Le 21 octobre 2021
Le nouveau scénario Négawatt – premières observations
Au vu de l’article publié par Enerpress
La consommation
La consommation par l’industrie :
On lit : « dans l’industrie la demande d’énergie passe de 370 TWh en 2015 à 192 TWh grâce à la relocalisation des filières compatibles avec la transition énergétique, les autres étant réorientées ». Cette phrase est incompréhensible.
La SNBC, qui s’appuie sur le scénario Négawatt suppose quant à elle que la consommation de l’industrie sera en 2050 de 270 TWh.
Grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique, la réindustrialisation du pays ne fera peut-être pas augmenter la consommation d’énergie. Mais il faut aussi prévoir une consommation d’hydrogène produit à partir d’électricité. Au total, il est prudent de prévoir que la consommation d’énergie serait de 410 TWh, soit plus du double de ce que dit Négawatt.
La consommation d’énergie pour se chauffer
Nous sommes d’accord pour constater qu’il faudra dépenser plus qu’aujourd’hui pour consommer et économiser l’énergie de chauffage. Mais le programme de Négawatt conduirait à dépenser 15 à 20 milliards d’euros par an de plus que ce qui serait suffisant pour ramener à zéro les émissions de CO2 du chauffage. Cela diminuerait d’autant la part du pouvoir d’achat qui n’est pas utilisée pour la consommation et les économies d’énergie. Contrairement à ce que dit Négawatt, cela ne créera pas d’emplois car l’argent utilisé pour payer des travaux excessivement coûteux aurait pu financer d’autres activités elles-mêmes créatrices d’emploi.
Par ailleurs Négawatt suppose que l’on ne construise pratiquement plus de maisons individuelles, ce qui ne répond pas aux désirs des Français.
Négawatt suppose que tous les bâtiments seront rendus aussi bien isolés que les bâtiments neufs. Ce n’est pas de la sobriété, c’est du gaspillage. En effet, si l’on compte le total des dépenses d’énergie et d’économie d’énergie, il serait possible de réduire à zéro les émissions CO2 en dépensant beaucoup moins. Si les logements mal isolés sont mis, non pas en classe A ou B du DPE (diagnostic de performance énergétique) comme le veut Négawatt, mais en classe D, et s’ils sont équipés de pompes à chaleur ou raccordés à un réseau de chaleur, le chauffage n’émettra pas de CO2 et les dépenses d’énergie et de travaux d’isolation thermique seront au total inférieures de 15 à 20 milliards d’euros à ce qu’il faudrait dépenser selon Négawatt : 8 milliards de plus de dépenses d’électricité et 25 à 30 milliards d’euros de moins en travaux d’isolation.
Négawatt dit que l’isolation des bâtiments créera de l’emploi. Certes mais l’argent que l’Etat et les ménages mettront dans ces travaux ne sera pas disponible pour d’autres dépenses qui créeraient elles aussi de l’emploi. Donc l’argument de création d’emploi est mensonger.
Le pouvoir d’achat des ménages n’aura peut-être pas été diminué par ces travaux d’isolation poussés à l’extrême mais la part du pouvoir d’achat disponible pour autre chose que la consommation ou l’économie d’énergie aura été réduite bien au-delà de que serait suffisant pour réduire à zéro les émissions de CO2.
Le transport
L’article d’Enerpress ne dit rien de la consommation d’énergie pour le transport. Selon la SNBC, les distances parcourues sur route par les véhicules légers diminueraient alors que la population aura augmenté.
Sur la production d’énergie
Si la demande totale d’énergie est de 1060 TWh, sur le papier et avec un tableur excel il n’est pas difficile d’imaginer un parc de production qui y répondre sans nucléaire. Il suffit de mettre la quantité nécessaire d’éoliennes et de photovoltaïque.
Pour ne pas occuper trop de terrains, Négawatt met la plus grande partie du photovoltaïque sur les toitures et suppose une forte capacité éolienne en mer notamment flottante. Comme personne ne peut prévoir assurément l’évolution des coûts, il est facile de faire des hypothèses.
Mais il est sûr que la gestion d’un réseau électrique sans les machines de production tournantes (les groupes turbo-générateurs) sera très compliquée et nul ne peut affirmer aujourd’hui qu’elle serait possible.
Malgré les hypothèses invraisemblables faites sur la consommation, Négawatt ne parvient pas à éviter toute consommation à partir de gaz fossile, émettant 52 MtCO2/an. Négawatt dit qu’elles seraient compensées par le stockage dans des « puits naturels ». S’il s’agit de forêt, il ne faut pas oublier que ce stockage ne peut pas croître sans fin car les arbres poussent, certes, puis meurent et pourrissent.