologique, par Alain Desgranges , le 4 juin 2022 à 13h47
Ce plan est capital pour la filière nucléaire française mais pas seulement puisqu’il concerne aussi les déchets radioactifs de toutes provenance. Ce sujet reste en outre l’un des dossiers qui suscite le plus d’interrogations dans le public, voire de rejets de la filière. Cacher sous le tapis cette question et faire porter le poids de ses conséquences sur les générations futures ne sauraient constituer une réponse crédible. Après avoir pris connaissance du contenu de ce plan, l’ai la conviction qu’il répond pour l’essentiel aux questions qui sont posées. Mais la communication sur ce dossier n’est pas à la hauteur des enjeux. Il est donc essentiel que ce plan de gestion qui répond aux réserves du public sur le nucléaire soit mis en œuvre dans les meilleurs délais et soit porté à la connaissance de nos concitoyens par tous moyens appropriés. Avec détermination, il faudra franchir les obstacles qui retardent sans justification des décisions nécessaires alors que le programme nucléaire vient d’être relancé. Or, après des années d’études, de consultations et de recommandations, la plupart des dossiers sont suffisamment avancés pour que l’Exécutif et les élus concernés se mobilisent sur ce dossier en prenant les décisions qui s’imposeront à l’ensemble du cycle nucléaire et seront absolument nécessaires à son bon fonctionnement en toute sûreté. En conclusion, je suis favorable à l’adoption de ce plan qui constitue un exemple abouti sur un temps très long et sans équivalent dans l’industrie. Son intégration dans la planification écologique mise en place par le Président de la République et confiée au Premier Ministre serait la preuve de l’engagement de l’Etat dans cette démarche tout en donnant une certaine visibilité à son contenu…
4)
Favorable au PNGMDR, par Philippe RAIMBAULT , le 3 juin 2022 à 17h33
Le gouvernement vient de décider une reprise forte des investissements dans les centrales nucléaires qui fournissent une électricité pilotable et décarbonée. C’était une décision indispensable compte tenu de l’urgence climatique et des enjeux économiques et d’indépendance énergétique. Il est important que la version finale du PNGMDR, facilite les décisions à prendre pour accompagner cette reprise et que le gouvernement et les élus prennent leur responsabilité. L’ASN et les organismes et institutions rassemblant toutes les compétences techniques dans ce domaine ont rendu leur avis. Une commission de gouvernance supplémentaire préconisée par le projet de PNGMDR ne ferait qu’alourdir le calendrier. Il faut informer au mieux le public mais il y aura toujours des opposants irréductibles qui exploiteront tous les moyens pour freiner les décisions. J’identifie trois sujets essentiels :
Le traitement/recyclage Il faut réaffirmer le soutien à la poursuite du traitement/recyclage des combustibles usés en vue de séparer les déchets HA des matières énergétiques uranium et plutonium et de les utiliser dans les réacteurs de 4ème génération pour lesquels il est fondamental de poursuivre les études. Ces matières représentent des siècles de production d’électricité décarbonées, donc de ressources pour les générations futures et peuvent être gérées en toute sûreté. Il faut donc engager de toute urgence le projet de nouvelle piscine d’entreposage centralisé des combustibles usés à la Hague, ce site étant le meilleur de tous les points de vue pour aller vite (2030), et la préparation de la mise à niveau, à l’horizon 2040, de l’usine de retraitement avec la double perspective d’accueillir le nouveau nucléaire et de préparer le multi recyclage.
La gestion des déchets TFA La gestion des déchets TFA ne pose pas de problème majeur de sûreté car leur niveau d’activité est proche de celui de la radioactivité naturelle mais c’est plutôt le problème de l’optimisation de cette gestion qui est en question. Avec le démantèlement et compte tenu de la réglementation actuelle ces déchets vont représenter des volumes importants conduisant à des coûts élevés de stockage. Ils contiennent des matières valorisables comme les métaux. La réglementation relative aux déchets TFA devrait être ajustée pour faciliter leur recyclage comme cela est mis en pratique en Allemagne et aux Etats Unis.
