Son discours introductif est particulièrement intéressant et précis. Il aborde en particulier les évolutions de sûreté, la durée de vie, les modifs post-Fukushima, le grand carénage, la protection des sites contre la malveillance, la protection des piscines, les opérations de Greenpeace.
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Monsieur le Président,
Madame la Rapporteur,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Merci de me donner l’opportunité de venir vous présenter tant nos convictions que la manière dont nous assurons la sûreté de notre parc nucléaire au quotidien et notamment dans la période que nous traversons.
Comme vous le savez, nous
avons aujourd’hui la responsabilité de l’exploitation du PREMIER Parc nucléaire dans le monde. Et comme le prescrit l’AIEA, le PREMIER responsable de la sûreté, c’est l’exploitant. Une sûreté normale étant une sûreté qui progresse en
permanence, NOTRE RESPONSABILITE est donc D’AMELIORER PERIODIQUEMENT LA SURETE de notre parc. Tout ceci bien sûr en toute transparence avec l’Autorité de Sûreté Nucléaire, qui in fine, en tant que « gendarme du nucléaire », agit en cohérence avec les pouvoirs que lui confère la loi.
Je vais tout d’abord aborder le sujet de la sûreté nucléaire, la sécurité nucléaire, au sens de la protection physique de nos installations, n’en étant qu’un des aspects. Progresser en matière de sûreté nucléaire, c’est progresser en matière de conception de nos centrales, en matière d’exploitation de nos centrales, en
matière de culture sûreté également …et cela doit se traduire par des résultats in fine !! Je vais revenir sur les différents points en question.
Tout d’abord la conception de nos centrales.
J’entends souvent parler de « durée de fonctionnement de nos réacteurs ». Il me semble important d’être clair sur ce point. La réglementation française n’impose pas de durée limite de fonctionnement de nos réacteurs contrairement par exemple à la réglementation américaine, mais en fait, …elle impose bien plus.
Elle impose le maintien en bonnes conditions de fonctionnement, tant pour les situations normales qu’accidentelles de tous les matériels, mais elle impose non
seulement de « maintenir le niveau de sûreté initiale » des réacteurs, mais
surtout de l’améliorer en permanence. Nous partageons côté EDF, cette nécessité d’améliorer en permanence le niveau de sûreté de conception et notamment à l’occasion des visites décennales. D’ailleurs, nous pratiquions cette
amélioration bien avant que la réglementation ne l’impose par la loi
Transparence et Sûreté Nucléaire de 2006.
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Nous avons la FORTE CONVICTION que nous devons améliorer en permanence le niveau de sûreté de nos réacteurs pour prendre en compte 3 aspects. Tout d’abord, le retour d’expérience des incidents et accidents dans le monde. Suite
à l’accident de Three Miles Island aux USA en 1979, nous avons pu constater que le début de fusion d’un cœur pouvait entraîner l’apparition d’hydrogène et avons mis en place des recombineurs à hydrogène dans tous nos réacteurs dès les
années 80‐90. Tchernobyl en 1986 nous a conduit ensuite à considérer qu’en cas de fusion de cœur et de situations extrêmes, il fallait pouvoir garantir la solidité des enceintes de nos réacteurs et donc potentiellement ouvrir les enceintes, mais sans rejet de produits radioactifs responsables d’une contamination long terme des territoires. Nous avons mis en place des filtres à sable sur nos
centrales dans les années 90, afin de retenir tous les produits radioactifs long terme. Disons‐le clairement, si ces équipements avaient été mis en place à Fukushima, vous n’auriez pas vu en direct les explosions d’hydrogène car les recombineurs les auraient empêchées et le peuple japonais n’aurait pas aujourd’hui, grâce aux filtres à sable, de zones contaminées qu’il faut encore nettoyer. Mais il est nécessaire aussi de prendre en compte l’amélioration des connaissances. Chacun peut comprendre que nous disposons aujourd’hui de possibilités de calcul dont nous ne disposions pas quand nos centrales ont été construites. Cela nous a conduit par exemple, dans le cadre des 3ème visites décennales du palier 900 MW à des renforcements pour faire face à des situations non modélisées au départ, tels que des phénomènes de torsion de sols
liés au séisme. Enfin, chacun peut le constater, le changement climatique
entraine des phénomènes, des agressions potentielles d’un autre niveau. C’est suite à la tempête quasi tropicale de 1999 et au début d’inondation d’une partie
de la centrale de Blayais que nous avons lancé un vaste plan « Inondations ». Et qui nous a conduit à des renforcements de nos sites vis‐à‐vis de ce type d’agression, tant pour les sites en bord de mer que pour les sites en bord de rivière. Contrairement à ce que j’entends ici ou la, OUI je vous l’AFFIRME, nous
avons pris en compte la conséquence potentielle de rupture de barrages, tels que celui de Vouglans.
