Du relatif grand âge de nos réacteurs nucléaires
Du relatif grand âge de nos réacteurs nucléaires
Quelques données dont manquent les pourfendeurs de Fessenheim :
– la plus vieille centrale au monde est à la frontière allemande, à 50 km de Bâle : c’est Beznau, centrale suisse, sur l’Aar (5 km avant sa confluence avec le Rhin [1]). Elle a démarré, en juin 1969, 7 ans et 9 mois avant Fessenheim …
– plus de 80 réacteurs américains ont déjà obtenu leur autorisation de fonctionnement jusqu’à 60 ans ! Et l’administra-tion américaine, la National Regulatory Commission, examine la possibilité de porter cette durée de vie à 80 ans [2] !
– simultanément, notre Autorité de Sûreté Nucléaire, l’ASN, n’a cessé d’entraver le fonctionnement des réacteurs français (notamment Tricastin, mise à l’arrêt en septembre 2017 pour plusieurs semaines) …
– « en même temps« , l’intraitable ex-président de cette ASN, Pierre-Franck Chevet [3], a été dissuadé de pantoufler chez Elec-trabel (filiale de Suez et du gazier … Engie) pour s’occuper de la sûreté des réacteurs belges de Doel et Tihange, dont certains ne sont pas irréprochables (avec des fissures de cuve contemporaines de celles de Tricastin 1, mais sans suivi historique ; mais aussi des problèmes de béton …) : cf. « Canard enchaîné » du 12/12/2018.
– pourquoi les nordiques (qui jouissent d’une réputation de respect de « Dame Nature » supérieure à la nôtre) maintien-nent-ils tout ou partie de leur parcs nucléaires en service, en dépit de leurs Décisions de Sortie du Nucléaire (DSN) :
. Suède (DSN : 1980) avec Forsmark, Oskarshamn et Ringhals qui ont toutes trois démarré avant Fessenheim) [4]
. Pays-Bas (DSN : 1997) avec Borssele (qui a divergé ans avant Fessenheim) [5]
. Allemagne (DSN : 2002, 2010 et 2011) mais qui a encore 7 réacteurs (Broksdorf, Emsland, Ghronde, Gundrem-mingen, Isar, Neckarwestheim et Phillipsburg), démarrés entre 1984 et 1988 [6]. Le dernier devrait fermer en 2022.
. Belgique (DSN : 2002) : voir supra !
Quant à la Finlande, elle construit, laborieusement il est vrai, son 5ème réacteur, EPR, à Olkiluoto.
Seuls les Danois, dont l’éolien s’appuie sur les ressources des Norvégiens, et ces derniers (« pleins aux as » de leur hydrauli-que et … de leur pétrole sous-marin) se sont abstenus de tout nucléaire …
– Pourquoi Ukrainiens et Japonais maintiennent-ils des centrales en service, en dépit des catastrophes de Tchernobyl (1986) et Fukushima (2011) ??? Parce qu’ils n’ont guère d’autres ressources sur leur sol, comme nous !!!
Alors, ne doit-on pas s’interroger sur ces fausses sorties et ces atermoiements, sous quelque régime que ce soit ?
[1] Et tout près de Leibstadt, dont les 1300 MW, divergés en mars 1984, sont refroidis par le Rhin. A noter que, en 2014, « le Conseil National décide de prolonger l’exploitation des centrales nucléaires de Beznau à 60 ans maximum ; Gösgen et Leibstadt devront prouver leur bon état tous les 10 ans (sans limite) » selon http://sortirdunucleaire.ch/historique-du-nucleaire-en-suisse/
[2] https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-181149-duree-de-vie-dune-centrale-nucleaire-2166102.php
[3] Il n’a cependant pas pu accabler la centrale de Fessenheim, dont le seul tort est d’être la doyenne des centrales françaises.
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_nucl%C3%A9aire_civil_de_la_Su%C3%A8de
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_nucl%C3%A9aire_de_Borssele et https://lenergeek.com/2018/12/06/pays-bas-nucleaire/