Le stockage des déchets HA en formation géologique profonde Le stockage en formation géologique profonde des colis de déchets de haute activité vitrifiés (CSDV) fait l’objet de toutes les craintes d’une partie de la population alors que c’est le mode de gestion préconisé par l’ensemble des organismes internationaux compétents en la matière. Les CSDV représentent des volumes limités (0,2% du volume total des déchets radioactifs). La fabrication de ces colis suit des procédures strictes d’assurance de la qualité contrôlées par l’Andra et l’ASN. L’exposition aux radiations qu’ils émettent peut être létale car leur activité massique est de l’ordre d’un curie par gramme c’est-à-dire celle du radium 226. Dans les entreposages de l’usine de La Hague la protection des travailleurs est assurée par quelques mètres de béton. L’activité des CSDV va décroître très fortement au cours des 300 premières années car les produits de fission majeurs (Cs137, Sr90) subiront la décroissance radioactive. En entreposage de surface ou de sub-surface une surveillance permanente doit être assurée pour prévenir tout acte de malveillance. Le risque d’abandon de cette surveillance est important en cas de périodes troublées (guerre, récession économique grave) et il est donc irresponsable d’affirmer que l’on puisse garantir cette surveillance sur plus d’une centaine d’années. Ces colis CSDV ne peuvent toutefois pas être mis en stockage immédiatement après vitrification car leur forte radioactivité produit de la chaleur qui imposerait trop de contrainte sur la conception du stockage (distance entre colis). L’entreposage en surface des CSDV est donc planifié sur quelques dizaines d’années avant leur sécurisation dans CIGEO. Une fois les colis mis en place une phase de réversibilité est prévue pendant laquelle les colis pourront être récupérés. A la fin de cette phase de réversibilité il est important que le site soit refermé et scellé assez rapidement pour prévenir tout abandon du stockage en l’état. Dans CIGEO, la protection contre les radiations est largement assurée par la barrière géologique. Le stockage, une fois fermé et scellé, des incursions humaines volontaires dans le stockage sont inenvisageables sans la mise en œuvre de moyens technologiques sophistiqués, couteux et longs à réaliser et dont les parades sont faciles à trouver. La seule voie pouvant conduire à une exposition serait un forage par inadvertance avec extraction de carottes mais les probabilités d’atteindre un colis par hasard sont très faibles et les conséquences limitées comme explicité dans le Dossier de l’Andra. La qualité de confinement des colis interdit toute dissémination des radionucléides dans l’environnement pendant au moins 10.000 ans et demeure très faible au delà car même en cas de présence d’eau, la matrice vitreuse retient les radionucléides. La roche hôte est imperméable et protège les colis de l’action de l’eau et le transfert par l’eau. Elle n’a pas bougé pendant des centaines de millions d’années malgré la modification des conditions des conditions en surface (érosion, glaciations). Même une fracture de la matrice vitreuse du colis aurait très peu d’impact. Seuls les produits de fissions majeurs sont solubles mais ils auront disparu avant 300 ans. Après 300 ans il reste les actinides qui sont très peu solubles et sont figés dans la roche comme cela a été constaté dans l’analogue naturel d’Oklo au Gabon où des réactions de fission se sont produites naturellement il y a 2 milliards d’années. Ces considérations soulignent que la démarche retenue par le gouvernement pour la gestion des déchets HA est la plus raisonnable et celle qui minimise les risques et les charges pour les générations futures.
5)
Passons à la décision et à l’action, par Claire Kerboul , le 3 juin 2022 à 08h31
Il n’y a pas d’alternative à l’électronucléaire pour assurer une transition écologique qui nous permette de ralentir la dérive climatique tout en assurant les besoins énergétiques de la population.
Pour ceux qui en douteraient, rappelons que c’est une chance de maîtriser, depuis fort peu de temps à l’échelle de l’histoire de l’énergie, l’énergie de fission nucléaire. Très dense (1 g d’uranium a le potentiel énergétique d’1,6 t de pétrole ou 1000 m3 de gaz), l’énergie nucléaire casse des liaisons nucléaires et donc ne produit pas de composés carbonés néfastes pour le climat. En conséquence, il est crucial d’assurer la cohérence de la gestion de nos matières stratégiques et, en aucun cas, envoyer une matière énergétique (uranium 238, plutonium) aux déchets. Cela devrait être le fil conducteur du PNGMDR. Gestion des matières et des déchets radioactifs pourrait aussi se dire gestion des matières stratégiques et des déchets radioactifs.