Cette approche d’amélioration de la sûreté nous amène régulièrement à
revisiter de fait l’état initial de nos installations. Et c’est à ces occasions que nous pouvons mettre en évidence non comme je l’entends parfois, une non‐ conformité à l’origine, qui résulterait alors d’un problème apparu en exploitation, mais une non‐conformité à ce qui AURAIT DU ETRE fait à l’origine.
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En 2017, cela nous a conduit à déclarer deux évènements de niveau 2 sur l’échelle INES qui en compte 7, un premier relatif à l’ancrage de composants auxiliaires de diésels de secours, un second relatif au renforcement d’une petite
partie de la digue de Tricastin. Le montage des éléments des diésels et la petite partie de digue concernée étaient conformes à leur état de départ, mais ceux‐ci
ne respectaient pas les exigences des rapports de sûreté.
Concernant l’aspect « bonnes conditions de fonctionnement de nos matériels », il n’y a pas de difficultés relatives aux matériels qui peuvent et doivent être rénovés. Ces changements ou rénovations ont plutôt lieu autour de 30 années de fonctionnement. Nous avons ainsi remplacé 82% des Générateurs de Vapeur d’origine des réacteurs 900 MW, 92% des stators équipant les alternateurs d’origine, près de 70% des transformateurs de puissance du parc. Et nous travaillons aujourd’hui sur des équipements plus « classiques », tels que des tuyauteries. Seuls deux équipements ne sont pas remplaçables, la cuve des
réacteurs et l’enceinte de confinement des réacteurs. Concernant la cuve, nous en maîtrisons le vieillissement par irradiation de manière à ce qu’à 60 ans de fonctionnement, nos cuves n’aient pas subi d’irradiation supérieure à celle prévue au démarrage à 40 ans. Et contrairement à ce qu’indique faussement un livre récent, il n’y a pas de nouveaux défauts sur quelques cuves de notre parc, autres que ceux d’origine fabrication, mais dont l’analyse a montré qu’ils ne présentaient pas de risque et les contrôles décennaux qu’ils n’évoluent pas.
Concernant les enceintes de confinement, nous en suivons de près les potentielles évolutions en matière de taux d’étanchéité.
J’aborde maintenant le sujet Exploitation des réacteurs.
Une bonne exploitation repose sur des équipements en bon état, des hommes
et des femmes en nombre suffisant et formés, et des organisations permettant une mise en œuvre efficace de l’ensemble. Il est nécessaire de rappeler qu’à
l’aube des années 2010, nous allions entrer dans une période de fort challenge.
Tants sous l’aspect bon état des équipements, où nous devions rattraper des sous investissements datant du début des années 2000 qui nous avaient conduit à des difficultés sur des matériels avant tout côté non nucléaire, tels que des alternateurs ou transformateurs. Mais aussi sous l’aspect anticipation du renouvellement des compétences, entre 2007 et 2016, plus de 40% de nos
personnels est parti en retraite et nous devions les remplacer tout en continuant d’améliorer le niveau de sûreté.
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Enfin, nous devions préparer les 4èmes visites décennales de la fin des années 2010 avec un vrai challenge : faire en sorte que le niveau de sûreté de nos réacteurs se rapprochent autant que possible des réacteurs de 3ème génération.
Challenge qui s’est compliqué en 2011 quand nous avons pris en compte le
retour d’expérience de l’accident de Fukushima.
La naissance du Grand Carénage en 2010 avait pour objectif de faire face au besoin d’investissement devant nous, tant en matière de rénovation ou de remplacement d’équipements que d’amélioration du niveau de sûreté à l’occasion des 4ème visites décennales, renforcée par le retour d’expérience de Fukushima. Avec un objectif emblématique concernant les améliorations de sûreté : si l’hypothèse extrêmement faible d’un accident nucléaire ne peut être
écartée, on peut écarter et garantir encore plus solidement que nous n’aurons jamais de contamination long terme des territoires. En effet c’est la potentielle contamination long terme des territoires qui peut conduire au rejet du nucléaire,
ce que personnellement je comprends, et qui fait aussi les coûts exorbitants d’accidents tels que Tchernobyl et Fukushima.