Pour cela il est indispensable que la gouvernance laisse toute sa place à la connaissance scientifique et technologique avec une participation renforcée d’organismes scientifiques. Les opinions et les idéologies n’ont jamais fait avancer la résolution d’un problème aux facettes scientifiques, techniques, économiques et stratégiques. A cet égard les avis de la Commission nationale d’évaluation, de l’OPECST, de l’ASN, et des Académies sont de grandes valeurs pour guider le PNGMDR et devraient être considérées comme nécessaires et suffisantes.
Comme son nom l’indique le PNGMDR est une instance planificatrice et, comme telle, doit être sous pilotage du gouvernement, notamment du ministère chargé de l’industrie et du ministère chargé de l’énergie. Il serait d’ailleurs pertinent, compte tenu de la valeur stratégique du nucléaire, qu’un ministère chargé du nucléaire puisse assurer les compétences nécessaires à ce pilotage gouvernemental. L’ASN doit rester dans son rôle d’Autorité Indépendante, du gouvernement et a fortiori du PNGMDR sur lequel elle porte un avis indispensable au gouvernement.
La pertinence du recyclage des matières énergétiques présentes dans les combustibles usés est évidement grande à condition de poursuivre la logique jusqu’au bout. Tant qu’on ne dispose que de réacteurs à neutrons lents comme les REP et les EPR, il est important de penser le retraitement de sorte à préserver toute la matière stratégique disponible. Il pourrait être intéressant d’ailleurs de regarder d’un peu près ce que fait le Royaume-Uni dans son programme de mise au point d’un « coffre-fort » à plutonium dans l’attente de disposer de réacteurs à neutrons rapides.
Cette logique entraîne impérativement la remise sur pied, en urgence, d’un programme de R&D pour mettre au point un RNR de 4ème génération. Sans cela l’électronucléaire français restera seulement une parenthèse stoppée avant d’avoir pu atteindre sa maturité : utilisation de tout l’uranium naturel et minimisation des déchets produits quasiment aux seuls produits de fission. On voit ici tout l’intérêt d’un coffre-fort à plutonium qui permette de garantir la sûreté et la sécurité de la disponibilité de cette matière, pendant toute la durée nécessaire au biseau entre notre parc de réacteurs REP et le parc de réacteurs RNR.
Soulignons ici que l’arrêt d’Astrid, sans débat et sans que les instances d’évaluation et d’orientation aient été consultées, s’agissant d’une disposition de la loi du 28 juin 2006, questionne très sérieusement la gouvernance d’ensemble des institutions en charge du nucléaire français.
Autre symptôme préoccupant : l’incapacité de la décision concernant Cigéo. Aucune filière industrielle ne peut fonctionner sans disposer de la capacité de gérer le cycle de vie de ses produits. Le stockage géologique profond des déchets HAVL est LA solution de référence internationalement reconnue. Depuis bientôt une décennie (!) Cigeo a été évalué positivement par toutes les instances ad hoc. On voit fleurir ici ou là des recommandations pour la reprise de recherches ce qui est quand même le signal d’un système global qui tourne en rond. Le recours quasi maladif à des instances de consultation qui n’ont pas, par définition, l’expertise nécessaire, est probablement l’une des causes profondes – encouragée à dessein ? – des difficultés de fonctionnement de la filière.
La France a maintenant perdu toute son avance en matière nucléaire, ce qui est particulièrement grave compte tenu du contexte général (menace nucléaire, pénurie énergétique, désindustrialisation…). Il est grand temps d’une part de se recentrer sur les appréciations des instances expertes et d’autre part que les politiques, dans la logique de la loi du 28 juin 2006, reprennent la main pour décider et contrôler la mise en œuvre effective de ces décisions. A ces fins, le PNGMDR doit pouvoir jouer son rôle important d’analyse et de synthèse.
Vous avez publié, le dimanche 1er mai sous la plume de Eric LESER, un article concernant le soutien du Président de la république à l’hydrogène intitulé « POURQUOI EMMANUEL MACRON s’est laissé séduire ». » Pour l’industrie, pour l’écologie et pour la souveraineté, l’hydrogène décarboné doit permettre la croissance verte du XXI ème siècle… «
La question fondamentale est comment produit-on de l’hydrogène décarboné ? Vous expliquez fort opportunément dans un encart les différents procédés possibles.