Cet effort d’investissement et donc de travaux supplémentaires s’est mis en
place dans le contexte de renouvellement de compétences du début des années 2010. En effet, au‐delà de l’investissement, la sûreté en exploitation c’est aussi et je dirais même d’abord des compétences humaines et collectives dans les
équipes de travail. Où le facteur socio‐organisationnel et humain est clé. De là, dans la MEME période, un effort de formation sans précédent depuis le début du parc : la création d’académies des métiers pour « apprendre la sûreté, ce qu’elle est et d’où elle vient ». Mais aussi, tout en maintenant nos exigences en matière de formation des opérateurs de centrale, avec plus de 3 semaines de formation de type pilote d’avion, où ils doivent faire face à des situations accidentelles sur simulateur, dont chaque site est équipé, nous avons menés des efforts supplémentaires, avec la création de chantiers école et de chantiers maquettes, où les prestataires sont invités à venirse former. Juste un chiffre : un
salarié d’EDF travaillant dans le nucléaire consacre en moyenne, chaque année, 10% de son temps à se former.
Il s’est également mis en place dans le contexte post Fukushima, où nous avons renforcé la formation aux situations accidentelles pour tous les personnels mobilisés lors de crises, et nous avons créé la Force d’Action Rapide Nucléaire, la FARN : 300 équipiers formés et entrainés, capables d’intervenir pour
permettre de retrouver électricité et eau en moins de 24h, sur toute centrale.
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Nous ne connaissons pas d’équivalent dans le monde par la taille de cette force dédiée et le professionnalisme des acteurs.
Le Grand Carénage lui‐même s’est traduit par des investissements plus
importants. De l’ordre de 1 Milliards d’Euros par an en sus des 3 Milliards d’euros nécessaires à l’entretien correct d’une flotte telle que la nôtre, comme le montre le benchmark international.
Aujourd’hui ces financements sont faits et sont dans les chroniques budgétaires d’EDF pour les années à venir, pour un total de l’ordre de 4 Milliards d’euros par an environ.
J’entends parfois des questionnements sur « qui paie » ? C’est tout simplement
la commercialisation des MWh produits par le parc nucléaire existant. En effet, même en intégrant ces investissements, l’exploitation du parc permet d’obtenir des coûts restant à engager de l’ordre de 32 euros/MWh, soit moins que le prix
de marché et de très loin inférieur à tout coût de moyen neuf, quel qu’il soit qui viendrait s’y substituer.
Bien évidemment, ce coût ne constitue pas un prix, dans la mesure où il est normal d’attendre une rentabilité de tels actifs, mais encore une fois, c’est de
très loin inférieur à tout équipement neuf. Comme dans toute industrie dont le volume de marché progresse pas ou peu, il est d’ailleurs tout à fait habituel que la poursuite de l’exploitation des actifs existants soit le meilleur investissement.
Le Grand Carénage est le programme industriel d’EDF qui présente, aujourd’hui, le meilleur taux de retour sur investissement.
Actuellement, nous menons des investissements beaucoup plus importants que n’importe quel exploitant mondial en matière de retour d’expérience de l’accident de Fukushima.
La plupart d’entre eux se sont arrêtés à la mise en place de structures et
d’équipements proches de notre Force d’Action Rapide Nucléaire. Nous allons beaucoup plus loin, en renforçant par des équipements en dur. En retour d’expérience de Fukushima, nous investissons de l’ordre de 200 MEuros par
réacteur, contre environ 20 Meuros par réacteur chez beaucoup d’exploitants que nous connaissons.
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De telles approches, que nous avons menées par le passé, que ce soient les
recombineurs à hydrogène, les filtres à sable, mais aussi les moyens de détection et de prévention de ruptures de tubes de générateurs de vapeur, ont fait notre réputation en matière d’exploitation à l’international. Et nous conduisent à la présidence de l’association mondiale des exploitants nucléaires, à être sollicités dans nombre de pays, car parmi les 4 parcs mondiaux importants seul le parc français existant composé de nos 58 réacteurs n’a eu ni accident grave, ni même incident grave.
Je pense que la France peut être légitimement fière que son nucléaire soit ainsi reconnu. Pour autant, en tant qu’exploitant, cela doit surtout nous conduire à TOUJOURS plus de responsabilité et d’humilité. Sûreté rime avec humilité.
Je souhaite maintenant dire quelques mots sur les progrès en matière de culture sûreté.
Une bonne culture sûreté c’est avant tout des attitudes interrogatives et
prudentes de notre personnel et de nos partenaires industriels.
Nous y avon largement travaillé dans les années précédentes via des formations ad’hoc notamment. C’est aussi la culture de la transparence. Et de la responsabilité.
EDF a poussé l’AREVA de l’époque à aller jusqu’au bout de l’analyse des affaires Creusot tant celle, technique, du sujet ségrégation carbone, que celle, plus managériale de l’affaire des dossiers de fabrication non conformes aux standards de nos industries. C’est nous qui avons décidé l’an passé d’arrêter nos réacteurs malgré l’hiver afin de faire contrôler la teneur en carbone des fonds de
générateurs de vapeur. Décision reprise ensuite dans une prescription de l’ASN.
C’est nous qui avons fait pousser l’audit jusqu’au bout concernant les dossiers de fabrication de l’usine du Creusot quelles qu’en soient les conséquences.
Pour nous, pas question d’avoir le moindre doute quant à la qualité des matériels qu’on exploite.
Aujourd’hui, après plus que ¾ des dossiers aient été relus, nous sommes
confiants sur l’issue de ces analyses.
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Je souhaite terminer ce chapitre sur la sûreté par les résultats.
En ne me limitant pas à l’écume des jours, mais en regardant dans la durée, sur les 10 dernières années, années de fort challenge, tant sous l’angle technique que sous l’angle renouvellement des compétences.
Clairement, dans une période si challengeante, nous avons donné la priorité à la sûreté, à la radio protection et à la sécurité des travailleurs. Quitte à être moins
performant en matière de production, mais pour nous, la priorité est claire. En matière de sûreté, nous avons progressé. Le nombre d’arrêt automatique réacteurs, l’indicateur sûreté international car significatif de sollicitation ultime de la protection réacteur a été réduit, passant de 53 à 22, soit une réduction d’un facteur 2,5. L’indisponibilité fortuite, le taux de panne en quelque sorte a été réduit en passant de plus de 5% en 2010 à 2 en 2106, là aussi une amélioration d’un facteur 2,5. Dans le même temps, alors que les critères de déclaration
d’évènements significatifs se durcissaient, le nombre d’évènements de niveau 1 sur l’échelle INES n’a pas augmenté, restant autour de 1 par réacteur et par an.
Il n’y a pas, contrairement la aussi à ce que j’entends parfois, de « multiplication d’incidents ». Côté radioprotection des travailleurs la dose collective prise par
l’ensemble des travailleurs EDF et prestataires a été stabilisée malgré une augmentation des travaux, tandis que les doses individuelles maximales
diminuaient drastiquement. Pour une dose limite réglementaire annuelle de 20 mSV, non seulement aucun personnel, EDF ou prestataire, ne dépasse cette dose, mais plus personne n’a une dose supérieure à 14 mSv contre encore 20 travailleurs qui dépassaient 16 mSv en 2007. Enfin côté sécurité, le Taux de
Fréquence des accidents du travail prestataires inclus est passé de 4,6 à 2,2 en 10 ans, là encore une amélioration d’un facteur 2. Par ailleurs, les inspections
internationales de l’AIEA en matière de sûreté, appelées OSART, ont confirmé nos progrès notamment quant à l’état de nos installations.
Cela ne signifie pas que nous n’avons pas de marges de progrès. Nous
considérons que nous avons encore trop de non qualités, de travaux non faits de manière adéquate du premier coup. Et nous devons poursuivre et amplifier tout le travail sur les revues de conformité. Mais les marges de progrès ne doivent pas masquer les résultats obtenus.
Notre conviction est cependant celle dont je vous ai fait part dès le départ. La seule sûreté qui vaille est une sûreté qui progresse en permanence. Et vous pouvez légitimement compter sur nos 30 000 salariés et les 20 000 prestataires pour y veiller ; au quotidien.
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Je me propose d’aborder maintenant la manière dont, en tant qu’Opérateur, nous prenons en compte la protection physique de nos centrales nucléaires, appelé aussi la « sécurité » des centrales, terme que j’utiliserai par la suite.
Tout d’abord, je tiens à souligner que l’objectif des mesures mises en place est notamment d’éviter tout accident grave, acte qui pourrait entrainer des
relâchements importants de radioactivité dans l’environnement.
En ce sens, les mesures que nous prenons en matière de sécurité ont bien notamment comme objectif de garantir la sûreté nucléaire de nos installations.
Les deux sujets sont liés : les agressions au titre de la sécurité étant un type d’agression qui s’ajoutent à des agressions potentielles tels que le séisme, les inondations ou d’autres encore.
Par contre, de par leur nature, les agressions au titre de la sécurité relèvent, par la loi, du Code de la Défense.
Sans entrer dans le détail des éléments relevant de la protection du secret de la Défense nationale, je voudrais vous décrire aussi précisément que possible les
mesures que nous prenons pour faire face aux enjeux de la sécurité nucléaire sur nos sites.