La production à partir des énergies fossiles est à proscrire car comme vous le dites justement 1 kg d’hydrogène brun ou noir (Lignite ou houille) génère 23 kg de CO2 et 1 kg d’hydrogène gris (Gaz Naturel) 10 kg. Il est extrêmement hasardeux d’affirmer que le prix de revient de l’hydrogène gris est de 1,5 euro par kilo en Europe durablement compte-tenu des incertitudes géopolitiques. Quant à l’hydrogène bleu obtenu aussi à partir du gaz naturel fossile, il est paré d’une couleur chatoyante car il bénéficie du privilège qui consiste à profiter de la capture et du stockage du CO2, pourquoi lui seulement ? Qui plus est à seulement 1 euro par Kg d’hydrogène produit, chiffre impossible à valider en l’état actuel du développement de cette technologie. A ce prix on peut tout peindre en bleu y compris le Noir et Le Brun.
Il est important, me semble-t-il, de raisonner sur les quantités de CO2 produites directement responsables du réchauffement climatique et pas sur des valorisations monétaires, comme c’est le cas depuis le début de l’air du pétrole.
La production à partir d’énergies décarbonées (Eolien, Solaire,Hydraulique, Nucléaire), en utilisant l’électricité produite pour séparer hydrogène et oxygène de l’eau par électrolyse. Vous introduisez une différence de couleur le Vert et le Jaune, induisant ainsi une appréciation qui n’est plus physique mais politique, vous écrivez que le nucléaire n’est pas considéré comme renouvelable, prenant ainsi parti dans le débat qui sévit à Bruxelles et qui opposent Français et Allemands.
Vous écrivez: « Après avoir également changé d’avis subitement sur l’énergie nucléaire et annoncé il y a quelques mois une relance de la construction de réacteurs en France, Emmanuel Macron n’a cessé d’apporter un soutien appuyé et permanent à l’hydrogène ». Il aurait été opportun d’approfondir cette prise de position. Je fais l’hypothèse que les experts de l’énergie le mettant devant la réalité des besoins en électricité générés par ses engagements: la ré-industrialisation de la France depuis l’industrie de base, les transports jusqu’aux besoins domestiques, ne lui aient fait percevoir la dure réalité des ordres de grandeurs. Par exemple la quantité d’électricité nécessaire pour produire l’hydrogène qui permettrait de décarboner la production d’acier dans un haut-fourneau qui fonctionne 24/24 correspond à un réacteur nucléaire, l’usine Arcelor-Mittal de Dunkerque en possède 3. Je vous laisse faire la transposition à partir de l’hydrogène Vert éolien ou solaire. A moins que l’on considère qu’il ne faut plus produire d’acier en France …
La première recommandation d’un bon professeur de physique à ses élèves est de savoir évaluer les ordres de grandeurs au moment d’écrire le résultat du devoir en bas de la page.
Nous avons écouté avec attention l’émission du 30 avril 2022, à 13h20 « Secrets d’Info », animée par Jacques Monin qui présente une enquête de Benoît Collombat sur les acquisitions foncières d’EDF ou de l’ANDRA pour leurs activités industrielles. Cette émission et cette enquête semblent manifestement contredire à vos obligations d’impartialité et de représentativité. En effet, de nombreux auditeurs de Radio France ont perçu cette émission comme une opération de propagande anti-nucléaire et de recherche de scores d’audience facile.
Il n’est évidemment pas question de nier le droit absolu à la libre expression des opposants à l’énergie nucléaire, même en cette période de guerre gazière et d’urgence climatique récemment médiatisée par le GIEC, rappelant l’importance de l’énergie nucléaire dans la liste des outils pouvant participer à la réussite de notre mobilisation climatique à l’échelle. Cependant, ne paraîtrait-il pas déontologique de recueillir également l’avis des ONG non anti-nucléaires pour permettre à l’auditeur de se forger plus librement une opinion ?
En effet, votre émission s’avère constituée d’une longue suite de témoignages, tous recueillis auprès de militants antinucléaires déclarés. Ces témoignages sont entrecoupés de quelques interventions, ou citations de responsables des entités mises en cause, ces interventions étant immédiatement contredites ou mises en doute quant à leur sincérité, sans preuve, mais la suspicion élusive fait manifestement partie des techniques de manipulation d’opinion utilisée par vos journalistes. Pour une démonstration censée montrer les secrets des actions des entités mises en cause, il est paradoxal de constater que de nombreux documents étaient accessibles sans difficultés, il est aussi paradoxal d’entendre au détour d’une phrase que des collectivités locales souhaitent le développement des activités concernées. Il semble regrettable que Monsieur Collombat n’ait pas souhaité aller interroger ces collectivités locales. Il n’a pas pu vous échapper non plus que l’implantation de nouvelles installations dépend de décisions politiques, ce qui oblige les entités concernées à se placer dans une démarche prospective. Cela aurait du vous éviter de porter des accusations graves et injustifiées. Enfin, puisque l’emprise du foncier semble être une préoccupation de l’opinion publique, nous vous invitons à évaluer cette emprise de la part de sites de production nucléaire par rapport à d’autres moyens de production, cela permettra assurément aux auditeurs de mesurer où se trouvent les véritables défis. Comme indiqué par nos Académies, le pays ne peut décemment pas vivre sans davantage d’électricité pilotable décarbonée, et pourtant cela n’est jamais rappelé par France inter.
Cette émission nous semble donc décevante d’un point de vue éthique et nous vous serions gré de réaliser dans le même cadre une émission qui explicite les avis opposés plutôt qu’anti-nucléaires. Ce sera probablement utile pour la culture scientifique de vos auditeurs.
Nous sommes donc conduits à vous rappeler vos obligations d’impartialité et de pluralité des opinions édictées par le CSA. La société civile est attachée à la diffusion d’une information précise, rigoureuse et objective. Nous sommes à votre disposition pour vous fournir des informations validées au plan scientifique sur les sujets touchant au climat et à l’énergie sous les aspects techniques, économiques, sanitaires ou environnementaux. Nous vous invitons en conclusion à équilibrer davantage les témoignages sélectionnés afin d’éviter de maintenir cette radio du service public dans un rôle d’officine anti-nucléaire.
Dans le cadre du réexamen de sûreté, EDF propose des dispositions pour élever le niveau de sûreté des installations dans l’optique de prolonger l’exploitation du réacteur N°1 de Tricastin pour 10 années supplémentaires à compter de la Visite Décennale réalisée en 2019. Ce propos vise à formaliser l’avis du Syndicat CFE Energies Tricastin sur la suffisance de ces dispositions. La conformité des installations aux exigences de sûreté est un point essentiel pour garantir leur capacité à assurer leurs fonctions en toutes circonstances. Des écarts aux exigences sont parfois constatés et il est donc important de renforcer les contrôles d’examen de conformité. L’extension du périmètre de contrôle des équipements et des composants, et notamment ceux présentant un retour d’expérience négatif comme les ancrages des équipements est une disposition qui donne confiance. Le vieillissement des installations peut être un sujet d’inquiétude. Dans les faits, il concerne les équipements et composants d’origine qui ne peuvent pas être remplacés. S’agissant du réacteur N°1 de Tricastin, des microfissures (20 défauts) au niveau de la cuve, dont l’origine provient d’un procédé de soudage du revêtement, font l’objet d’un suivi depuis 40 ans, sans évolution constatée. L’Autorité de Sûreté Nucléaire retient que la tenue en service de la zone de cœur du réacteur N°1 de Tricastin est démontrée pour la période de dix ans suivant la quatrième visite décennale. Sur le sujet de prolongation d’exploitation des cuves, un dispositif complémentaire de protection de la cuve a été évalué sur Tricastin 3 et devrait être généralisé ; ainsi, l’introduction de grappes en hafnium dans des assemblages combustibles permettrait de réduire encore le flux neutronique et son impact sur la tenue mécanique dans le temps. Sur les mesures prises par EDF dans le cadre de la démarche de maitrise du vieillissement mise en œuvre par EDF, celles-ci sont considérées suffisantes par l’IRSN en vue de l’extension de la durée de fonctionnement des installations. L’objectif de réévaluer le niveau de sûreté des installations est de mieux protéger la population et l’environnement. La modification concernant la stabilisation du corium dans le cadre d’un scénario d’accident avec fusion des assemblages combustibles constitue une amélioration notable, dans la mesure où elle présente la possibilité d’évacuer la chaleur (EASu) hors de l’enceinte de confinement sans utiliser