La démarche de sécurité s’apparente dans sa méthodologie à la démarche de sûreté :
Dans un premier temps, les objectifs de sécurité à assurer sont définis de
par la loi.
Les agressions à prendre en compte sont notamment décrites dans une
Directive de l’Etat, dont la dernière édition date de 2009.
Celle‐ci définit une menace comme étant tout évènement physique,
phénomène ou activité humaine potentiellement préjudiciable,
susceptible de provoquer des décès ou des lésions corporelles, des dégâts
matériels ou immatériels, des perturbations sociales ou économiques ou une détérioration de l’environnement.
Dans le cadre de la démarche de sécurité de notre secteur d’activité, les
menaces seront réputées avoir un caractère malveillant ou être de nature terroriste.
Les menaces peuvent se présenter sous deux formes, soit sous la forme
d’une menace externe, typiquement une intrusion, soit sous la forme
d’une menace interne, typiquement des salariés EDF ou prestataires qui
commettraient, depuis l’intérieur du site, des actes de malveillance.
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En matière de sécurité, nous visons à garantir la sûreté nucléaire. L’objectif
à respecter est d’éviter, quelle que soit la menace, tout accident grave
conduisant à des rejets de radioactivité importants dans l’environnement.
Dans un second temps, l’opérateur, donc EDF, établit périodiquement,
pour ses activités, un Plan de Sécurité. Le premier Plan sécurité a été validé
par l’Etat en 2012 et le dernier daté de 2017 est en cours de validation
par les services de l’Etat.
Chaque centrale de production a réalisé un Plan de Protection diffusé aux autorités préfectorales en 2012, et dans lequel sont définies les mesures
mises en place pour faire face aux menaces, telle que la mise en place de
zones de sécurité, d’organisations de crise,… Aujourd’hui chaque centrale
dispose de tels plans. Par ailleurs des démonstrations de sécurité sont
établies, montrant qu’avec les mesures mises en place dans les Plans, les objectifs de sécurité sont bien atteints.
Des exercices réalisés à plusieurs niveaux (interne avec les autorités
locales, ou national) permettent de vérifier la bonne adéquation des plans et des tactiques d’intervention.
Dans un dernier temps, l’autorité de contrôle en la matière, à savoir le
Haut Fonctionnaire à la Défense et la Sécurité (HFDS) du Ministère de la
Transition Ecologique et Solidaire, s’assure avec l’appui de l’IRSN, que les
démonstrations effectuées sont solides et vérifient ensuite régulièrement via des inspections sur sites, que les dispositions décrites dans les plans sont bien en place et effectives. Au total, 24 ont eu lieu en 2017 et autant sont prévues en 2018.
Au‐delà de cette approche sécurité telle qu’encadrée par la loi, il est nécessaire de souligner, en prenant plus de champ, que si la définition des mesures à prendre pour faire face aux menaces et leur implémentation relèvent bien de l’opérateur, les mesures de PREVENTION pour éviter, dans toute la mesure du possible, que ces menaces prennent corps relèvent elles de l’Etat.
Il en est ainsi de la prévention du terrorisme, du renseignement, de l’interdiction de survol des sites sensibles tels que nos centrales, de la surveillance rapprochée des sites, toutes actions relevant de l’Etat. La sécurité des centrales est en
quelque sorte une co‐production Opérateur Etat.
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Un autre élément clé relève du domaine législatif : il s’agit de la caractérisation légale d’une intrusion dans nos centrales et des peines pénales encourues par les contrevenants. Avant la loi du 2/06/2015, dite Loi de Ganay, les peines
encourues pour de tels faits étaient inférieures de fait à celles encourues en cas de cambriolage chez tout citoyen, ce qui ne peut que paraître choquant au vu de la gravité de tels actes.
On ne peut que se féliciter du fait que la représentation nationale se soit
emparée de ce sujet avec la loi du 2/06/2015 relative au renforcement de la protection des installations civiles abritant des matières nucléaires, adoptée via un large consensus à l’Assemblée nationale comme au Sénat.
Cette loi, a vocation, comme l’indiquait le gouvernement lors de son adoption, à mettre fin « à la confusion » entre le droit à manifestation (légitime) et la
violation de procédures de protection anti‐terroristes (irresponsable).
La loi a été complétée en octobre 2015 par un décret qui définit, pour chaque
centrale nucléaire, une zone dite « zone nucléaire à accès réglementé », zone délimitée par un arrêté du ministre en charge de l’énergie (le MTES aujourd’hui), et dont la protection est assurée par un dispositif pénal spécifique et
proportionnée à la gravité de l’acte.