le dispositif d’éventage-filtration, et donc de limiter les rejets. Concernant les critiques sur la conception de ce dispositif qui ne repose que sur des modélisations, notre avis s’appuie sur les expertises de l’IRSN et l’ASN qui ont validé ce concept et son design, des expérimentations ne pouvant bien évidemment pas être envisagées ! Si l’objectif du réexamen de sûreté est d’approcher le plus possible le niveau de sûreté des réacteurs nouvelle génération (EPR de Flamanville pour Tricastin 1), il permet également d’intégrer le REX international. Dans notre situation, il s’agit de tirer les enseignements de l’accident survenu au Japon en 2011 à Fukushima. Sur ce sujet, nous notons deux points principaux : la résistance aux agressions, et le renforcement des sources électriques et des sources froides. Le niveau de résistance au séisme a été renforcé (50% de plus que le Séisme Majoré de Sûreté utilisé avant pour le dimensionnement des installations). Cela concerne les matériels importants du Noyau Dur (comme par exemple les Diesels d’Ultime Secours) mais également la digue du canal Donzère Mondragon en amont du CNPE de Tricastin. Les travaux qui se termineront en 2022 permettront à cette digue de résister à ce niveau d’agression extrême. Le confortement de la « digue en gravier » proposé par EDF permet de garantir l’absence de brèche dans cet ouvrage selon l’expertise de l’IRSN. L’ASN considère que les mesures prises suite à l’inondation du CNPE du Blayais en 1999 et au retour
La réponse publié lors cette consultation en 2022.
Les dispositions proposées par EDF lors du 4ème réexamen périodique, au-delà de la 35ème année de fonctionnement du réacteur électronucléaire n°1 de l’Installation Nucléaire de Base INB n°87, situé sur le Centre Nucléaire de Production d’Électricité (CNPE) du Tricastin sur la commune de SaintPaul-Trois-Châteaux dans la Drôme sont soumises à une enquête publique. La CFE-CGC Énergies, seconde organisation syndicale représentative au sein des Industries Électriques et Gazières, participe depuis de nombreuses années, aux différents débats publics et consultations sur le secteur de l’énergie en France comme en Europe. Pour la CFE-CGC Énergies, et comme recommandé par l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), la prolongation des réacteurs nucléaires existants – sous condition de sûreté – doit être la priorité de toute politique énergétique qui marie exigence climatique, souveraineté énergétique, résilience face aux chocs énergétiques, impératif industriel et préservation des atouts économiques du pays. L’ASN a statué le 23 février 2021 sur les conditions de la poursuite de fonctionnement des réacteurs de 900 MWe d’EDF au-delà de leur quatrième réexamen périodique et considéré que « l’ensemble des dispositions prévues par EDF et celles qu’elle prescrit ouvrent la perspective d’une poursuite de fonctionnement de ces réacteurs pour les dix ans qui suivent leur quatrième réexamen périodique ». L’indépendance, la compétence et l’expérience de ses équipes, appuyées par l’expertise de l’IRSN, font de l’ASN un modèle d’autorité de sûreté en Europe et dans le monde. Son exigence traduite tant au niveau de la conception, de l’ingénierie que de l’exploitation a rendu possible le fonctionnement du premier parc nucléaire mondial pendant plus de 40 ans sans incident majeur. C’est aussi le résultat d’excellentes interactions entre l’exploitant EDF et l’Autorité de Sureté Nucléaire ; et contrairement à ce qu’ont avancé certaines campagnes menées par des adversaires idéologiques du nucléaire, l’ASN a souligné qu’en particulier, le CNPE de Tricastin exploite et effectue la maintenance de ses réacteurs en toute transparence. En ce qui concerne plus particulièrement le réacteur n°1 du Tricastin, l’ASN a fait savoir au directeur de la production nucléaire d’EDF (3 janvier 2022) que « considérant les éléments communiqués […], l’ASN retient que la tenue en service de la zone de cœur des réacteurs numéro 1 du Tricastin et numéro 2 du Bugey est démontrée pour la période de dix ans suivant leur quatrième visite décennale.» C’est le résultat d’un travail intense mené par EDF et ses équipes pour porter la sûreté des réacteurs 900 MWe français au plus près des exigences appliquées aux réacteurs les plus récents de 3ème génération et intégrer le retour d’expérience de l’accident de Fukushima. Ces modifications d’un caractère inédit par leur ampleur et qu’aucun autre pays n’a réalisées à ce niveau constituent un saut qualitatif considérable : bien qu’âgé de 40 ans, le réacteur N°1 de Tricastin avec l’ensemble des dispositions prises par EDF sera plus sûr qu’à sa mise en service et qu’à la sortie des précédents réexamens de sûreté. Les demandes de l’ASN prises en compte par EDF permettent une meilleure gestion des accidents avec ou sans fusion du cœur du réacteur, du combustible dans la piscine de désactivation et des agressions internes ou externes au site (séisme, tornade, nondation, …), le but final étant de protéger.