Tous les arrêtés ont été pris pour toutes les centrales, et les zones nucléaires à accès réglementé sont dorénavant délimitées physiquement via une clôture portant des pancartes ad’hoc.
Dans une approche avant tout dissuasive, l’esprit de ces dispositions est de renforcer les interdictions d’accès aux installations nucléaires de base. C’est une totale complémentarité avec le programme de sécurisation que nous
développons. A la suite des intrusions de 2017, deux audiences judiciaires sont programmées et nous attendons les résultats.
Celle du Tribunal correctionnel de Thionville, du 27 février dernier, concernant l’intrusion de Cattenom, a condamné 6 militants ainsi que Yannick Rousselet à 5 mois d’emprisonnement avec sursis, 2 militants à 2 mois d’emprisonnement
ferme et la personne morale GREENPEACE à 20.000 euros d’amende.
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Par ailleurs, le tribunal a reçu la constitution de partie civile d’EDF, et nomme un expert sur l’évaluation du préjudice économique puis condamne les prévenus à verser in solidum une provision à hauteur de 20 000 euros ainsi que 50 000 euros au titre du préjudice moral. Greenpeace ainsi que les militants condamnés ont
interjeté appel de la décision.
En matière de réponse à menace externe, plusieurs modèles existent dans le monde. Ils sont tous conçus autour de 3 axes : détection des intrus, retardement des intrus, et interception des intrus.
Concernant les zones, ils sont globalement tous organisés autour de 3 zones concentriques, en forme de poupées gigognes :
‐ en première barrière, la ZAC, ou Zone à Accès Contrôlé, qui délimite la
zone de propriété de la centrale,
‐ à l’intérieur, la ZPR, ou Zone à Protection Renforcée qui délimite les
bâtiments industriels,
‐ et enfin à l’intérieur de celle‐ci, la ZV, ou Zone Vitale, où sont situés les
équipements qui, détruits, pourraient entrainer, dans certaines
circonstances, des accidents graves. C’est dans cette zone que se situe
l’ilot nucléaire.
Sur nos centrales, la Zone Nucléaire à Accès Réglementé (ZNAR) a été fixée après le décret, au niveau de la ZAC, la première barrière.
Les 3 modèles principaux sont les suivants :
‐ Le modèle dit « bunker », qui privilégie fortement le retardement, via la bunkerisation de l’ilot nucléaire, par l’interposition d’une barrière à haute résistance (murs, portes, ..). C’est le modèle retenu sur les centrales allemandes. Par contre, la détection et l’interception sont peu
développées, l’intervention des forces régaliennes se faisant par exemple
sous 30 minutes.
‐ Le modèle dit « château fort », qui privilégie fortement l’interception,
généralement au niveau de la ZPR. C’est le modèle retenu en Russie ou en
Chine, ainsi qu’aux USA, où tout endroit de la ZPR est sous le feu immédiat de deux miradors. Aux USA, il y a également un retardement sur les clôtures et les portes de l’ilot nucléaire ainsi qu’un complément de force armée dans l’ilot nucléaire.
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Un tel modèle n’est pas sans porter le risque de blessures ou pire de
personnes qui n’auraient aucune intention de nuire.
‐ Le modèle dit de « protection active » basé sur un concept de défense en
profondeur, qui privilégie fortement la détection, associé à un
retardement réparti sur la ZPR et la ZV, et qui permet la projection rapide
d’une force armée locale au bon endroit et au bon moment, en
interposition pour éviter une entrée dans la ZV.
Ces forces se concentrent sur les cibles potentielles importantes pour la sûreté, dans les délais compatibles avec les démonstrations de sécurité.
C’est le modèle retenu en France, mais aussi dans nombre de pays
européens.
Plus spécifiquement à EDF, la force armée locale retenue est la Gendarmerie, sous la forme de Pelotons Spécialisés de Protection de la Gendarmerie (PSPG).
Chez d’autres exploitants français, il s’agit de Forces Locale de Sécurité (FLS), équipes internes à l’exploitant spécialisées en la matière.
L’organisation globale s’appuie donc :
‐ d’une part sur des équipes EDF chargées de surveiller, détecter, retarder via les mesures de conception et donc protéger l’ilot nucléaire,
‐ et d’autre part, sur les PSPG chargés d’intercepter et d’empêcher
l’endommagement des cibles potentielles à l’intérieur des zones vitales.
Il est important de comprendre que les démonstrations de sécurité
conduisent, en cas de détection d’une intrusion, au positionnement du
PSPG pour empêcher la destruction des cibles potentielles à l’intérieur des
zones vitales. Il s’agit en même temps de neutraliser ou fixer la menace.