Je viens de prendre connaissance de votre tribune parue sur TELOS (Les trois défis de la relance du nucléaire) et partage largement les éléments de votre argumentation, leur articulation et la chute réaliste qui est la vôtre.
Avec vous je me réjouis de cette conversion, tellement tardive, tout comme, « en même temps», je m’inquiète, qu’elle charge démesurément un outil EDF durablement affaibli pour les raisons que vous décrivez trop bien…l’image des chevaliers caparaçonnés d’Azincourt m’est funestement venue à l’esprit.
Le baiser d’un preux ne suffira pas à revivifier une belle, décatie et décharnée, par plusieurs décennies de négligence, de mauvais traitements et surtout d’absence de perspectives, qui ont détourné des promos d’ingénieurs et de techniciens vers d’autres métiers (souvent hors du champ technique d’ailleurs).
Par ailleurs, en imaginant même que la mécanique se répare, se rode et recommence à produire en temps, en heure, mais aussi en qualité, ces réacteurs arriveront sur un champ déjà bien planté de mats éoliens (on et offshore) et couvert de panneaux PV.
Prioritaires pour l’accès au réseau (une forme de parade économique à leur intermittence physique…), ils contraindront les productions pilotables, dont le nouveau nucléaire créé à dessein, à une l’intermittence forcée, parfaitement incompatible avec la rentabilité des énormes investissements qu’il aura fallu consentir.
Mais le tableau est plus noir encore, si on considère l’impact (physique et économique) des flux transfrontaliers provoqué par les bouffées (en excès et en carences) des énormes parc éolien et solaires allemands, qui devraient se développer encore plus vite et plus fort que sur notre périmètre, surtout si on redimensionne nos interconnexions, comme le souhaite une Europe (sous influence teutonne…).
Si on considère maintenant la période pré-renouveau nucléaire, même à imaginer que le parc actuel de réacteurs recouvre ses performances d’antan une fois franchis les chausse-trapes de la mise à niveau réglementaire (+ EPR de Flamanville…on peut rêver), le déficit de production nationale demeurera considérable, surtout dans un contexte vert-vertueux, poussant à accroitre les usages de l’électricité.
Sauf à vouloir copier l’Italie électrique, le pays ne peut rester durablement à un niveau d’importations tel qu’il se profile, qui grève notre économie et accroit sa vulnérabilité, sans parler du risque physique pris au moment des pointes de consommation.
Dans un tel contexte, il faudrait sans tarder lancer un programme conséquent de CCgaz (en piétinant la PPE, geste qui en réjouirait beaucoup), nos terminaux gaziers permettant l’accueil de méthaniers plus nombreux, dans l’hypothèse crédible de pipes durablement fermés à l’Est (opportunité que ne possède pas l’Allemagne), mais il faudrait aussi développer les connexions et les stockages.
Mais c’est une charge financière considérable (nous payons ainsi 15 années électriquement chimériques !) encore faudra-t-il trouver les fournisseurs et les ensembliers, pas forcément dans le giron EDF d’ailleurs, ce qui pourrait faire (doublement) l’affaire de Total…fournisseur et exploitant.
Ingénieur retraité, ayant pleinement participé à l’aventure industrielle nucléaire, TELOS avait bien voulu publier ma réaction outrée à la mauvaise part qui était réservée (une fois de plus) à EDF pour parer à l’envolée des tarifs de l’électricité.
Appréciant grandement vos analyses, je vous remercie pour votre lecture de celle-ci, si vous l’avez poursuivie jusque-là.