En cas d’intrusion autre que terroriste, le rôle des PSPG est de restreindre la capacité de mouvement sur le site.
Par ailleurs, les interventions sont coordonnées avec les unités de
gendarmerie du département. Les PSPG sont le dernier maillon interne de la réponse de l’opérateur et le premier maillon de l’Etat. En cas d’action malveillante visant un site, le PSPG concerné est placé sous le contrôle opérationnel du GIGN qui peut intervenir si nécessaire.
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Comme pour la sûreté des centrales nucléaires, les grands principes en matière de sécurité nucléaire sont définis par l’AIEA, l’Agence Internationale de l’Energie
Atomique. L’AIEA réalise des inspections dans les différents pays. Après la Grande‐Bretagne, le second pays à avoir été retenu pour une telle inspection sécuritaire a été la France et le premier exploitant français retenu a été EDF.
Cette inspection, appelée IPPAS pour International Physical Protections Advisory Service a eu lieu en 2011. Ces inspections internationales partagées portent à la
fois sur les dispositifs mis en place par les Etats et sur leur mise en œuvre sur les sites. Le site de Gravelines avait été visité en 2011.
Ayant participé directement à cette inspection, je me rappelle parfaitement du satisfecit global exprimé par l’AIEA. Bien entendu, ce type d’inspection donne lieu à quelques recommandations et suggestions, que nous avons prises en
compte. Une réunion de suivi a eu lieu en septembre 2017. Une mission, pilotée par le MTES, est en cours cette semaine, avec un autre opérateur.
Ces recommandations ont conforté le modèle sécuritaire d’EDF et permettent, dans le cadre de leur prise en compte, de renforcer des aspects qui le nécessitent.
Comme pour la sûreté, la sécurité de nos centrales s’appuie sur :
‐ Des moyens humains, constitués des équipes de protection de site EDF,
en charge d’assurer la maitrise d’ouvrage et notamment de surveiller et détecter.
o Ces équipes EDF sont renforcées par des équipes d’entreprises
prestataires en charge principalement du gardiennage et de
l’accueil,
o Plus de 1000 gendarmes sont alloués à la sécurité des sites, ces
gendarmes sont spécialisés dans le contre‐terrorisme et sont formés et entraînés par le GIGN.
o Au total, EDF dépense plus de 250 millions d’euros annuellement,
ce qui couvre notamment les rémunérations et matériels des 1000
gendarmes qui ne coûtent donc pas un euro au contribuable.
‐ De l’organisation : pour progresser, comme en sûreté, chaque centrale
procède à une revue annuelle de son dispositif de sécurité, challengée par
la Direction du Parc Nucléaire.
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Chaque centrale procède également à des exercices et entraînements
réguliers avec son PSPG et les forces de gendarmerie locales.
Par ailleurs, l’Etat organise chaque année un exercice EPEES (Exercices de Protection et d’Evaluation de la Sécurité) pour les opérateurs nucléaires faisant intervenir le GIGN et les forces armées. Le dernier exercice EPEES s’est tenu en novembre 2017 à Penly.
Chaque évènement en matière de sécurité, doit comme pour la sûreté,
être déclaré auprès du HFDS et faire l’objet d’un retour d’expérience de la
part de la centrale.
Enfin des inspections sont régulièrement menées par le HFDS et ses équipes, et ces inspections font l’objet de lettres de suite, équivalentes
aux lettres de suite de l’ASN dans le domaine de la sûreté.
Les résultats en matière de sécurité sont suivis de très près par le HFDS comme par l’opérateur. Sur le plan qualitatif, il a été noté une nette amélioration de la
culture sécurité sur les dix dernières années et les entrainements réguliers
permettent de développer de bonnes complémentarités entres les équipes de protection de site EDF et les PSPG. Sur le plan plus quantitatif, les exercices réalisés en 2016 sont, en matière d’objectifs de sécurité, deux fois mieux réussis que les exercices réalisés en 2013.
Surtout aucune intrusion réelle n’a JAMAIS permis aux personnes qui les ont menées de pénétrer à l’intérieur d’une zone vitale.
De ce point de vue, les intrusions de Greenpeace n’ont jamais pris en défaut nos démonstrations de sécurité.
Aucune n’a pénétré à l’intérieur d’une zone vitale. Les conditions d’interception de Greenpeace sont conformes à la logique de protection de site qui priorise la garantie de l’intégrité des cibles, tout en restreignant la capacité de mouvement à l’intérieur du site. Les intrusions de GP ne démontrent donc rien. En revanche, elles perturbent les conditions d’exercice de leur mission par les PSPG qui ne sont pas là pour faire du maintien de l’ordre face à des manifestants. Imposer cette confusion des genres est irresponsable, comme l’est le fait de communiquer en
désignant de soi‐disant points de fragilité de la protection des centrales, ce qui est évidemment faux comme je viens de vous l’expliquer et comme l’a rappelé avec force le Gouvernement.
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Néanmoins, de telles actions et affirmations spectaculaires et médiatisées sont susceptibles de crédibiliser dans l’esprit de personnes malveillantes l’idée que les centrales seraient des cibles faciles. De tels messages sont particulièrement irresponsables en ce moment.
Enfin, il y a lieu de souligner que la directive de 2009 et la réglementation
complémentaire de 2011 ont conduit EDF à engager un programme de
renforcement en matière de conception.
Parmi les principales mesures, figurent des mesures de renforcement des ZAC et ZPR, tant en matière de détection dès la ZAC qu’en matière de renforcement de la ZPR. Mais aussi des mesures en matière de dispositifs de détection d’explosifs et de contrôle d’accès biométriques.
La mise en œuvre de ce plan de 750 MEuros au total est en cours de
déploiement, plus de 150 MEuros ont déjà été investis.
Concernant la menace externe, je souhaiterais terminer mes propos par un petit zoom sur le sujet Piscine du Bâtiment Combustible, là où sont entreposés nos assemblages usés avant évacuation à La Hague.
La fonction de sûreté à garantir pour ces assemblages est très simple : assurer le refroidissement des assemblages dans la mesure où ils émettent toujours un peu
de puissance résiduelle et, en tout état de cause, éviter tout découvrement des assemblages usés.
Même si je ne connais aucun cas dans le monde d’incidents ou d’accidents graves de découvrement d’assemblage, un tel phénomène ayant été certes suspecté à
Fukushima, mais ne s’est de fait pas produit, j’ai bien noté que Greenpeace et d’autres pointaient régulièrement ce sujet.
Il est nécessaire de souligner que les assemblages de combustible sont déposés dans des racks spéciaux au fond des piscines, sous 7 à 8 mètres d’eau.
En conséquence, comme vous pouvez le constater sur le schéma, non à l’échelle, qui vous a été remis, les éléments clés pour assurer le refroidissement des assemblages ne sont donc pas les parties au‐dessus de la piscine, comme les murs du bâtiment au‐dessus de la piscine, ou la toiture, mais bien :
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‐ L’épaisseur des parois de la piscine proprement dite, c’est‐à‐dire de la
partie chargée de retenir l’eau. Ces parois sont en béton, d’une épaisseur
cumulée supérieure à celle des bâtiments réacteur. Des tests, que je ne détaillerai pas, ont montré l’absence de risque de conséquences en matière de sûreté, même face à des armes modernes telles que celles dont
pourraient disposer des terroristes particulièrement armés.
Les personnes qui évoquent devant la représentation nationale (le 8
novembre devant la CDD) des murs de « 30 cm d’épaisseur » ne parlent
pas des parois chargées de retenir l’eau des piscines.
‐ Les dispositions prises pour s’assurer de disposer en permanence d’une
fonction de refroidissement. Celle‐ci est aujourd’hui assurée par deux
circuits indépendants, mais au titre du renforcement, nous étudions des
moyens complémentaires.
Je voudrais, par ailleurs, terminer ce propos introductif par quelques mots sur la menace dite interne, celle qui pourrait être amenée par du personnel EDF ou prestataire mal intentionné.
Dans un contexte de montée de radicalisation que l’on constate également chez certains de nos personnels, il est fondamental de disposer de moyens de prévention et de détection efficaces.
Le processus d’accès sur nos sites est aujourd’hui en renforcement.
Nous passons d’enquêtes administratives avant toute délivrance de badge d’accès faites par les préfectures des départements où sont implantées nos centrales, à un dispositif d’enquêtes préalables recentrée sur un dispositif unique, le COSSEN (Commandement Spécialisé pour la Sécurité Nucléaire).
La périodicité des enquêtes est, de plus, en train d’être renforcée pour notre propre personnel, passant de 3 à un an.
Par ailleurs, nous avons formé notre personnel à une démarche de sécurité et, dans ce cadre, à nous signaler tout indice révélant un écart potentiel en matière de sécurité y compris une quelconque radicalisation.
Au titre de premier responsable de la sûreté, la sécurité est un élément
déterminant pour nous.
Je vous remercie de votre attention et nous sommes disposés à répondre à
toutes vos questions.